L’Italie était vendredi sous la pression des marchés, les banques chutant en Bourse et les taux obligataires atteignant un record en raison des craintes de contagion de la crise de la dette sur fond de tensions politiques et d’un début de scandale autour du ministre des Finances.
La Bourse de Milan a clôturé sur une chute de 3,47% sous l’effet d’une baisse brutale des valeurs bancaires. UniCredit, la première banque du pays, s’est effondrée de 7,85% à 1,232 euro, Banco Popolare de 6,46% à 1,42 euro et Intesa Sanpaolo de 4,56% à 1,654 euro.
Parallèlement, les taux italiens à dix ans restaient à un niveau record de 5,259% vers 15H00 GMT tandis que leur écart avec le Bund allemand, référence en zone euro, s’inscrivait à 242,4 points de base.
Les marchés craignent une contagion de la crise à l’Italie, dont la dette, l’une des plus élevées du monde en valeur absolue, représente environ 120% du PIB. Le pays est sous surveillance des agences de notation, Moody’s ayant annoncé le 17 juin qu’elle envisageait d’abaisser sa notation, un mois après une décision similaire de Standard and Poor’s.
"La dette italienne est réellement attaquée, on est dans un schéma de panique", note Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis, qui juge toutefois cette réaction "excessive" car l’Italie a des "points forts" dont un déficit public relativement contenu (4,6% du PIB l’an dernier).
Selon Marco Valli, économiste de la banque UniCredit, la brusque dégradation par Moody’s mardi soir de la notation du Portugal a ravivé les craintes de contagion et "les signes de controverse politique en Italie ne font pas du bien" et attisent les peurs des marchés.
Alors que les tensions étaient déjà vives au sein de la majorité depuis les récentes défaites dans les urnes, le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a décoché quelques flèches vendredi contre son ministre de l’Economie et des Finances Giulio Tremonti, artisan du plan d’austérité adopté jeudi dernier.
"Il croit qu’il est un génie et que tous les autres sont des crétins. Je le supporte parce que je le connais depuis longtemps et je l’accepte comme ça. Mais c’est le seul qui ne joue pas un jeu d’équipe", a-t-il déclaré, selon le journal La Repubblica.
Sans démentir ces déclarations, le Cavaliere a critiqué le quotidien, l’accusant d’avoir transformé une "conversation amicale" avec un journaliste en "interview formelle".
Pour ne rien arranger, M. Tremonti est dans la tourmente depuis la révélation jeudi soir par la justice que son ex-conseiller Marco Milanese, dont elle réclame l’incarcération pour corruption, lui payait le loyer de son appartement romain.
Après avoir reçu le ministre pour déjeuner vendredi, M. Berlusconi a tenté de rassurer les marchés en réaffirmant la volonté du gouvernement de parvenir à l’équilibre budgétaire en 2014 grâce au nouveau plan d’austérité qui sera adopté "avant la pause estivale".
Face à ces tensions sur les marchés, le gouverneur de la Banque d’Italie et futur président de la Banque Centrale Européenne (BCE), Mario Draghi, est également monté au créneau.
Afin de rassurer les investisseurs, il s’est dit "certain" de la réussite des tests de résistance européens, dont les résultats seront publiés vendredi prochain, par les banques italiennes, dont il a souligné la solidité, et a jugé que l’objectif d’un équilibre budgétaire en Italie en 2014 était "crédible".