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Camel Bechikh, président de Fils de France, répond aux questions de L’Action Française

L’Action Française 2000 – Pouvez-vous nous expliquer votre démarche au sein de la communauté musulmane ?

Camel Bechikh – Notre ambition est de faire en sorte que les musulmans de France redécouvrent la France au-delà de celle qu’on leur présente depuis plus de trente ans : une France sans cesse coupable. Coupable d’avoir été la fille aînée de l’Église, coupable de l’aventure coloniale, coupable de Vichy… Certes, l’histoire d’un pays est ponctuée de périodes glorieuses et de périodes qui le sont moins. Cela dit, il faut garder à l’esprit que l’écriture de l’histoire est fortement idéologisée.

Par exemple, le discours sur le Moyen Âge, produit en pleine période de séparation de l’Église et de l’État, est largement orienté vers l’anticléricalisme : il décrit une période d’obscurantisme initiée par l’autorité religieuse… Je passe par cette production subjective de l’histoire pour comprendre pourquoi toute une génération de nos compatriotes, de vieille souche ou nouvellement français, radote les litanies de la colonisation, de la Collaboration, etc.

Fils de France a été fondée par des musulmans, mais reste un club non confessionnel, ouvert à tous les patriotes français.

Nous poursuivons un double objectif : proposer des pistes de réflexion pour un islam français en accord avec nos convictions patriotiques, et transmettre à tous ces nouveaux jeunes Français une image plus fidèle de la réalité historique de notre grand pays, plusieurs fois millénaire. Mieux le connaître, c’est l’aimer. L’aimer, c’est le défendre, notamment face à certaines élites épousant le modèle mondialiste.

Comment envisagez-vous le rapport à la France ? Suffit-il d’avoir une carte d’identité pour appartenir à la communauté nationale ? Doit-on éprouver un amour charnel de la patrie ?

Être français ne se résume pas à disposer d’une pièce d’identité. Être français, c’est aimer la France. Toutefois, des légions de Dupont et Dupond entretiennent une détestation viscérale de la France… Doit-on pardonner aux uns et condamner les autres ? Je ne le crois pas. Ces « autres », jeunes Français issus de l’immigration, en plus de vivre une période délicate d’acculturation, ont été abreuvés par les discours dominant d’après guerre et d’après mai 68, les deux produisant de l’antipatriotisme. Aimer la France c’est vivre la France, la sentir. Oui, le sentiment charnel dont parle Charles Maurras est essentiel. Mais il faut aussi reconnaître que la frénésie de l’extension urbaine, avec des zones d’habitation en forme de dortoirs, ponctuées de zones commerciales, puis de zones industrielles, laisse peu de place pour apprécier la beauté des paysages, leur variété, l’architecture transmise par les générations précédentes.

On pourrait aussi déplorer l’abaissement du niveau de la langue, la destruction des mémoires culinaires ou même simplement vestimentaires. La mondialisation, faux-nez de l’américanisation, transforme les Français de ce début de XXIe siècle en un peuple d’amnésiques.

Il semble que les Français de confession musulmane soient toujours otages de la vulgate immigrationniste, qui les lie éternellement aux nouvelles vagues d’immigration. Avez-vous comme objectif de traiter cette question, tout comme celle de la double nationalité ?

Les Français de confession musulmane ont été maintenus dans une solidarité obligatoire avec les vagues d’immigration continues, mais cela commence enfin à changer. Nombre d’entre eux disaient ce qu’ils pensaient sans oser dire ce qu’ils ressentaient. Dire ce que l’on pense est assez simple, puisque, à moins d’avoir un certain niveau culturel et un peu de recul, ce n’est que la répétition du discours dominant, selon lequel « l’immigration est une richesse ». Mais une fois que cette immigration arrive à vos portes et que vous ne pouvez la fuir, car votre salaire ne vous permet pas de vous loger ailleurs, un décalage se crée entre ce que vous exprimiez de votre pensée et l’exaspération qui, elle, relève du ressenti.

Par ce simple fait, les Français, musulmans ou non, commencent à produire un vrai contrediscours en la matière. Concernant la double nationalité, elle pose une question très délicate : comment appliquer une loi unique à des immigrations diverses ? Par principe, à Fils de France, nous n’y sommes pas favorables, à tout le moins pour les Français qui acquièrent leur nationalité par le droit du sol, car elle peut constituer un frein à l’acculturation. Dans un contexte où l’immigration s’accélère, s’accroît, il devient vital de stopper l’acquisition quasi systématique de la nationalité après seulement quelques années de présence sur le sol français.

Comment réagissez vous aux polémiques lancées par Marine Le Pen sur le halal et au climat »islamophobe » entretenu par Nicolas Sarkozy ?

Ce sont des polémiques liées à un calendrier électoral, personne n’en est véritablement dupe. Toutefois, la traçabilité de la viande, qu’elle soit halal ou cacher, doit être radicalement appliquée afin que chacun puisse consommer ce qu’il souhaite, comme il le souhaite, sachant que pour un musulman, une bête égorgée par un chrétien est une bête licite – halal – à la consommation. Je me souviens, avoir campé en Aquitaine, avec mes scouts musulmans, sur le terrain d’une abbaye cistercienne, celle du Rivet. Les soeurs faisaient de l’élevage de poules, de belles poules rousses nourries au grain… L’histoire s’est terminée autour d’un immense festin !

Pour finir, pouvez-vous nous dire quelles personnalités historiques françaises vous inspirent ? Que pensez-vous de la monarchie ?

Je ressens une émotion particulière à propos de Vauban. Visionnaire, cultivé, proche du pouvoir sans s’y corrompre… En résumé, un homme au service de la France. L’idée qu’un homme ait donné sa vie, son génie pour protéger son pays me touche beaucoup. J’ai deux jeunes garçons. Ma grande joie serait que l’un des deux choisisse la carrière militaire.

Concernant la monarchie, je pense qu’elle a largement contribué à façonner la France. La IIIe République a commis une grande injustice en instrumentalisant l’histoire au service d’un radicalisme républicain et laïque, pour ne pas dire laïcard, afin de salir, dans l’esprit des Français, ce qu’ont été nos quarante rois et leurs mille ans de règne. À Fils de France, nous insistons sur l’idée que la France n’est pas née en 1789. Cette idée tient une grande place dans notre charte.

C’est dans cette logique que nous avons choisi, parmi nos parrains, le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme,figure emblématique de notre pays, ô combien à même d’être un trait d’union entre la grande histoire de France et les Français, quelle que soit leur confession, mais peut-être plus encore pour les jeunes Français musulmans : le prince Sixte Henri, au gré des mariages de son ascendance royale, descend sept fois du Prophète de l’islam !

 






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