La Turquie et les États-Unis ont convenu samedi d’accélérer la préparation de la chute probable du président syrien, Bashar al-Assad, et de créer une équipe bilatérale officielle pour soutenir l’opposition, apporter de l’aide aux réfugiés en fuite et anticiper les pires scénarios possibles, dont l’utilisation d’armes chimiques.
À la conférence de presse sur place, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et le ministre turc des Affaires Étrangères, Ahmet Davutoglu, ont déclaré que la situation en Syrie empirait – alors que la bataille à Alep continue de faire rage – et qu’il était temps de créer un centre nerveux de partage et d’organisation de l’information. Annonçant ainsi qu’une Task Force commune comprenant des responsables politiques, militaires, et des renseignements serait formée pour suivre l’évolution de la situation présente de la Syrie et préparer son futur.
« Ce dont le ministre et moi avons convenu, c’est d’une préparation opérationnelle intensive » a déclaré Mme Clinton « Nous avons été très coordonnés sur l’ensemble de ce conflit mais maintenant nous devons rentrer dans les détails ».
Mme Clinton a aussi annoncé un budget supplémentaire de 5,5 millions de dollars pour l’aide humanitaire aux réfugiés, en laissant ouverte la possibilité d’une zone d’exclusion aérienne, suggérant que l’équipe nouvelle, chargée d’une « analyse intensive » de toutes les options possibles, pourrait être le précurseur d’une aide plus directe. Mais elle a coupé court quant à la description des plans d’aide actuels ou futurs aux combattants de l’opposition syrienne.
Le lendemain de manifestations à Alep scandant « donnez nous des armes anti-aériennes », les responsables américains disent que les États-Unis restent septiques à l’idée d’apporter des armes ou un soutien aérien parce que cela pourrait appeler une réponse violente, non seulement de la Syrie, mais aussi de la Russie, de l’Iran et des autres alliés de M. Assad qui se sont fortement opposé à toute intervention étrangère.
Faisant allusion à la peur d’une guerre plus grande, Mme Clinton a déclaré samedi que le but de cette équipe était de hâter le départ de M. Assad, mais « d’une manière qui ne cause pas davantage de morts, de blessés et de destruction ».
La Turquie est un centre naturel pour toutes sortes d’actions en Syrie. Ancienne alliée de la Syrie, elle a déclaré son allégeance aux rebelles ; beaucoup de groupes d’opposition syriens sont basés en Turquie, et sa frontière est devenue le principal point de distribution d’armes et d’aide aux rebelles, qui ont ouvert une voie d’approvisionnement jusqu’à Alep.
Samedi, M. Davutoglu a souligné plus durement que Mme Clinton le besoin d’action. En décrivant une crise humanitaire à Alep et la détresse des réfugiés qui fuient sur les routes sous le feux des forces syriennes, déclarant « La communauté internationale doit prendre des mesures décisives pour arrêter cela ».
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Après dix-sept mois de conflit et au moins cinq « d’aide non-létale » américaine, des signes d’aide internationale sont récemment apparus. Plus de commandants rebelles ont des téléphones satellites et des moyens de protéger leur communication. Le Qatar et l’Arabie Saoudite ont mené les efforts pour armer les opposants, que les responsables des renseignements américains ont aidé à sélectionner.
Les rebelles disent que l’aide jusqu’à présent est loin d’être suffisante. « On ne veut pas d’argent ni de nourriture, tout ce dont on a besoin ce sont des armes. Nous en manquons », a déclaré Abu Mohammed, un commandant de brigade rebelle à Alep. « Nous avons besoin de missiles sol-air et un grand besoin de munitions ».