À la suite des « 11 septembre français » à répétition, nous découvrions très vite, comment la nomenklatura de la bien-pensance politique et en son sein les apparatchiks de service, instrumentalisaient instantanément ces événements. Nous découvrions, quasi en temps réel, la désignation des coupables, les déclarations de guerre, et surtout la mise en œuvre d’un arsenal de mesures liberticides accompagnant l’état d’urgence décrété dans la foulée et l’État policier que ces mesures allaient installer durablement en France, avec tous les abus qui n’ont pas manqué d’être au rendez-vous de cette aberration politique, consciencieusement pratiquée pour notre « bien » et notre « sécurité » !
Tout était clair pour le Pouvoir en place : nous étions en guerre contre la barbarie de fanatiques religieux qui s’en prenaient à « nos idéaux républicains », à « nos valeurs » et à « notre liberté d’expression » !
Après les 7, 8 et 9 janvier 2015, comme pour couronner une année dédiée au « terrorisme », on allait vivre le sommet de ce « management de la terreur » dans les événements en cascades du 13 novembre 2015 à Paris et des jours suivants à Saint Denis, puis le 22 mars 2016 à Bruxelles, le centre névralgique de l’UE et de l’OTAN et maintenant le 14 juillet à Nice, puis le 26 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen en Normandie, sans oublier les épisodes terroristes survenus en Allemagne !
À la suite de ces attentats, notre pays a été sévèrement prié de s’abstenir de manifester, ou de s’en tenir qu’à des manifestations « statiques », prié de se terrer dans la peur, prié de fermer sa gueule de frondeur habituel, prié de se soumettre à la loi du silence et prié de ne rien chercher à comprendre ! Valls disait : « Chercher à comprendre c’est déjà excuser ! » Il n’y a donc jamais eu autant de manifestations dans les villes de France, depuis que ce Pouvoir a déclaré « l’état d’urgence », comme il n’y a jamais eu autant de violences policières concomitantes dans une France transformée à l’occasion de cet « état d’urgence » en dictature policière…
Tout est lié. Il y a bien évidemment un lien entre l’agitation sociale des deux pays, (la France et l’Allemagne), qui donnent le ton dans l’Union Européenne, et ce « terrorisme ».
Voilà donc où on en est à la suite de ces attentats plurifactoriels contre la démocratie, loi El-Khomri inclue ! Le but du « djihadisme » de façade avec son « terrorisme » inhérent, était celui de nous faire peur, de nous dresser, de nous empêcher de protester, de nous maintenir dans le morcellement de la sidération, de nous obliger à rester dociles, de nous parquer dans l’espace de la « croyance » en un Pouvoir « innocent » sacralisé qui sait mieux que nous où est notre véritable bien, de détourner notre attention en pratiquant cette technique de diversion efficace !
Bref, le but était tout à fait « traditionnel » pour le Pouvoir, pas du tout une nouveauté sur le fond, mais une adaptation du terrorisme classique de l’État qui utilise désormais la supercherie de cette « nouveauté » d’importation que les praticiens de la terreur inhérente au pouvoir, ont appelé le « djihad », dans le but lui aussi « traditionnel » de nous leurrer, en organisant selon les circonstances du moment, un « management de la terreur » qui serait efficace. Cette « trouvaille » à la mode, venue encore des États-Unis, devenait pour l’État français, le nouveau moyen de dressage du peuple ajouter aux autres, dans la boîte à outils de la Monarchie républicaine absolue ! Le pacte « sécuritaire » allait supplanter le « pacte de stabilité » et le budget à la défense allait faire un bond considérable en avant, au service de l’OTAN qui nous « protège » en veillant scrupuleusement sur « nos intérêts », comme chacun le sait et au détriment du « pacte de stabilité » !
Le dimanche 11 janvier 2015, au moment de la marche solidaire dans Paris, s’est forcément produite une récupération politique de la tragédie que nous venons d’évoquer. Ces événements « terroristes » étaient déjà en eux-mêmes l’objet d’une manipulation, qui n’a pas manqué de faire entendre aux citoyens que leur « embryon de démocratie » était en danger, que la liberté de pensée et la liberté d’expression, liberté de la presse, et notre liberté tout court, étaient menacées dans leur ensemble ! Et en effet, aujourd’hui nous sommes dans un « état d’urgence » qui se prolonge à perpétuité avec ses cascades de mesures répressives qui enterrent littéralement toutes nos libertés chèrement acquises. L’État s’est ouvertement et enfin simplement révélé comme étant une réelle menace à notre liberté !
Il ne manquera pas, bien entendu, de nous affirmer que grâce à « l’état d’urgence » et donc à la perte de nos libertés, l’État policier aura pu « déjouer une multitude d’attentats » qui nous menaçaient directement ! À partir du moment où il est évident, pour celui qui pense et qui observe attentivement, que c’est l’État lui-même qui manipule les vrais terroristes en les mettant au service de sa cause perverse, il est en effet facile pour lui de dire que ses services de polices ont « déjoué des quantités d’attentats potentiels » ! À la suite de l’attentat du 9 décembre 1893 à l’Assemblée nationale, la police ayant en 1926 avoué la manipulation du terroriste Auguste Vaillant, celui-ci avait été guillotiné à la suite d’une enquête naturellement sabordée par le Pouvoir ! Le commissaire chargé de l’affaire révélait dans son ouvrage que le laboratoire de la Préfecture de Police de Paris avait fourni les explosifs à Auguste Vaillant, manipulé par les agents de l’État pour l’exécution de cet acte terroriste, car l’objectif était de limoger les agitateurs et d’avorter l’insurrection des luttes sociales par une série de lois qui suivaient comme conséquence de cet attentat ! L’État procède exactement de la même manière aujourd’hui…
L’État n’est pas « innocent », pas plus aujourd’hui qu’hier, comme l’histoire le révèle ! Il serait bien naïf de penser que nos Institutions seraient devenues, au 21ème siècle, des modèles de vertu ! Ce qui a été tout à fait possible en 1893 l’est encore en 2016…
Pourquoi ces attentats frappent-ils toujours le petit peuple qui n’a aucun pouvoir de décision ? Pourquoi les terroristes n’organisent-ils jamais leurs massacres en visant les donneurs d’ordres, les Pouvoirs, les hommes de l’oligarchie politique désapprouvés par les peuples ? La réponse cohérente est sans ambiguïté : parce que c’est le Pouvoir qui les suggère, les inspire, les encourage, les facilite, voire les organise ; même le Juge Trévidic en personne a confirmé cette réalité dérangeante ; parce que le seul but évident de ces attentats est celui de faire peur au peuple ; parce que ces attentats entrent dans le « management de la terreur », ils servent les Pouvoirs qui veillent sur leur hégémonie et leur pérennité menacées. À qui profitent ces crimes ? Aux Pouvoirs et seulement aux Pouvoirs.
Pouvoirs
Ce ne sont pas du tout des fondamentalistes salafistes, wahabites, takfiristes ou d’autres factions du radicalisme islamiste qui pourraient mettre en péril la liberté de la presse française ainsi que d’autres valeurs essentielles de la République. Mais, en revanche, c’est plutôt le Pouvoir politique, (celui-là même qui récupère, ces événements bouleversants, pour nous faire « croire » avec insistance que notre liberté d’expression est « réellement » menacée), qui pourrait être un danger pour notre embryon de démocratie. Car ce qu’il nous fait subtilement entendre, c’est qu’il serait le seul à se porter garant de nos libertés en demeurant l’unique rempart pour notre protection, le sacrifice des policiers froidement exécutés à Paris étant un atout majeur dans la trame cachée de son discours implicite.