Egalité et Réconciliation
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Les pogroms en Russie au XIXe siècle

Traduction E&R - Partie 3

Troisième partie : le rôle juif

Nous continuons notre série d’essais sur les pogroms de la Russie et dans cette troisième partie, nous allons examiner le rôle joué par les juifs dans le déclenchement de ces désordres.

Comme nous l’avons déjà établi dans la deuxième partie, un des problèmes clefs dans l’historiographie des pogroms (et de l’antisémitisme en général) est que ces narrations affirment invariablement que la situation des juifs n’était le résultat de rien d’autre que de la haine irraisonnée. Les juifs adoptent un rôle passif et docile dans cette narration, n’ayant rien commis d’autre que d’être juif.

Il n’y a pas de sens de l’action juive, et l’on est porté à croire qu’historiquement les juifs ont manqué de pouvoir d’agir dans le monde. Dans presque toute l’histoire populaire ou académique des pogroms l’auteur aveuglement accepte, ou volontairement perpétue, le principe de base que les juifs ont été haïs pendant des siècles dans l’Empire russe, que cette haine était irrationnelle et sans fondement, et que l’éruption des émeutes antijuives de la fin du XIXe siècle n’était qu’une réponse en réaction a l’assassinat du Tsar et la diffamation du sang.

Ceci est bien sûr bien loin de la vérité, mais la prédominance du « paradigme de la victime » joue deux rôles significatifs. Premièrement l’historiographie juive est saturée d’allusions au statut « unique » des juifs, qui ont souffert d’une haine « unique » de la part des générations successives d’Européens.

En essence, il s’agit de la notion que les juifs se tiennent seuls dans le monde en tant que « victime innocente » par excellence. Autoriser la moindre responsabilité de la part d’un agissement juif – n’importe quel argument selon lequel les juifs auraient pu contribuer d’une façon ou d’une autre à créer un sentiment antijuif – serait une atteinte à la perpétuation de ce paradigme.

En ce sens, le « paradigme de la victime » contribue également lourdement à la revendication du caractère unique juif et comme Norman Finkelstein l’a souligné, on peut trouver dans beaucoup d’exemples de l’historiographie juive la tendance à se focaliser non pas sur «  la souffrance des juifs  » mais plutôt sur le simple fait que « les juifs ont souffert [1] ».

En conséquence le paradigme n’offre pas de place pour la souffrance des non-juifs. Plus simplement le « paradigme de la victime » est une forme séculière du « peuple élu ». Cet aspect du récit est vu, assez justement, comme un mécanisme utilisé en permanence. Il n’y a aucune autre race sur Terre qui utilise son histoire pour justifier ses actions dans le présent comme le fait le peuple juif.

Depuis la demande de réparations jusqu’à l’établissement d’un État, l’histoire juive est une des pierres de fondation soutenant la politique juive internationale actuelle. En tant que telle, l’histoire juive est soigneusement construite et férocement défendue. L’interaction entre l’histoire juive et sa politique contemporaine crève les yeux. Je n’ai besoin ici que de faire référence aux termes « révisionnisme » et « négationnisme » pour appeler des images de procès de marionnettes et de cellules de prison.

Deuxièmement, l’omission de la contribution juive au développement de l’antisémitisme (que ça soit dans un village ou dans une nation) dirige encore plus férocement les projecteurs sur « l’agresseur ». Dans ce contexte, la victime sans reproche est libre de faire les plus infâmes accusations, nageant dans l’assurance de son propre rôle, et par extension son propre personnage, est irréprochable. La parole de cette victime intacte, unique et irréprochable, est admise comme un fait – douter de son récit serait faire partie de la ligue des « agresseurs ».

Dans la deuxième partie nous avons exploré la manière avec laquelle le RJC a entièrement pris à son avantage cette construction pour fournir des histoires d’atrocités, consternantes et non-fondées. Plus généralement, les histoires exagérées de brutalité par des non-juifs sont communes dans la littérature juive et son historiographie, et vont de pair avec des images de juifs représentés comme aussi purs que la blanche colombe.

Par exemple, Finkelstein montre L’Oiseau bariolé de Jerzy Kosinski, un travail maintenant reconnu comme « le premier canular majeur de l’Holocauste » comme exemple de la « pornographie de la violence [2] ».

