Le libéralisme officiel affirme que la morale – comme la religion – est une affaire strictement privée (chacun étant donc libre de vivre « comme il l’entend », sous la seule condition qu’il « ne nuise pas à autrui »). Dans cette optique, chaque individu peut donc parfaitement, à titre personnel, préférer la loyauté et la générosité ou, à l’inverse, le cynisme et la trahison.
Cela ne change rien au fait que les différentes décisions politiques d’un État libéral (ou des institutions internationales correspondantes) ne doivent jamais se fonder sur une « idéologie » particulière (qu’elle soit morale, philosophique ou religieuse). Elles sont censées, au contraire, s’appuyer sur les seules analyses objectives élaborées par des « experts » supposés « neutres » et « indépendants » (au premier rang desquels figureront, naturellement, les économistes et les « techniciens » du droit).
Une politique libérale d’austérité, par exemple, ne sera jamais imposée au peuple comme un châtiment divin, comme la chance d’une vie plus « vertueuse » ou même comme la manifestation logique du droit du plus fort. Elle sera toujours présentée, au contraire, comme l’unique solution « réaliste » et « scientifique » (there is no other alternative) qu’appelle un problème économique précis – qu’il s’agisse de celui de la « dette » ou de celui de la sortie de l’euro.
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