Les Américains ont testé leur nouveau drone : il pourrait préfigurer un avion de combat robotisé capable de prendre des décisions et d’attaquer l’ennemi sans intervention humaine.
Le 14 mai 2013, un engin rhombique ressemblant à une raie a été lancé à partir du porte-avions George Bush dans l’Atlantique.
Il s’agissait du prototype de drone de reconnaissance et de combat X-47B. Après avoir accompli avec succès son programme de vol, le futur robot naval de combat s’est posé sur la piste du centre de recherche de Patuxent River, dans le Maryland.
Le premier lancement du drone depuis le porte-avions était assez ennuyeux. Le 4 mai déjà l’appareil avait effectué la simulation complète d’atterrissage sur le porte-avions : on l’avait fait atterrir sur une piste de taille appropriée à Patuxent, supposément avec un accrochage au câble de frein.
Essayer d’identifier un seul et unique individu dans une foule devant un escalator du métro, surtout si vous ne savez pas exactement de quoi il a l’air : c’est compliqué – telles étaient les capacités de l’ancien drone. Avec le nouveau, c’est comme si le même "individu" avait son portrait collé sur tous les murs.
Le drone à réacteur X-47B a été conçu par la société Northrop Grumman dans le cadre du concept UCLASS (Unmanned Carrier-Launched Surveillance and Strike). Son autonomie de vol dépasse 3 900 km, son altitude maximale avoisine 12 km et il atteint la vitesse transsonique.
Il peut voler pendant environ six heures. Il sera doté d’environ 2 tonnes de charge utile et devrait être mis en service d’ici 2019.
Les experts navals américains se maudissent déjà en essayant de palper le nouveau visage de la flotte océanique. Le débat sur cette évolution s’est notamment enflammé dans le contexte de la crise budgétaire des dernières années. Certains exigent de construire de nouveaux porte-avions en poursuivant la gamme des aérodromes flottants universels, d’autres pensent qu’il est possible de s’en passer en optant pour des navires de moindre taille par rapport à aujourd’hui.
Il existe une chose que les spécialistes considèrent comme un dû : les drones de reconnaissance embarqués, moyens et lourds. On débat principalement sur les tailles des porte-avions et, par conséquent, sur les quantités de drones à bord. Le fait que l’aviation navale passe à l’utilisation de drones pour ses missions offensives ne fait pas l’ombre d’un doute.
Le drone actuellement testé mise sur l’importance croissante du rôle de programmes de vols autonomes – par opposition au pilotage à distance par un opérateur comme les drones moyens de l’armée de l’air américaine.
Les experts critiquent surtout les canaux de pilotage à distance des drones. Beaucoup de spécialistes indiquent que dans le cadre d’une guerre électronique intelligente et réfléchie, les drones pilotés sont inefficaces. Certains leur ont collé l’étiquette d’arme bon marché contre les nations retardées et c’est difficile à contester.
Mais les tâches offensives de la flotte demanderont du travail dans un autre cadre que le survol mélancolique au-dessus des quartiers du Proche-Orient, en attendant l’apparition d’un convoi de terroristes. Il faudra entre autres régler les problèmes de pénétration dans les zones brouillées. D’ailleurs, le temps de réaction aux changements de situation se réduit et les régimes de manœuvre deviennent plus stricts.
Dans ces conditions, la fiabilité opérationnelle d’un engin sans assistance humaine ne peut être assurée que par la diminution radicale du contrôle à distance au profit des algorithmes autonomes de vol. Par conséquent les missions navales de reconnaissance et de combat sont exactement ce qu’il faut pour la création progressive d’un avion de combat robotisé capable de prendre lui-même la décision d’attaquer un ennemi.
Quel en sera le résultat ? A quoi ressemblera l’aviation de combat type de la seconde moitié du XXIème siècle ? L’imagination est la seule limite pour y répondre. Mais pour l’instant le "triangle" maladroit effectue ses essais de décollage et d’atterrissage.