Les concepts voisins de l’irréprochabilité des juifs et de l’extrême brutalité des gentils sont liés inextricablement et les sympathisants d’une branche de la théorie « du paradigme de la victime » sont invariablement sympathisants de l’autre branche. Prenez par exemple ce haut prêtre adepte de la doctrine du Peuple élu, Élie Wiesel, qui porte aux nues le pastiche de fantaisies sadomasochistes de Kosinski comme « étant écrit avec une sincérité et une sensibilité profondes [3] ».

Pour pouvoir s’occuper plus efficacement de la culpabilité des juifs dans la détérioration des relations entre juifs et non-juifs nous devrons sonder la question en nous concentrant plus profondément que nous ne l’avons fait dans la première partie. Cet essai va se focaliser sur des exemples spécifiques de perturbations antijuives dans l’Empire russe d’avant 1880, avec une attention toute particulière pour les pratiques économiques juives précédant des événements.

Les émeutes antijuives dans l’Empire russe avant 1880

Pour les raisons évoquées plus haut, la majorité des historiens juifs a longtemps démontré une aversion à l’idée que les pratiques économiques juives ont joué un rôle significatif historique dans l’origine de l’antisémitisme. Par exemple Léon Poliakov dans L’Histoire de l’antisémitisme : de Voltaire à Wagner, conteste que l’idée d’un antisémitisme économique soit « dépourvue de toute valeur explicative réelle [4] ».

Similairement, Jonathan Freedman a déclaré qu’en expliquant les attitudes antijuives, l’antisémitisme économique ne devrait jouer « qu’un rôle explicatif mineur [5] ».

Ces deux historiens postulent que la théologie, et par extension le christianisme (et pas conséquent la culture occidentale) est la source et l’origine de l’antisémitisme. Robert Weinberg, dans son article daté de 1998 intitulé « Envisageons les pogroms dans l’Histoire russe », explique les explosions de violence antisémite dans l’Europe de l’Est en déclarant qu’elles étaient le résultat de « frustrations de la part de paysans russes et ukrainiens, ouvriers et citadins qui pour la plupart, spontanément exorcisèrent leur frustration sur le bouc-émissaire consacré, les juifs [6] ». Weinberg se garde bien de repérer d’où exactement ces frustrations émergèrent, mais note de nouveau l’extrême passivité du rôle juif dans son analyse.

Inversement, ces historiens qui ont accepté que les problèmes économiques aient joué un rôle dans le déclenchement de l’antisémitisme ne se sont pas engagés dans de véritables études de cas qui provoquèrent des mouvements antijuifs, préférant a la place sonder des « images » ou des stéréotypes qui soi-disant infusent dans la conscience des non-juifs. Par exemple le professeur des Études israéliennes à l’université d’Oxford, Derek.J Penslar, statua que l’antisémitisme économique n’est rien d’autre « qu’une double hélice se retrouvant à l’intersection de deux paradigmes, le premier associant les juifs avec des pauvres et des sauvages, et le deuxième établissant les juifs comme des conspirateurs, leaders d’une cabale financière cherchant la domination mondiale [7] ».

En choisissant de discuter à propos d’« images » et de concepts plutôt que de rapporter un véritable incident comme celui des émeutes antijuives de Limerick, Penslar s’engage dans une pratique aussi fourbe que celles de Poliakov et Freedman. La thèse de Penslar reconnait seulement superficiellement le rôle économique, alors qu’il insiste lourdement sur l’argument que la société européenne a toujours souffert d’une sorte de névrose en relation avec les juifs.

Penslar adroitement nous offre un argument dans lequel les juifs et l’économie jouent un rôle dans le développement de « l’image » antisémite mais sans jamais placer le juif que dans un rôle passif. Les « images » de Penslar sont dépourvues de gradation – les Européens, s’ils adhèrent à l’antisémitisme économique, voient les juifs soit comme des sauvages pauvres soit comme des financiers mondiaux. Cela malgré le fait que les paysans européens n’avaient pas besoin d’avoir ces conceptions extrêmes sur les juifs et ne les avaient probablement pas.

