« Ils ne peuvent quand même pas tout nous prendre ? » s’inquiète Thanassis, la cinquantaine, ancien cadre du bâtiment licencié en 2011 juste après le déclenchement de la crise. Depuis quelques semaines, il se sent pris au piège.
« Les lettres de la banque se font de plus en plus menaçantes. On me demande de régler dans les plus brefs délais l’intégralité de mes 45 000 € de dettes. Sinon, c’est dehors ! » Cette somme, Thanassis ne l’a évidemment pas. Il risque de se voir saisir son appartement de 90 m² en banlieue d’Athènes, où il habite avec ses deux fils, étudiants à l’université, et sa femme. Professeur dans une école privée, Louiza perçoit 1 300 €, un salaire amputé de 40 % ces dernières années, qui représente pourtant l’unique ressource du foyer. Insuffisant pour s’acquitter des 700 € mensuels qu’exige la banque, au titre du remboursement d’un prêt immobilier et de crédits à la consommation.
« À la fin des années 1990, les banques faisaient tout pour attirer les clients avec des prêts très alléchants, explique Thanassis. Je gagnais 3 000 € par mois. J’ai pu faire un emprunt de 230 000 € pour m’acheter cet appartement et je n’avais alors aucun problème pour régler mes mensualités. » Au moment du licenciement, son employeur lui doit plusieurs mois de salaire impayés. Le fisc, lui, exige malgré tout des impôts sur ces revenus non versés. Rapidement, l’ex-cadre arrête de rembourser ses emprunts. Les intérêts grimpent, sa dette avec. Cette spirale infernale toucherait près de 150 000 foyers à travers le pays. « Je suis passé de la classe moyenne supérieure à la pauvreté, et, désormais, je risque même de devenir SDF. Alexis Tsipras nous avait dit qu’il nous protégerait... »