Une vidéo disponible sur Internet depuis mardi montre que des caisses d’armes, de munitions et de médicaments largués par les États-Unis ont atterri dans les mains des jihadistes de l’EI, au plus grand embarras de l’état-major US. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a jugé mercredi « mauvaise » la décision des États-Unis de larguer des armes et des munitions aux combattants kurdes qui défendent la ville syrienne kurde de Kobané assiégée par les jihadistes.
« Il est aujourd’hui clair que (cette décision) était mauvaise », a estimé M. Erdogan, expliquant que ces armes étaient tombées entre les mains du principal parti kurde de Syrie, le Parti de l’union démocratique (PYD), considéré par Ankara comme une organisation terroriste, et du groupe État islamique (EI).
Sur ces images relayées par France 24, un homme explique : « Ce sont les aides américaines jetées aux infidèles. Dieu soit loué, c’est un butin pour les moujahidines. »
Après avoir multiplié les frappes aériennes contre les positions des jihadistes qui font le siège de Kobané, les Américains ont procédé tôt lundi à un premier largage aérien d’armes, de munitions et de matériel médical aux forces des Unités de protection du peuple (YPG), la branche armée du PYD à la pointe du combat contre l’EI. Une partie de cette cargaison aurait donc été larguée dans un secteur tenu par l’EI.
« Nous voyons aujourd’hui clairement à qui cette aide a bénéficié. Il ne faut pas mener ce type d’opération uniquement pour les apparences, il y a des moyens beaucoup plus raisonnables et efficaces de le faire », a insisté M. Erdogan.
Erdogan craint de renforcer le PKK, ennemi de la Turquie
« Toute aide fournie au PYD va bénéficier au PKK (les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan). Et nous, la Turquie, nous devons nous battre contre ça », a-t-il poursuivi devant la presse, avant de s’envoler pour une visite officielle en Lettonie.
« Je ne comprends pas pourquoi Kobané est d’une importance si stratégique aux yeux des Américains, il n’y a plus aucun civil dans la ville », a-t-il poursuivi.
La Turquie a jusque-là refusé d’intervenir militairement pour venir en aide aux défenseurs de Kobané, craignant qu’une telle opération ne profite au régime du président syrien Bachar el-Assad, sa bête noire, et ne renforce les Kurdes.
Sous la pression des États-Unis, elle a toutefois annoncé lundi qu’elle était prête à laisser passer par son territoire d’éventuels renforts de combattants kurdes irakiens, les « peshmergas », à destination de Kobané.