Les pratiques économiques d’exploitation par les juifs capitalistes locaux, l’existence de monopoles juifs locaux sur des produits comme l’alcool et la pratique juive de l’éthique à l’égard de ceux qui font partie du groupe et de ceux qui n’en font pas partie étaient plus que suffisantes pour déclencher un ressentiment envers les juifs.

Mais les références à cette motivation pour des actions antijuives est entièrement absente de l’historiographie juive sous le prétexte d’antisémitisme, alors que la vraie raison est qu’elle serait capable de démolir « le paradigme de la victime ». Cet essai, qui se focalise sur des études de cas réels (en particulier dans la ville d’Odessa) va démontrer que les émeutes antijuives de 1880, comme beaucoup d’autres avant elles, étaient motivées par un antisémitisme économique, et que cet antisémitisme économique trouvait ces racines non pas dans la psyché européenne mais dans les interactions économiques journalières entre les juifs et les non-juifs d’Odessa. Il va tenter de redécouvrir le rôle juif et de le placer au premier rang.

La première perturbation impliquant les juifs, qui se déroula dans l’Empire russe et a laissé suffisamment de documentation, fut le pogrom d’Odessa en 1821. Weinberg dépeint Odessa comme une sorte de paradis multiculturel en ce temps-là. Il déclare que la ville « bénéficiait de la présence de résidents allemands, italiens, français, grecs et anglais dont la culture et les goûts intellectuels influençaient la vie locale [8] ». En 1820 les indications dans les rues étaient écrites en russe et en italien, le premier journal de la ville était édité en français. Odessa selon Weinberg avait une scène artistique florissante, particulièrement en relation avec le théâtre, la musique et l’opéra.

Cependant Klier dépeint, lui, une image radicalement différente de la ville, appuyant particulièrement sur les tensions ethniques créées par l’augmentation des juifs dans la ville. Klier déclare qu’en 1821, Odessa était un « foyer d’agitation dû a des rivalités ethniques, religieuses et économiques » et de façon significative « une ville non-russe [9] ». Weinberg explique que « le nombre des juifs arrivant d’autres parties de la Russie, et de Galicia dans l’empire Autrichien montèrent en flèche ». À Odessa les juifs étaient entièrement libres des « restrictions de résidence et fardeaux légaux [10] ».

La violence explosa quand durant la guerre d’Indépendance de la Grèce un groupe de musulmans et de juifs assassinèrent et mutilèrent Grégoire V, le patriarche orthodoxe grec à Istanbul. Après le massacre, beaucoup s’enfuirent en emportant les restes de Grégoire V vers Odessa, où la procession de ses funérailles fut tenue. Les documents qui ont survécu montrent que la violence éclata lorsqu’un large contingent de juifs montra ouvertement de l’irrespect pour la procession [11].

En décrivant cela et les explosions de violence qui suivirent à Odessa, je dois inciter les lecteurs à se démunir de la préconception que le contingent juif de cette ville était une petite minorité. Les historiens juifs ont souvent tendance à faire allusion à un statut de minorité sans jamais citer de nombre exact. John Doyle Klier, cependant, nous informe qu’au milieu du XIXe siècle, la population juive constituait presque un tiers de la population totale à Odessa  [12]. Étant donné l’énorme population grecque et autres nationalités, c’étaient les russes qui en fait composaient « la petite minorité ». La suprématie économique dans cette ville jusqu’au milieu du XIXe siècle avait été conservée par la population grecque qui avait réussi à repousser toutes les tentatives des nombreuses autres ethnies pour « sécuriser ou maintenir sa position économique favorable [13] ».

