S’il est difficile pour une personne moyennement curieuse et moyennement intelligente de gober encore en 2015 la « version officielle » des attentats du 11 septembre 2001, avec ses pirates de l’air à peine capables de piloter (et parfois ressuscités) mais réalisant des manœuvres d’approche parfaites à des vitesses impossibles, son avion-taupe de Pennsylvanie et son troisième gratte-ciel non touché mais coulé quand même, est-il pour autant raisonnable de se fier les yeux fermés aux associations citoyennes proclamant dans leurs statuts vouloir « connaître au mieux la vérité sur le 11 septembre », comme c’est le cas pour l’association française (si, si) ReOpen911 ?
Ayant consulté avec beaucoup d’intérêt certains articles et certaines vidéos présentés par cette association (je recommande tout particulièrement le documentaire de Massimo Mazzucco, 11 septembre : le nouveau Pearl Harbor, d’une rigueur et d’une neutralité sans faille), mais ayant également apprécié les arguments d’associations américaines comme Architects and Engineers for 9/11 Truth (AE911Truth), en particulier certains articles traitant des raisons psychologiques de la « sidération » produite par ce sujet polémique, je n’ai pas été très long à convaincre lorsqu’un ami, ancien membre très actif de ReOpen911, me proposa de venir à Paris le 2 mai 2015 pour assister à une conférence de Richard Gage, fondateur et « CEO » de l’association AE911Truth. Après tout, un site internet, c’est une jolie vitrine ; mais rien ne vaut la confrontation au réel !
Nous assistâmes donc, côte à côte, à la conférence de l’architecte Gage. Parfaitement rodée, très « américaine », avec ce que cela comporte de sentimentalisme un peu déplacé dans un sujet très technique. C’est du moins l’impression qui fut la mienne, mais je suis physicien donc, c’est bien connu, d’une froideur de vipère à la Toussaint et lourdement handicapé des émotions, limite autiste. Le mieux est encore de vous laisser juger par vous-mêmes, grâce à l’enregistrement de cette conférence réalisé par ReOpen911. [...]
Abordons maintenant le fâcheux, voire le désolant, que les internautes visionnant la vidéo ne peuvent pas connaître. À la suite de l’exposé, il y eut bien sûr une séance de questions. Parmi les courageux volontaires, mon ami – qui s’occupe d’un bureau d’études où l’on pratique quotidiennement une science appliquée appelée résistance des matériaux – s’adressa à Richard Gage pour lui faire part d’une incompréhension : comment est-il possible pour un avion de transport civil, constitué d’une structure légère en alliage d’aluminium recouverte d’une peau métallique fine, de faire de tels dégâts dans des gratte-ciel dont les « murs » extérieurs sont constitués de colonnes carrées creuses en acier très épais (un peu plus de 2 cm à la hauteur du crash) ? N’est-ce pas contradictoire avec toutes les règles de résistance des matériaux, où le plus résistant entaille le moins résistant, et non l’inverse ? Si l’on peut concevoir que les pièces les plus massives (réacteurs, trains d’atterrissage) fassent de gros dégâts voire sectionnent ces colonnes extérieures en arrivant à plus de 900 km/h, comment imaginer que pas même un morceau de queue n’ait été prié de rester dehors ?
Loin d’être scientifique ou technique, la réponse de Richard Gage fut uniquement politique, au sens péjoratif du terme : il s’employa à discréditer l’auteur de la question, en s’adressant au reste de la salle qu’il prit à témoin pour lui demander, en gros, de huer cet impertinent qui faisait perdre du temps à sa noble cause en posant des questions aussi stupides qui risquaient de diviser les troupes. Inutile de dire qu’un tel comportement, dans un congrès scientifique, serait immédiatement perçu comme ce qu’il est : le contraire de la démarche scientifique, le contraire de cette méthode que Richard Gage avait pourtant lui-même très correctement résumée.