Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a annoncé, le 20 avril, lors d’un déplacement à Istanbul (Turquie), que les Etats-Unis avaient l’intention de doubler leur aide non-létale à la rébellion syrienne, actuellement aux prises avec les forces du régime de Bachar el-Assad, lequels semblent reprendre l’initiative dans la région de Damas et dans celle de Homs.
“Le président (Barack Obama) m’a demandé d’augmenter nos efforts”, a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu, et Ahmad Moaz Al-Khatib, le chef démissionnaire de la Coalition nationale de l’opposition syrienne (CNS). “Ce conflit déborde maintenant des frontières (de la Syrie) et menace les pays voisins. Ce bain de sang doit cesser”, a-t-il ajouté.
A l’issue d’une réunion du groupe des Amis de la Syrie, M. Kerry a précisé, par voie de communiqué, que le montant total de l’aide américaine à la rébellion s’éleverait à 250 millions de dollars. Jusqu’à présent, les Etats-Unis avaient livré aux rebelles syriens des rations alimentaires ainsi que des kits médicaux. Là, il est question de matériels militaires non létaux. “La nature de ces équipements sera déterminée en collaboration avec le commandement militaire de l’opposition”, a précisé le texte.
D’après les médias américains, il s’agirait d’envoyer aux rebelles syriens des gilets pare-balles, des lunettes de vision nocturne, voire des véhicules. En revanche, il n’est toujours pas question de livrer des armes, comme le demande l’Armée syrienne libre (ASL).
Le problème est de pouvoir s’assurer qu’elles ne puissent pas finir dans les mains des groupes insurgés jihadistes, comme le Front al-Nosra, qui vient de faire allégeance à al-Qaïda. Et ces derniers bénéficieraient déjà de livraisons d’armes faites par le Qatar et l’Arabie Saoudite.
Si la rébellion modérée “n’est pas soutenue et aidée, ce sont les extrémistes – parmi lesquels al-Nosra – qui risquent de l’emporter”, a estimé Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, dont les propos ont été rapportés par le Figaro. Pour le moment, seuls le Royaume-Uni et la France (et encore, Paris souffle le chaud et le froid…) sont favorables à une levée de l’embargo sur les livraisons d’armes armes imposé au territoire syrien par l’Union européenne.
Cela étant, l’Allemagne semble avoir subtilement infléchi sa position. “Si un ou deux pays de l’UE jugent qu’il n’y a pas de risque que les armes tombent en de mauvaises mains, alors nous devrons respecter leur avis”, a fait valoir Guido Westerwelle, le chef de la diplomatie allemande. Seulement, il ne peut y avoir aucun certitude en la matière…
Pour le moment, les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Luxembourg, ce 22 avril, ont seulement convenu de lever partiellement l’embargo pétrolier appliqué depuis septembre 2011 à l’égard de la Syrie, afin de permettre aux rebelles de relancer les champs pétrolifères dans les régions passées sous leur contrôle. “Nous répondons ainsi aux critiques de l’opposition et de la population, qui affirment être plus affectées par les sanctions internationales que le régime de Bachar al-Assad”, a expliqué un haut-responsable de l’UE.
Quoi qu’il en soit, en Israël, l’on regarde de près ce débat sur la livraison d’armes à la rébellion syrienne. “Armer les rebelles pose la question de quels rebelles et quelles armes, C’est une question extrêmement difficile pour chaque pays”, a déclaré Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, lors d’un entretien accordé le 17 avril à la BBC. “Nous sommes inquiets que des armes capables de changer l’équilibre des forces au Proche-Orient tombent entre les mains des terroristes”, a-t-il ajouté, en faisant référence au Hezbollah libanais ainsi qu’aux groupes jihadistes syriens. “Israël se réserve le droit d’empêcher que cela se produise”, a-t-il ainsi prévenu.
D’ailleurs, le 30 janvier dernier, l’Etat hébreu a déjà mené une opération visant à empêcher un transfert d’armes prises dans les arsenaux syriens au Hezbollah, en bombardant un convoi de missiles sol-air ainsi que des bâtiments soupçonnés d’abriter des munitions chimiques.
Ce raid a été reconnu implicitement ce 22 avril par Moshé Yaalon, le ministre israélien de la Défense, lors d’une conférence de presse avec Chuck Hagel, son homologue américain, après avoir affirmé que son pays “ne permettrait pas que des armes sophistiquées en Syrie tombent aux mains du Hezbollah ou d’autres éléments hostiles.” “Lorsqu’ils ont franchi cette ligne rouge, nous avons agi”, a-t-il affirmé.
En outre, et d’après le Figaro, la Jordanie permettrait aux drones israéliens de survoler son territoire afin de leur permettre de mener des missions de renseignement au-dessus de la Syrie. Cette décision aurait été prise par le roi Abdallah en mars dernier. Elle
“Les drones israéliens volent durant la nuit”, a confié une source militaire au quotidien. “Ils font de la reconnaissance mais ils sont aussi armés et peuvent donc frapper une cible n’importe où en Syrie” a-t-elle ajouté, en précisant que “les Syriens disposent de moyens antiaériens russes, mais les aéronefs israéliens sont difficiles à détecter et donc quasiment à l’abri d’une contre-mesure.”