Au vu du contexte actuel, marqué par la crise russo-ukrainienne, l’annonce faite par les États-Unis de l’envoi de 3 bombardiers stratégiques B-52 en Europe peut être interprété comme étant un message politique envoyé aussi bien à l’intention de Moscou qu’a celle des pays alliés qui redoutent, à tord ou à raison, d’être à leur tour déstabilisés par la Russie. Et cela d’autant plus qu’elle vient un jour après la promesse du président Obama, de renforcer la présence militaire américaine sur à l’est du Vieux Continent.
Ainsi, deux B-52 Stratorfortress de la base de Barksdale (Louisiane) et un autre de celle de Minot (Dakota du Nord) sont arrivés le 4 juin en Angleterre, précisément à Fairford, où l’aviation américaine dispose de facilités.
« Au cours de ce déploiement, qui s’étendra sur environ 2 semaines, les bombardiers multi-rôles effectueront des vols d’entraînement dans la zone d’opération de l’US European Command, afin d’aiguiser les compétences des équipages dans plusieurs ensembles opérationnels et de les familiariser avec les bases aériennes et les opérations dans la région », a expliqué l’US Air Force, qui précise que les B-52 n’emporteront pas d’armes.
Et d’ajouter : « Le département de la Défense effectue régulièrement des missions de formation au profit de ses commandements régionaux pour garantir une capacité crédible et flexible visant à répondre à une variété de menaces potentielles ».
L’un de ces B-52 participera aux cérémonies marquant le 70e anniversaire du Débarquement en Normandie en survolant la commune de Graignes, le 7 juin, en signe de reconnaissance du rôle joué par l’aviation américaine dans cette opération.
Mais ces appareils – et le communiqué de l’US Air Force ne le précise pas – devraient prendre part aux exercice Baltops et Saber Strike (Coup de Sabre), qui dureront du 9 au 21 juin. Ces manoeuvres, qui rassembleront plus de 2 000 hommes venus de 9 pays, seront organisés dans les pays baltes et en Pologne.
La Russie pourrait prendre ombrage de la présence de ces 3 bombardiers stratégiques, qui ne sont pas les plus récents (l’envoi de furtifs B-2 Spirit ou de B-1 Lancer aurait une portée plus importante), près de ses frontières. Mais ce ne serait finalement qu’un prêté pour un rendu.
En mai dernier, le général Herbert « Hawk » Carlisle, commandant des Forces aériennes du Pacifique, avait indiqué, devant le Center for Strategic and International Studies, avoir constaté une hausse significative des vols de bombardiers stratégiques russes à proximité des côtes californiennes et de l’île de Guam, où est implantée une importante base américaine.
« C’est pour démontrer leurs capacités et recueillir du renseignement », avait-il commenté, ajoutant que les appareils russes s’étaient également intéressés aux exercices militaires impliquant les forces américaines et sud-coréennes. « Certes, ce qui se passe en Ukraine et en Crimée est un défi pour nous… Et c’est aussi un défi pour nous en Asie-Pacifique », avait-il estimé.