Lorsqu’un large afflux de juifs arriva en 1850, la lutte pour la suprématie économique entre les juifs et les grecs, ajoutée à des conflits historiques politico-religieux, contribua à augmenter la tension interethnique dans cette ville. L’historien grec Evridiki Sifneos nous informe qu’une coexistence précédente « n’avait pas été basée sur une tolérance mutuelle. Au contraire, la récession économique de la seconde moitié du 19ème siècle accéléra les distinctions ethniques, et le ressentiment provoqué par l’ascension de groupes sociaux ethniques (principalement juifs) conduisit à la redistribution des ressources [14]. »

Vers le milieu de 1850 les Grecs avaient le contrôle de l’exportation du grain, mais avec des perturbations dans les routes du commerce dû à la guerre de Crimée, ce qui conduisit certains négociants grecs à faire faillite. Les juifs de la ville qui avaient occupé principalement des rôles d’intermédiaires mirent leur ressources en commun et achetèrent joyeusement et à très vil prix ces négoces. Une lettre d’un contemporain grec dit ceci : « Lorsque je vins à Odessa la première fois en 1864, je devins un acheteur de grain pour notre maison au 14 de la rue Moldovaka. La majorité était grecque, avec quelques intermédiaires russes. Aujourd’hui il n’y a plus de russes et pour les Grecs on peut les compter sur les doigts de la main. Les juifs sont ceux qui ont pris le marché [15]. » Selon Sifneos, les juifs profitèrent de l’avantage de l’emplacement de leur taverne dans les villages pour s’établir eux-mêmes comme intermédiaires dans la collecte du grain depuis la campagne alentour et, de plus, « ils travaillèrent plus intimement a l’intérieur de leur réseau ethnique [16] ».

Weinberg déclare en outre que quand « les employeurs juifs suivirent la pratique de n’employer que les leurs, beaucoup de débardeurs grecs se retrouvèrent dans les rangs des chômeurs [17] ». Quand il devint évident que les juifs eurent gagné la lutte pour la suprématie économique sur les Grecs en 1858, des incidents interethniques violents commencèrent à escalader en fréquence. En 1858 il y eu des attaques sur des biens appartenant a des grecs et a des juifs, et de nombreuses bagarres Grecs-juifs dans la ville. Et en 1859 une querelle entre des enfants grecs et juifs éclata et escalada en conflit interethnique [18]. La violence cessa seulement grâce à l’intervention de la police russe et cosaque. Une autre période de violence gréco-juive explosa en 1869.

Comment décrirons-nous ces évènements ? À la lumière du contexte de ces incidents, est-ce que le terme de « pogroms » ou d’« émeutes antijuives » peuvent résister à un examen minutieux ? Certainement pas. Notez mon utilisation des termes « violence interethnique » et de « désordres impliquant des juifs ». Ces termes ne figurent pas dans l’historiographie juive a propos de ces événements. « Émeutes antijuives » ou « pogroms » sont les seuls termes faisant partie du glossaire du « paradigme de la victime », léguant le statut de « passif » même dans l’utilisation des mots. En effet si Tom et Bill ont une bagarre dans la rue, elle ne sera pas décrite comme une « violence anti-Tom ». Ceci automatiquement communique la notion que Tom est une victime passive et ce, malgré le fait qu’il ait pu initier la bagarre et qu’il ait très certainement envoyé beaucoup de coups. Weinberg par exemple décrit les perturbations de 1859 comme étant « des activités antijuives », mais déclare que les « jeunes juifs et gentils s’engagèrent dans des bagarres sanglantes [19] », ce qui est d’une contradiction évidente.

C’est seulement en 1871, durant une période de violence particulièrement sévère, que nous voyons pour la première fois une participation russe dans la violence interethnique d’Odessa. Feu John Doyle Klier, autrefois professeur d’hébreu et d’études juives à l’université d’Oxford, nous informe catégoriquement que l’implication des Russes en 1871 dans les conflits ethniques avait pour origine une véritable et tangible misère économique. Klier déclare que la participation russe était le résultat « d’une amertume née de l’exploitation de leur travail par les juifs et leur aptitude à s’enrichir personnellement et à manipuler de toutes les façons possibles le domaine des affaires et du commerce [20] ». De même, Weinberg concède qu’en 1871, « il y avait bien d’autres ethnies qui percevaient les juifs comme une menace économique [21] ».

Les racines des perturbations de 1871 sont assez tangibles, et il y a une grande accumulation de preuves qui suggèrent qu’elles étaient le résultat d’une véritable misère socio-économique, plutôt que des « images stéréotypées » ou que les habituels suspects encore et toujours utilisés par l’historiographie juive. Brian Horowitz, président des études juives de l’université de Tulane, indique qu’en 1870 la cohésion économique et sociale juive avait été encore améliorée à Odessa par la création d’une branche de la Société pour la promotion de l’éducation, une organisation dédiée à une philanthropie à l’intérieur du groupe et aussi a une « politique alternative » par laquelle les membres « n’avaient pas à contacter le gouvernement en tant qu’intermédiaire [22] ».

