La tragédie vécue par les habitants du village d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) le 10 juin 1944 est, 70 ans jour pour jour après les faits, est l’otage d’une récupération politique toujours plus pernicieuse.
En effet Manuel Valls, en visite commémorative ce 6 juin, déclarait :
« Oradour, c’est aussi une mise en garde. Pour combattre et ne jamais laisser prospérer les idéologies de mort […]. Elles sont là. Elles rôdent. Elles embrigadent. Elles poussent des individus, parfois très jeunes, à s’enrôler, à prendre les armes, à frapper au hasard, à tuer. »
Dans ce discours qui sentait bon le chantage mémoriel, le Premier ministre a également appelé à « la vigilance absolue face au retour de la barbarie », mettant ainsi dans le même sac des djihadistes de retour de Syrie ou les succès électoraux des partis populistes, comme si tous étaient héritiers de la division SS Das Reich. Bref, il s’agit de faire du drame d’Oradour-sur-Glane le pendant « France profonde » de l’arsenal mémoriel. Une opération qui occulte l’interdiction de la recherche historique sur ce drame et déclenche la persécution de ceux qui s’y risquent 70 ans après les faits.
Le drame vécu par ce petit village de la Haute-Vienne a coûté la vie à 642 personnes entre 15h30 et 19h30 le 10 juin 1944. Les responsables ? Une colonne SS appartenant à la 2ème Division Panzer « Das Reich ». Fruit de la « barbarie nazie », ce massacre aurait été perpétré par le simple désir cruel d’exécuter des populations civiles, des femmes et des enfants. Dans une église de surcroît. Nous n’en dirons pas plus.
Vincent Reynourd a enquêté sur ce drame. Son livre Le Massacre d’Oradour. Un demi-siècle de mise en scène, est interdit en France en 1997 par arrêté ministériel du ministre de l’Intérieur de l’époque, Jean-Pierre Chevènement. Une vidéo sortie en janvier 2001, qui reprend l’argumentaire développé dans le livre, est interdite par le préfet de la Haute-Vienne dès le 8 février 2001, puis interdite en France le 27 septembre 2001 par le ministre de l’Intérieur. En juin 2004, la cour d’appel de Limoges condamne Vincent Reynouard à vingt-quatre mois de prison, dont six ferme, pour apologie de crimes de guerre.
Massacre insupportable, interdiction d’enquêter, « devoir de mémoire », censure au nom de la « lutte contre la barbarie » : le drame d’Oradour-sur-Glane est bien, dans l’esprit de ceux qui veulent l’exploiter à des fins politiques, la Shoah de la paysannerie française.