La Chine, l’un des plus gros pays consommateurs d’or, a lancé jeudi un nouveau marché pour le métal jaune, basé dans la zone franche de Shanghai et ouvert aux investisseurs étrangers, espérant populariser un cours de l’or libellé en yuans.
Le Shanghai Gold Exchange, opérateur chinois pour les métaux précieux, a crée une place d’échanges "internationaux" dans le territoire shanghaïen, dans le but avoué de "concurrencer un jour les places de New York et de Londres" pour les transactions sur l’or, a rapporté l’agence officielle Chine nouvelle.
Cette Bourse sera ouverte aux institutions financières étrangères, a-t-elle ajouté.
Actuellement, le Shanghai Gold Exchange, ouvert en 2002, comprend parmi ses membres seulement une poignée de firmes non-chinoise, étant ainsi particulièrement fermé aux investisseurs étrangers.
"Ce marché international (dans la zone franche) transforme en réalité le projet d’ouverture du marché chinois de l’or", s’est félicité Xu Luode, président du Shanghai Gold Exchange, cité par un média chinois.
Le porte-parole de l’opérateur, Gu Wenshuo, sollicité par l’AFP, s’est refusé à livrer de plus amples détails.
Les contrats pour les échanges d’or sur la nouvelle place seront libellés en yuans, et c’est dans cette monnaie que les investisseurs devront réaliser les transactions —et non pas en dollars, devise de référence sur le marché international des métaux précieux.
Selon des officiels du secteur, des investisseurs basés hors de Chine pourront utiliser des fonds en yuans situés à l’étranger - en ligne avec les efforts de Pékin pour accélérer l’internationalisation de sa devise.
De même, des stocks d’or venant de l’étranger pourront être entreposés dans la zone franche pour y être livrés sous forme physique aux investisseurs-acquéreurs.
"Tout cela va permettre à un nombre accru d’acteurs internationaux d’entrer sur le marché chinois" et doper les échanges, a réagi Albert Cheng, directeur pour l’Asie orientale du Conseil mondial de l’or (CMO), fédération réunissant les grands producteurs aurifères.
"Le Shanghai Gold Exchange a l’ambition de s’ouvrir à de nouveaux membres d’envergure mondiale, qu’ils soient fournisseurs d’or ou investisseurs", a-t-il indiqué à l’AFP.
La demande d’or en Chine continentale représentait 192,5 tonnes au deuxième trimestre, soit environ un quart de la demande mondiale, selon le CMO. Il s’agit du deuxième plus gros pays consommateur d’or après l’Inde.
De plus, ce marché shanghaïen est inauguré alors que plusieurs autres opérateurs ont fait état de leur intention de lancer dans les prochains mois en Asie de nouveaux contrats à terme sur l’or, à Hong Kong et Singapour, afin de profiter du fort essor de la demande dans la région.
Pour le contrat de référence sur ce marché shanghaïen nouvellement ouvert, le cours de l’or avait été fixé jeudi, avant le début des échanges, à 245,28 yuans (40 dollars) par gramme, selon une déclaration de l’opérateur.
C’était donc un peu au-dessus du cours de l’or sur la place londonienne au fixing du matin jeudi (1 223 dollars pour une once, soit 31,1 grammes).
La zone franche de Shanghai, première de ce type, avait été inaugurée en septembre 2013, Pékin souhaitant en faire un laboratoire de ses réformes économiques et financières, avec l’objectif d’y autoriser à terme la libre convertibilité du yuan - dont les échanges restent encore très encadrés.
De fait, les contrôles sur les taux d’intérêt des dépôts bancaires en devises étrangères y ont été levés au printemps.
Mais de l’avis des experts, l’ampleur des restrictions et le manque de visibilité sur la mise en oeuvre des règles annoncées ont dissuadé beaucoup d’entreprises étrangères d’y développer leurs activités.
Le Premier ministre Li Keqiang a visité jeudi la zone franche, pour apporter son soutien à son développement, selon les autorités shanghaïennes. La presse avait fait état cette semaine du limogeage du responsable de la zone franche, objet d’une enquête pour corruption.