À cet égard, il s’agissait du Kahal-isme et il eut une répercussion positive significative sur la richesse des juifs d’Odessa. Klier déclare que sous cette organisation, l’emprise des juifs sur la vie économique de la ville s’amplifia, et que les rapports du gouvernement russe de 1871 attribuent les perturbations au fait que « la domination des juifs dans la région produisit des relations anormales entre les chrétiens et les juifs [23] ».

En 1871, la domination économique juive avait évolué au-delà de la simple exportation du grain. Un rapport consulaire américain de cette année-là révèle l’étendue du contrôle juif sur la vie économique d’Odessa. Il relate que les juifs dans la ville « s’occupaient du monde des affaires et du commerce et se favorisaient entre eux dans leur secte, ce qui revient au fait que dans beaucoup de cas il s’agit presque d’un monopole. La remarque commune est que par conséquent “tout est aux mains des juifs”. Pour vendre ou acheter une maison, un cheval, un commerce, pour louer une habitation ou signer un contrat pour un prêt, pour engager un régisseur et des fois même pour épouser une femme, les juifs prenaient leur pourcentage au passage en tant qu’“intermédiaire”. Le pauvre laboureur, le soldat affamé, le propriétaire terrien, le capitaliste, et même en fait le producteur et chaque consommateur est obligé d’une façon ou d’une autre de payer sa dîme au juif [24]. ». Les Grecs appauvris, les Russes et les Ukrainiens considéraient comme de plus en plus ostentatoire l’étalage de la richesse des juifs. En fait, Sifneos déclare que la correspondance contemporaine révèle que durant ces désordres, beaucoup de juifs d’Odessa en attribuèrent la raison « au ressentiment généralisé à l’encontre de l’expansion de la prospérité de leur communauté [25] ».

Sifneos nous informe également que les changements démographiques dans la ville furent d’une extrême importance, créant un malaise dans la population non-juive. En même temps que l’accroissement de leur richesse, en 1897 le recensement révélait que durant les deux précédentes décennies les juifs d’Odessa avait entrepris un développement très rapide de sa population et que la ville était « rapidement devenue une ville juive [26] ». Afin de mettre cela en chiffres, le recensement nous dit qu’en 1897 il y avait 5 086 hellénophones, 10 248 germanophones, 1 137 francophones et 124 520 parlant yiddish. Le recensement révèle de plus qu’alors que presque tous les francophones et hellénophones vivaient dans les quartiers pauvres de la ville, 54 % des juifs vivaient dans les banlieues bourgeoises de Petropavlovsk, Mikhaïlovsk et Peresipsky [27].

Pour conclure, lorsque la violence interethnique éclata en 1871, elle ne prit pas ses racines dans de l’irrationalité, mais bien évidemment, comme le démontre Sifneos, dans une tentative désespérée « d’affaiblir le pouvoir économique des juifs [28] ». Dans ce contexte, nous voyons que les juifs d’Odessa sortent de leur rôle passif dans l’ombre de l’historiographie juive, et apercevons leur vrai visage en pleine lumière.

Andrew Joyce

 

Approfondir le sujet avec Kontre Kulture :

Notes

[1] Norman Finkelstein, The Holocaust Industry, Index on Censorship, 29 :2, 120-130, p.124

[2] Ibid.

[3] Ibid, p 125

[4] Leon Poliakov The History of anti-Semitism : From Voltaire to Wagner (Pennsylvania : University of Pennsylvania Press, 2003) p.VIII

[5] Jonathan Freedman, The Temple of Culture : Assimilation and Anti-Semitism in Literary Anglo-America (Oxford : Oxford University Press, 2002) p.60.

[6] Robert Weinberg, Visualizing Pogroms in Russian History, Jewish History, Vol.12 (1998), 71-92, p.72

[7] Derek J. Penslar, Shylock’s Children : Economics and Jewish Identity in Modern Europe, (Los Angeles : University of California Press, 2001) p.13.

