La prochaine fois qu’un de vos amis vous dira que la gauche doit défendre l’immigration parce que c’est généreux, vous pourrez lui répondre cela.
L’immigration - à distinguer du voyage par plaisir - en tant que processus peut être appréhendée selon cinq points de vue.
Du point de vue de l’immigrant, il s’agit d’un déracinement. Comme les Lorrains du roman de Maurice Barrès, les Déracinés, celui qui quitte son pays par nécessité économique se retrouve dans un environnement différent de celui de son origine. Ainsi, il sera dans un autre climat, ce qui peut être un réel choc ; confronté à d’autres moeurs, concernant la ponctualité, ou les moyens d’exprimer son respect. Au final, ne maîtrisant pas les codes, et bien souvent étant sous-qualifié, il sera systématiquement au bas de l’échelle sociale. Là où par son travail, dans son pays d’origine, il aurait pu devenir prospère, dans le pays d’arrivée, il devra se contenter des basses tâches. Il sera perdant culturellement et économiquement.
Du point de vue du pays de départ, c’est une perte de force de travail. Ainsi, le travailleur manuel partant pour devenir balayeur, plutôt que paysan ou artisan dans son pays, ne contribuera pas au développement de ce dernier. Quant au travailleur intellectuel, finissant ses études en Europe, il y restera bien souvent une fois ses études finies, alors que son pays aurait besoin de ses compétences. Le cynisme va même jusqu’à enseigner dans les universités sénégalaises ou maliennes, non pas l’histoire et le droit de ces pays, disciplines éminemment nationales, mais le droit et l’histoire de France, quand paradoxalement, l’éducation nationale cherche à enseigner dès le collège l’histoire africaine, mais certainement pas par le prisme de l’excellent Bernard Lugan. Les pays de départ sont donc perdants face à la fuite de leur force de travail.
Du point de vue du travailleur originaire du pays d’arrivée, il se retrouve mis en concurrence avec un supplément de demandeurs d’emplois, sur le marché du travail qui comme tout autre, répond à la loi de l’offre et de la demande. Ainsi, l’offre de force de travail augmentant, son prix diminue. Il fut erroné de dire que les immigrés prenaient le travail des Français, en effet, leur présence suffisait à faire baisser les salaires, tout en provoquant une confrontation culturelle d’autant plus violente qu’elle accompagne une paupérisation. Ils sont aussi perdants économiquement et culturellement.
Du point de vue des grandes entreprises taylorisées, qui ont besoin de beaucoup de main d’oeuvre, peu qualifiée et peu chère, la mise en concurrence des travailleurs permet de jouer à la baisse sur les salaires. De plus, des immigrés peu qualifiés sont adaptés à des travaux ne demandant que de répéter des gestes mécaniques. En outre, ces nouveaux arrivants, ne seront pas susceptibles de devenir des militants syndicaux, cette pratique étant fort éloignée de leurs us. Les grandes entreprises sont gagnantes car elles peuvent baisser les salaires, et écarter la contestation syndicale, en se donnant même la caution morale de l’antiracisme.
Du point de vue des PME/PMI, les arrivants, peu qualifiés ne sont pas une main d’oeuvre embauchable. En effet, dans une PME, il y a peu de salariés. La qualité du recrutement est alors indispensable à sa survie. Ils doivent donc être qualifiés. Or c’est peu le cas des nouveaux arrivants. Par contre ces derniers devant être logés, des programmes sociaux utilisent une partie des impôts prélevés sur les PME. De plus les grandes entreprises susceptibles de leur faire concurrence, pourront baisser leur charges et définitivement faire basculer le rapport de force à leur bénéfice. Les PME n’y gagnent pas de main d’oeuvre, perdent des marchés et y perdent fiscalement.
Vous pourrez alors demander à votre ami si l’immigration est toujours un projet généreux.