L’engagement de la population pour une Autriche indépendante et la résistance contre une Union européenne (UE) toujours plus despotique prend de l’ampleur.
En juin 2015, une coalition de divers mouvements écologistes et patriotiques, entre autres le mouvement indépendant « Initiative Heimat&Umwelt », a réussi à récolter 261 056 signatures pour une consultation populaire officielle, admise par l’État, ce qui fut totalement ignoré par les médias. C’est un énorme succès ! 100 000 signatures auraient suffi.
De ce fait l’initiative populaire optant pour la sortie de l’Autriche de l’UE a été soumise au Conseil national autrichien. Étant donné qu’en Autriche une initiative populaire, même avec 261 056 signatures, ne doit pas forcément être soumise au peuple, c’est au Conseil national de décider de la suite des opérations. En Suisse, les initiatives populaires présentées avec 100 000 signatures et les référendums (contre des lois adoptées par le Parlement) avec 50 000 signatures sont obligatoirement soumises au peuple. Dès la première audition au Conseil national, une grande partie des conseillers nationaux firent la fine bouche. Les auteurs de l’initiative ont dû lutter pour chaque minute de temps de parole en faveur de leurs experts (Prof. Dr. Heinrich Wohlmeyer et Prof. Dr. Karl Albrecht Schachtschneider) dans une commission préparatoire.
Le 27 janvier, lors du débat en plenum du Conseil national, le groupe parlementaire du FPÖ [Freiheitliche Partei Österreichs] déposa soudainement une demande pour une consultation populaire concernant la sortie de l’UE. Cela peut signifier un premier pas important pour la sortie de l’UE au niveau parlementaire, selon Inge Rauscher, responsable de l’Initiative populaire pour la sortie de l’UE, lors d’un communiqué de presse APA-OTS. À l’encontre des initiatives populaires, pour lesquelles il est, selon le droit autrichien, nécessaire de déposer sa signature publiquement avec adresse auprès des autorités communales ou municipales, il faut, pour une consultation populaire, une majorité pour ou contre (dans notre cas concernant la sortie de l’Autriche de l’UE) en déposant son bulletin de vote dans le secret des urnes. Même si les résultats d’une telle consultation populaire ne sont pas contraignants pour le gouvernement, aucun parti politique sérieux ne peut se permettre de les ignorer.
Ont voté en faveur de la demande du FPÖ l’ensemble de son groupe parlementaire, celui du groupe « Team Stronach » (du nom de celui qui a récemment fondé ce nouveau parti) ainsi que les trois parlementaires indépendants, donc au total 47 parlementaires. Ont voté contre la majorité du SPÖ/ÖVP/Verts/NEOS. (Les députés qui s’étaient prononcés avant les élections et même lors des débats du 27 janvier en faveur de la démocratie directe se sont également opposés.) La demande fut refusée, toutefois la question restera intéressante pour un futur gouvernement de coalition.
Horizons et débats s’est entretenu de la situation actuelle en Autriche avec Helmut Schramm, l’un des responsables de l’« initiative pour la sortie hors de l’UE ».
Horizons et débats : Comment se présente pour vous la situation actuelle de l’Autriche au sein de l’UE ?
Helmut Schramm : En tant que fervent partisan d’une démocratie aussi directe que possible et du maintien de la neutralité de l’Autriche de 1955, je suis malheureux de constater la situation actuelle du pays. Les Autrichiens continuent de vivre dans une « particratie », dans une « démocratie de spectateurs » qui est bien éloignée du modèle suisse à succès. On en a une nouvelle preuve avec la manière dont le Parlement a traité l’Initiative pour la sortie de l’UE – loin d’un véritable débat démocratique –, avec l’envoi de soldats autrichiens dans des régions de guerre de l’OTAN, telles que le Mali et avec notre participation aux sanctions économiques de l’UE contre la Russie. Le chômage et les dettes publiques atteignent des sommets. Les salaires stagnent et nous ressentons tous massivement la perte du pouvoir d’achat depuis l’adhésion à l’UE.