[8] Robert Weinberg, Visualizing Pogroms in Russian History, Jewish History, Vol.12 (1998), 71-92, p.73

[9] John Klier, Pogroms : Anti-Jewish Violence in Modern Russian History, (Cambridge : Cambridge University Press, 2004) p.15

[10] Robert Weinberg, Visualizing Pogroms in Russian History, Jewish History, Vol.12 (1998), 71-92, p.73

[11] John Klier, Pogroms : Anti-Jewish Violence in Modern Russian History, (Cambridge : Cambridge University Press, 2004), p.16.

[12] Ibid.

[13] Ibid, p.15

[14] Evridiki Sifneos, The Dark Side of the Moon : Rivalry and Riots for Shelter and Occupation Between the Greek and Jewish Populations in multi-ethnic Nineteenth Century Odessa, The Historical Review, Vol.3 (2006), p.191

[15] Ibid, p.195

[16] Ibid, p.196

[17] Robert Weinberg, Visualizing Pogroms in Russian History, Jewish History, Vol.12 (1998), 71-92, p.75.

[18] Ibid, p.18

[19] Robert Weinberg, Visualizing Pogroms in Russian History, Jewish History, Vol.12 (1998), 71-92, p.74

[20] John Klier, Pogroms : Anti-Jewish Violence in Modern Russian History, (Cambridge : Cambridge University Press, 2004) p.21

[21] Robert Weinberg, Visualizing Pogroms in Russian History, Jewish History, Vol.12 (1998), 71-92, p.75.

[22] Brian Horowitz, How Jewish was Odessa ? : http://www.wilsoncenter.net/sites/d...

[23] John Klier, Pogroms : Anti-Jewish Violence in Modern Russian History, (Cambridge : Cambridge University Press, 2004) p.22

[24] Evridiki Sifneos, The Dark Side of the Moon : Rivalry and Riots for Shelter and Occupation Between the Greek and Jewish Populations in multi-ethnic Nineteenth Century Odessa, The Historical Review, Vol.3 (2006), p.198

[25] Ibid p. 193

[26] Ibid.

[27] Ibid.

[28] Ibid.

 






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12 Commentaires

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  • #493854
    Le 15 août 2013 à 20:17 par léon
    Les pogroms en Russie au XIXe siècle

    je suis obligé de m arreter dans la lecture pour vous signaler que le titre francais de " the painted bird" est "l oiseau bariolé " ....
    et que l’ouvrage va bien au delà de la "judeité" supposé du protagoniste du roman..
    LE roman parle d’"un Tsigane ou un Juif errant " (wiki)
    C est un roman "controversé" ( wiki,presse)

    Les scene de violence ont ete contestées par les Polonais...Ce que Jerzy Kosinski a trouvé absurde, car il s agissait d un roman !! Et nul part il y a la mention "autobiographique" !
    Wikipedia parle de plusieurs rédacteurs ..

    Je vous conseille de le lire, parcequ en temps que propagande "shoahtique" ca ne tient pas la route deux secondes, mais en tant que roman "sur la violence populaire" c est intéressant.. (mais ca fait partie du sujet, la violence des masses,et l influence du politique)

    Kosinski a aussi publié "Cockpit" ,qui traite plus specifiquement de la violence entre personne,a l echelon individuel...
    la violence que chacun pourrait faire subir a son prochain.. un livre sombre , mais qui pose question.

    Cet ecrivain est mort dans sa baignoire, la tête dans un sac plastique.. ce serait un suicide.. A ma connaissance il n’a ecrit qu un livre sur la "shoah" enfin on l interprete comme ca aujourd’hui.... mais pour ma part ca ne traite pas de la shoah...

     

    Répondre à ce message

  • #493894
    Le 15 août 2013 à 20:59 par Mitch Bucchanon
    Les pogroms en Russie au XIXe siècle

    Très intéressant !

    Mais la partie 2 de cet article avait soulevé une question à laquelle la partie 3 n’a pas répondu.

    Il est admis que la propagande juive a très grandement exagéré (voire parfois carrément inventé) les violences Russes commises contre la communauté juive. Le but étant bien sûr de faire passer les juifs pour d’innocentes victimes et les Russes pour des brutes.

