Le 30 novembre prochain, les Suisses se prononceront sur un référendum qui pourrait aboutir au rapatriement des réserves d’or du pays.
La votation « Il faut sauver l’or suisse » a été proposée par un parlementaire, Luzi Stamm. Avec deux autres députés, il a recueilli les 100 000 signatures nécessaires à l’organisation d’un référendum national. Ils s’inquiétaient de ce qu’une partie de ces réserves d’or suisses ont été confiées à des pays qui ont été frappés par de graves crises économiques, en particulier les États-Unis et les pays de la zone euro.
Mais en avril 2013, par « souci de transparence », la Banque nationale suisse (BNS) a indiqué qu’elle conservait elle-même sur le territoire suisse 70 % des 1 040 tonnes d’or du pays, et que le stockage des 30 % restants était partagé entre la Banque d’Angleterre (20 %) et la Banque centrale du Canada (10 %).
Outre le retour des réserves d’or de la Suisse détenues à l’étranger, les trois députés réclament que la BNS soit contrainte de détenir 20 % de ses réserves en or, et l’arrêt de la revente des réserves d’or.
La Suisse a revendu la moitié de ses 2 600 tonnes d’or en 1999, alors que les cours étaient au plus bas, rappelle Egon von Greyerz, le fondateur de Matterhorn Asset Management AG (MAM) et de GoldSwitzerland sur le site Goldbroker. Une partie significative des réserves restantes a été louée ou vendue.
Von Greyerz explique pourquoi la BNS répugne à organiser l’audit de l’or physique stocké à l’étranger :
La plupart des gouvernements et des banques centrales n’aiment pas l’or, car il révèle la baisse de valeur de la monnaie-papier. Depuis la création de la FED aux États-Unis en 1913, toutes les grandes monnaies, dont le franc suisse, ont perdu entre 97 % et 99 % de leur valeur par rapport à l’or. Voltaire disait déjà en 1729 : « Toutes les monnaies de papier retournent à leur valeur intrinsèque – ZERO. »
Les Suisses ne sont pas les seuls à réclamer le rapatriement de leurs réserves d’or détenues à l’étranger. En janvier, c’est l’Allemagne qui a manifesté une certaine nervosité au sujet de ses réserves d’or réparties entre la Réserve fédérale de New York, la Banque d’Angleterre, et la Banque de France.
Le pays a initié un programme de rapatriement progressif de ses réserves, et il souhaite avoir récupéré la moitié de ses réserves physiques du métal précieux d’ici 2020. La Bundesbank a missionné certains des membres de son conseil de gouvernance pour qu’ils se rendent à New York constater par eux-mêmes que les réserves d’or que l’Allemagne conserve aux États-Unis s’y trouvent toujours.
En mai, la Banque nationale d’Autriche a suivi son exemple, et elle a annoncé l’envoi d’experts indépendants à Londres pour faire un inventaire des réserves d’or que le pays détient dans les coffres de la Banque d’Angleterre.