Dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse, Thucydide, le célèbre historien athénien, évoque le procès des Hermocopides (415 av. J.-C.). Des sculptures d’Hermès « ayant la double fonction de sanctifier et de marquer les limites géographiques », avaient été profanées.
Dans ce texte ancien, on trouve déjà cette crue vérité : « Le peuple est incapable de raisonner ; il se laisse manipuler par les orateurs. » Les orateurs, c’étaient les démagogues et les différents rhéteurs de l’époque.
Depuis, le « tamtam » médiatique a amplifié le phénomène. Nous avons également lu la Psychologie des foules de Le Bon, Propaganda de Bernays ou encore les travaux Lucien Cerise sur l’ingénierie sociale.
Tout ça pour dire que 400 ou 500 ans avant la naissance du Christ, le vers démocrate était déjà dans le fruit politique.
D’ailleurs Rousseau, l’anti-démagogue, publiera en 1762 son Contrat social, où l’on trouve ceci : « S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes. »
On ne peut que lui donner raison. L’égalité et la liberté, fondements de la démocratie sont les chimères de sa mystique. Jamais l’humanité ne saura fonder un système politique viable partant de ces principes utopiques. Vous avez derrière vous plus de 250 ans d’expérience empirique pour le constater. Il faut simplement l’accepter et trouver une solution viable.
Comment, en 2025, ne pas percevoir cette tyrannie qu’on trouve dans les systèmes démocratiques, particulièrement en France ? « Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour peuple » ! Qu’on me cite un seul demeuré qui croit encore cela aujourd’hui !
Demander l’avis au people ?!
Opinion impopulaire : je suis contre l’usage du referendum. C’est une arme populiste que le RN veut utiliser pour faire reculer les droits des étrangers - et nos droits à tous.
Explications : pic.twitter.com/snTtF06eGB
— Mathieu Slama (@mathieuslama) May 12, 2025
Avec l’avènement de la démocratie post-Révolution française, la civilisation qualitative a été remplacée par la civilisation quantitative. En effet, préfaçant une nouvelle édition de La Mystique démocratique, livre trop peu connu du grand Louis Rougier publié en 1929, Alain de Benoist note ceci :
« Aux yeux de Rougier, il ne fait pas de doute que c’est la mise en œuvre de la "mystique démocratique" qui a permis le passage des civilisations qualitatives aux civilisations quantitatives. Historiquement, l’égalitarisme est constamment associé à l’universalisme, qui tend à réaliser partout l’homogénéisation des modes de vie et des comportements. L’équivalence essentielle des individus, impliquée par l’idée égalitaire, nivelle les différences et produit l’érosion des identités collectives. La "mystique du nombre" réduit les hommes à des valeurs purement numériques, et parfois même à des choses, les relations entre les hommes se calquant progressivement sur celles que les hommes entretiennent avec les objets. Sous les formes les plus diverses, l’idée se répand qu’il existe des clés explicatives universelles, des systèmes sociaux qui conviennent à tous les hommes de tous les temps ; l’humanité elle-même est censée obéir tout entière aux mêmes lois. »
La « mystique » démocratique est donc bien liée à ce que Guénon appelait le « règne de la quantité ». Nous trouverons également un écho à ce qu’écrira plus tard Alain Soral dans Comprendre l’Époque – Pourquoi l’égalité ?
La démocratie (de marché et d’opinion) est bien une mystique et possède ses dogmes et ses fanatiques, qui en font l’unique système politique viable (quand ça les arrange) et jette l’anathème sur toutes les alternatives. D’ailleurs est-il possible, sans être antidémocrate, de n’être simplement pas démocrate, sans devenir hérétique ? Sans sortir de l’humanité et donc finir par ne plus bénéficier des droits de l’homme ?
Et si c’était la démocratie, les droits de l’homme, la conscience universelle, la morale du camp du bien et son ingérence humanitaire, l’ONU, l’OMS, l’UE, bref tout l’Occident collectif post-Nuremberg, qui incarnait le totalitarisme ? Ne serait-ce pas l’empire du mensonge dont parle Poutine et la société décrite par Orwell dans 1984 ?
