Comme le Japon, la Corée du Sud craint d’être la cible de missiles balistiques tirés par la Corée du Nord. Et cela d’autant plus qu’aucun traité de paix n’a été signé par les deux pays à la suite de l’armistice de Panmunjon qui, en 1953, mit un terme aux combats les ayant opposés.
Pour contrer cette menace, les États-Unis envisagent de déployer, sur le territoire sud-coréen, un système antimissile THAAD (Terminal High Altitude Area Defense). Des échange d’informations au sujet de ce dernier ont eu lieu entre Washington et Séoul.
Le 15 mars, l’agence Yonhap a indiqué que le déploiement d’un tel système serait temporaire et ne pourrait se faire qu’en cas « d’urgence sur la péninsule coréenne ». « D’après ce que je sais, le THAAD est facilement transportable avec un avion militaire américain », a confié une source militaire sud-coréenne. Mais en l’état actuel des choses, aucune décision allant dans ce sens n’a été prise.
Dans le même temps, des élus sud-coréens plaident pour l’acquisition d’un tel système. « Comment pouvons-nous combattre avec un couteau lorsque la Corée du Nord brandit un pistolet ? », a ainsi demandé Yoo Won-chul, un influent député proche du gouvernement au pouvoir.
Mais, pour le moment, on n’en est pas encore là, d’autant plus qu’un tel achat soulèverait la question d’une éventuelle intégration au système de défense antimissile américain. En outre, Washington plaide plutôt pour un bouclier qui serait commun au Japon – qui est déjà bien doté en la matière – et à la Corée du Sud.
Quoi qu’il en soit, la possibilité qu’une batterie THAAD, à vocation défensive, puisse être déployée, même temporairement, sur le territoire sud-coréen, ne manque pas de susciter des protestations nord-coréennes, bien sûr, mais aussi chinoises et russes.
« En essayant de déployer le THAAD sur le sol sud-coréen, les Etats-Unis cherchent à préparer une attaque préventive à notre encontre et à créer des conditions favorables pour dominer leurs rivaux stratégiques que sont la Chine et la Russie en vertu de leur stratégie visant la suprématie mondiale », a résumé, le 26 mars, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères de Pyongyang.
« En cas de déploiement du THAAD en Corée du Sud, s’installera une nouvelle structure de guerre froide en Asie du Nord-Est et augmentera le risque de voir la péninsule coréenne devenir à nouveau un champ de bataille des grandes puissances », a-t-il ajouté. « Plus les Etats-Unis et les fantoches sud-coréens s’attacheront à l’exercice de guerre contre notre République et au renforcement des forces militaires, plus notre force de dissuasion de guerre sera puissante », a averti le ministère nord-coréen. Sans blaguer.
Même chose du côté russe. « Un tel développement ne peut que susciter notre inquiétude face au caractère destructeur du système mondial de défense antimissile des États-Unis pour la sécurité internationale », a fait valoir la diplomatie russe. « Dans une région où la situation est déjà extrêmement compliquée en termes de sécurité, cela pourrait être un pas de plus vers une course aux armements en Asie du Nord-est et compliquer encore davantage la résolution du problème nucléaire dans la péninsule coréenne », a-t-elle continué.
Surtout, la Russie, proche de la Corée du Nord, redoute qu’une défense anti-missile sud-coréenne soit de nature à porter atteinte à la crédibilité de ses forces stratégiques. Tout comme la Chine, qui, au cours de ces dernières semaines, a exprimé sa préoccupation au sujet de cette batterie THAAD.
« Le gouvernement chinois a appelé à plusieurs reprises Séoul à aborder cette question de manière prudente, probablement en raison des inquiétudes selon lesquelles une telle décision serait destinée à contenir une Chine de plus en plus puissante », a écrit l’agence Yonhap, le 16 mars dernier.