Monsieur le Président de la République,
Notre pays connaît, depuis maintenant plusieurs années, une crise profonde, qui ne cesse de s’approfondir. Les derniers chiffres, désastreux, publiés par l’INSEE le confirment. Avec une croissance à 0% pour les 6 premiers mois de l’année, la situation est objectivement grave. Cette crise ne disparaîtra pas tant que l’on n’aura pris les mesures nécessaires en ce sens. Ces chiffres apportent un démenti aux diverses déclarations et proclamations que vos gouvernements, et vous même, avaient fait depuis mai 2012. Il n’y a nulle inversion de la courbe du chômage et vous passerez pour l’Histoire comme le Hoover français, attendant la croissance à chaque carrefour.
Il faut reconnaître la vérité. La France est aujourd’hui au bord de la déflation, et cette dernière entraînera une récession encore plus profonde, avec plus de chômage et plus de misère pour la population. Cette crise a aussi des conséquences politiques importantes. Elle va limiter de plus en plus vos marges de manœuvres politiques. Au-delà, l’impopularité qui vous frappe, et qui n’est pas imméritée, met en cause votre légitimité et votre capacité à exercer la fonction présidentielle.
Le résultat d’erreurs tant stratégiques que tactiques
Cette crise est en partie le produit d’erreurs qui ont été commises tant par le gouvernement de François Fillon, que par celui de Jean-Marc Ayrault, et désormais de Manuel Valls. Il y eut tout d’abord une erreur stratégique, qui fut de croire que l’on pouvait réduire les déficits avec une faible croissance et une inflation déclinante. Seule, la combinaison d’une croissance ET de l’inflation permet cela. Vous le savez (ou devriez le savoir). La dette ne se réduit que quand le déficit (exprimé en pourcentage du PIB nominal) est inférieur à la hausse de ce même PIB nominal.
De même, une forte hausse de la croissance nominale entraîne mécaniquement la hausse des recettes fiscales, ce qui permet de réduire le déficit budgétaire. Regardez les chiffres : le déficit s’établira, au minimum, à 4% du PIB pour 2014. Avec une inflation de l’ordre de 0,5% ET une croissance réelle de l’ordre de 0,5% (en étant optimiste), il faudrait baisser les dépenses publiques de 3% du PIB pour arriver à une stabilisation de la dette. Le choc récessif que cela provoquerait tuerait l’économie française.