Ainsi donc, François Hollande entend se représenter à la Présidence de la République. C’est en tout cas le diagnostic que l’on peut établir à la suite de la mascarade qui s’est jouée le lundi 28 novembre.
Alors que la « droite et le centre » se dotaient d’un candidat d’importance en la personne de François Fillon, nous avons eu droit à un épisode tragi-comique dont le P « S » a le secret. Une sorte de tango, non pas argentin, non pas corse, mais tout simplement élyséen ; Valls avance de deux pas dans le JDD du dimanche 27, de retour de Madagascar Hollande s’avance à son tour d’un pas, sa garde rapprochée donne de la voix, et Valls recule d’un pas le lundi.
Bref, on a joué au Président à la vanille et au Premier-ministre en chocolat. Tout ceci pourrait être drôle si la situation n’était en réalité tragique. Mais, cette réalité, elle semble avoir tout à plein échappé au Président comme à son Premier-ministre. Ce quinquennat, qui devait être placé sous le signe de la « normalité » a débuté dans la banalité, s’est poursuivi dans le ridicule et s’achève par un naufrage, tant moral que politique. Le journal Libération parle d’une gauche Titanic ; il a tort. Sur le pont du Titanic, au moins, il y avait un orchestre qui jouait…
Une communication sans politique
On devine sans peine les projets de François Hollande. Ragaillardi par l’élection de François Fillon, il entend proposer sa candidature comme un « bouclier » face à une droite qualifiée de « brutale » et comme un « rassembleur » de la Nation face à un Front national qu’il présentera comme ferment de division. Au passage, il en profitera pour vanter les mérites d’une Europe fédérale, dont il se posera en seul véritable champion, voire en précurseur incompris. Bref, il prend la pose comme Léonidas aux Thermopyles, mais en oubliant qu’il est sur un scooter. Écrasons une larme devant la beauté du programme de communication. Car, c’est bien de cela dont il s’agit. Il n’y a nulle politique dans ce projet. Plutôt, c’est à une parodie de politique à des fins communicationnelle à laquelle on assiste. François Hollande entend mimer un combat et non pas le mener.
À sa décharge, ajoutons qu’il n’est pas le seul acteur dans cette triste farce, témoin d’une triste époque. Ses adversaires au sein du P « S » n’ont pas un plus beau rôle. Qu’il s’agisse de Manuel Valls, dévoré par une ambition ô combien visible qui le consume jusqu’à l’os, d’Arnaud Montebourg qui visiblement n’a rien oublié ni rien appris de son fauteuil ministériel, de Benoît Hamon qui joue les fils chéris de Martine Aubry, sans parler de Marie-Noël Lienemann et de Gérard Filoche qui se battent honnêtement mais sans sortir de l’obscurité, le tableau n’a rien d’alléchant. Et ceci ne vaut que pour les candidats potentiels à la « primaire » du Parti dit socialiste.
Ces primaires, il n’est même plus sûr qu’elles aient lieu. François Hollande s’applique consciencieusement à les torpiller, ayant commencé la manœuvre en suscitant la candidature de Mme Pinel du PRG, oui cette sorte d’île déserte où un Robinson élu devise avec un Vendredi électeur, et la poursuivant par une série d’indiscrétions. On voit bien à quoi tend cette conbinazione, à assurer à François Hollande un monopole de fait sur la candidature de la « gauche ». Mais, qu’un Président en exercice en soit réduit à ce genre de combinazione en dit long sur la perte d’autorité et de légitimité qui le frappe. Et qu’un Président frappé d’une telle perte d’autorité et de légitimité entende briguer un autre mandat prouve qu’il a bien perdu tout contact avec la réalité.