    Mais les juifs étaient haïs partout, en Russie comme ailleurs, et ils n’étaient pas plus maltraités en Russie qu’en Pologne, en Allemagne où en France......Alors pourquoi avoir dirigé cette propagande haineuse contre la Russie en particulier ?

    Pourquoi cette diabolisation bien précise et, surtout, pourquoi cette haine tribale juive contre la Russie exclusivement, et pas contre d’autres pays ??

     

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    • #494026
      Le Août 2013 à 23:19 par Buleh Gila
      Les pogroms en Russie au XIXe siècle

      Cela reste un groupe humain, bien qu’organisé.
      Il était en surpopulation en Russie, provenant de territoires de l’Empire et voisins.
      Il est même entré en saturation à la veille de la révolution russe.
      Cette surpopulation lui fera même prendre des mesures radicales d’autorégulation en Europe Centrale et de l’Est tant sur le plan numérique que sur celui de la profondeur doctrinale religieuse.
      L’organisation de sa culture et sa nature lui imposaient de s’étendre vers l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord et d’y consolider son pouvoir par influences.
      Cette expansion va maintenant se consolider en Asie Centrale puis se continuer vers l’Extrême Orient.
      Il n’a pas une haine particulière pour la Russie, mais un froid mépris pour tous les autres groupes humains, raisonné, motivé et plus ou moins affirmé selon la religion ou la couleur de peau.
      L’aspect haineux ou mielleux des argumentaires varie selon les publics et les populations cibles.

       
    • #494429
      Le Août 2013 à 13:12 par 100/100purporc
      Les pogroms en Russie au XIXe siècle

      @mitch

      reponse dans La Controverse de Sion...

       
    • #495553
      Le Août 2013 à 21:21 par astigmate
      Les pogroms en Russie au XIXe siècle

      Je vais surement dire une bêtise, mais c’était peut-être pour ajouter la couronne du tsar à leur collection avec une version bêta du 11/9. Vu qu’ils étaient déjà bien pour ne pas dire "trop bien" installer en France ;Allemagne;GB...etc, ils n’avaient apparemment aucune raison de se tirer une balle dans le pied.

       
    • #496830
      Le Août 2013 à 17:24 par A.D.
      Les pogroms en Russie au XIXe siècle

      @Mitch Bucchanon
      "Pourquoi cette diabolisation bien précise et, surtout, pourquoi cette haine tribale juive contre la Russie exclusivement, et pas contre d’autres pays ??"
      Les populations juives "parlant le yiddish" peuplant le sud de la Russie, sont des Achkénazes, descendants des Khazars. Au 8°, 9° et 10° siècle, c’étaient eux qui occupaient ce que l’on appellera plus tard la Russie.
      L’Empire Khazars s’écroula, mais la majeure partie de la population resta sur place, nourrissant une vieille haine envers leurs vainqueurs.
      (Voir les Textes écrits de Benjamin Friedman à ce sujet, c’est très éclairant et également la "treizième tribu" de Arthur Koestler (J’hésite sur l’orthographe du nom)... ceci pour éclairer un autre aspect du sujet.
      Cordialement,
      Anissa.

       
  • #493951
    Le 15 août 2013 à 22:10 par francaisgaulliste
    Les pogroms en Russie au XIXe siècle

    AH en fait la souffrance des juifs et le shoah bizness ont commencé bien avant hitler...
    Par la loi fabius, on nous interdit de remettre en cause la version de nuremberg !!!

    Il serait temps de dénoncer ces impostures

     

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  • #494389
    Le 16 août 2013 à 12:34 par anonyme
    Les pogroms en Russie au XIXe siècle

    La conclusion que l’on pourrait tirer de cette série d’articles serait-elle que :

