Vastes souks d’armement en Libye
Jusqu’à présent, les Américains et les Français se sont reposés sur l’allié algérien pour contenir et punir les groupes jihadistes qui avaient essaimé au Sahel. Louable initiative mais surhumaine lorsqu’on sait qu’un pays comme le Mali, un million de kilomètres carrés, possèdes des frontières immenses avec ses principaux voisins : 1200 kilomètre avec l’Algérie, 2000 kilomètres avec la Mauritanie et 900 kilomètres avec le Niger.
Dès le printemps 2009, l’Algérie aide militairement le président malien Amadou Toumani Touré, surnommé ATT, qui vient d’être renversé par un quarteron de militaires, lui même d’être écarté du pouvoir dans une grande confusion.
Une certitude, le premier cargo chargé d’équipements militaires arrivait à d’Alger à Bamako le 4 mai 2009. Des patrouilles militaires mixtes étaient mises en place. Ce premier chargement était suivi de multiples autres arrivages dans les mois et les années qui ont suivi. Ce qui a bouleversé ce fragile équilibre où l’on voyait les Maliens, les Mauritaniens ou les Nigériens, contenir, avec l’aide d’Alger et de Paris, le risque de prise d’otages et d’attentat, ce fut l’intervention militaire en Libye.
Critique à mots couverts de l’intervention en Libye
En effet, au delà de ses exactions contre sa propre population, le colonel Khadafi avait su se rendre indispensable auprès des Algériens et des Français dan leur lutte délicate contre la mouvance d’Aqmi. Le chef d’Etat libyen arrosait généreusement les tribus touaregs, contrôlait discrètement les groupuscules extrémistes et enfin faisait vivre 800 000 travailleurs émigrés africains, aujourd’hui au chômage et dont les revenus, assurés par Tripoli, participaient à l’équilibre économique et à la stabilité de l’ensemble de la région. L’écroulement du régime de « Notre ami Khadafi » a provoqué la déstabilisation de l’ensemble du Sahel, comme le constatent les agents de la DCRI., qui n’hésitent pas à évoquer « les bénéfices potentiels pour Aqmi-sud de la révolution libyenne ».
Il faut bien mesurer le poids d’une telle analyse. Le coeur de l’Etat en France, à savoir ses services secrets, estime que l’intervention de Nicolas Sarkozy en Libye a favorisé la propagande extrémiste et les moyens d’action d’Aqmi dans l’ensemble de la région.
« On peut craindre pour l’avenir proche, note la DCRI, la poursuite de l’instabilité dans la Nation libyenne, où le CNT vient de légaliser la charia (loi islamique) et où certains responsables, en particulier originaires de Cyréanique, semblent avoir des sympathies radicales … ». Et ce n’est pas tout.
Le plus inquiétant est la suite de la note décidément fracassante des services français. « La principale inquiétude concerne bien la disparition des arsenaux libyens de centaines de missiles SA7 et leur utilisation future par Aqmi (…) Est-ce pour perpétrer des actions offensives comme des tirs contre des avions civils, en particulier contre ceux appartenant à Air France (et desservant les capitales de la zone) ? » Tiens donc, des attentats contre des avions, cela nous rappelle d’autres attaques d’un certain 11 septembre.