    Toute cette propagande au sujet des pogroms , à l’attention des pays occidentaux , accusant la Russie de crimes ignobles envers une population innocente , aurait été orchestrée dans le but de faire accepter par les dits pays occidentaux (Etats Unis notamment ) , l’arrivée massive d’une population de migrants (classe "d’élite" devenue en surnombre en Russie ) venant prendre le contrôle (économique , politique , intellectuel ...) de ces pays à leur tour ?
    De la meme façon que la propagande autour des persécutions subies durant la 2eme guerre mondiale (conséquence de leurs activités "d’élites" en Allemagne comme précédemment en Russie ) aurait été et serait orchestrée dans le but de permettre la création d’un état indépendant et la domination mondiale , sans que jamais les 99 % de la population des pays sous contrôle ne puissent faire la moindre objection ?
    Ce qui reviendrait à dire qu’à chaque fois qu’une population "sous contrôle" se révolte , cette révolte légitime est déguisée par la propagande en persécution , et utilisée comme tremplin pour étendre la domination ?
    Donc si l’on poursuit ce raisonnement , on pourrait prédire qu’à terme l’occident actuellement occupé et ruiné à son tour pourrait se révolter , cette révolte transformée en persécution . . .

     

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  • #494450
    Le 16 août 2013 à 13:45 par David74
    Les pogroms en Russie au XIXe siècle

    Bonjour E&R,

    Je vous remercie pour cette série de traductions, je l’ai lue avec un très grand plaisir.

    Merci.

     

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  • #494834
    Le 16 août 2013 à 22:01 par francaisGaulliste
    Les pogroms en Russie au XIXe siècle

    Ca ressemble beaucoup à ce qu’on vit aujourd’hui !!!

    La domination des merdias (pour nous abrutir), la domination économique, et l’accapparement des richesses.

    La suite, on la connait pour la France... Des emeutes éthniques qui seront qualifiés de pogroms

     

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  • #496820
    Le 19 août 2013 à 17:12 par A.D.
    Les pogroms en Russie au XIXe siècle

    Excellent article, très fouillé, bien sourcé. Il démontre de toute évidence qu’il est important de démonter les "images" et les "slogans" conçus et opportunément relayés par des historiens stipendiés pour "couvrir" la réalité d’un voile opaque et ce faisant, inverser les responsabilités sous une rhétorique mensongère.
    C’est un plaisir de lire de tels articles permettant d’acquérir un "savoir libérateur".
    Merci E&R pour la diffusion du savoir réel, non re-visité.
    La manipulation du langage, la corruption des textes et la ré-ecriture de l’histoire sont de réelle armes de guerre, plus meurtrière que celles qui détruisent les corps.
    Cordialement
    Anissa

     

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  • #497266
    Le 20 août 2013 à 02:05 par esperanza
    Les pogroms en Russie au XIXe siècle

    Les MEMES techniques de propagande ont été appliquées par les medias au sujet des prétendus massacres perpétrés par les Serbes contre les Albanais du Kosovp.

    Et d’ailleurs l’histoire du rôle déterminant joué par les lobbies juifs et sionistes (je ne dis pas "les Juifs") dans l’abominable intervention de l’OTAN au Kosovo reste à écrire : Madeleine Albright, William Cohen, James Rubin ou en France Bruckner, Finkielkraut, Glucksmann, BHL, et last but not least, le Procurateur Kouchner...

    C’est d’autant plus important et efficace aujourd’hui qu’est bien en place la "religion ed la Shoah" qui n’existait pas encore avant la Révolution Russe : qui maîtrise la référence légitime à la Shoah maîtrise l’opinion publique...

    La même opération de propagande contre les serbes avait été montée quelques années plus tôt au sujet de la Bosnie et de la Croatie. Dans son livre très courageux que je recommande (Kosovo : une guerre "juste" pour un Etat mafieux), Pierre Péan rappelle l’interview de James Harff, patron d’une agence US de relations publiques par Jacques Merlino (auteur de "les vérités yougoslaves ne sont pas toutes bonnes à dire") .

    "Merlino :
    - Dans tout ce travail, de quoi êtes vous le plus fier ?
    Harff :
    - D’avoir réussi à mettre de notre côté l’opinion juive. [...]L’entrée en jeu des organisations juives au côté des bosniaques fut un extraordinaire coup de poker. Aussitôt nous avons pu , dans l’opinion publique, faire coincider Serbes et nazis. [... La charge émotionnelle était si forte que plus personne ne pouvait aller contre sous peine d’être accusé de révisionnisme".

     

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