Les Brigades Izz ad-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont démontré leur capacité à résister à l’armée israélienne dans la bande de Gaza pendant la dernière offensive israélienne, et leurs dirigeants disent qu’ils sont capables de continuer le combat.
La phase la plus importante de la guerre a commencé le 17 juillet, pendant la seconde semaine de combat, avec l’invasion terrestre qui a fait des morts dans les deux camps.
La progression des affrontements à Gaza et la férocité des combats qui s’en sont suivis entre les combattants d’al-Qassam et l’armée israélienne ont montré que le Hamas était extrêmement bien entraîné pour le combat au sol. Dès que la bataille a éclaté près des quartiers de Shajaiya, al-Tuffah, Khuza’a, et Beit Hanoun, les Israéliens ont subi des pertes : des soldats et des officiers d’unités d’élite ont été blessés ou tués, des blindés ont été détruits et les positions des forces spéciales ont été attaquées par des roquettes, des explosifs et des snipers.
Les tunnels se sont révélés le principal atout du Hamas en dépit du fait que l’armée israélienne s’était préparée à ce défi et avait annoncé que la destruction de ces tunnels était un des objectifs de son attaque. Israël a détruit beaucoup de tunnels jusqu’au 5 août, date de la fin de son offensive au sol, et en particuliers ceux qui se trouvaient le long de la frontière.
Abu al-Laith, un commandant du Hamas, a dit à des journalistes locaux que le mouvement était prêt à continuer la guerre contre Israël, et qu’il avait des milliers d’hommes prêts au combat. Il a ajouté que les Brigades al-Qassam avait gardé une grande quantité d’armes pour le cas où les négociations de cessez-le-feu échoueraient :
« Nous nous sommes préparés pour une longue bataille ; nous pouvons toucher des villes israéliennes que nous avons épargnées jusqu’ici et nous sommes toujours capables de traverser clandestinement la frontière israélienne. Nous possédons plus de roquette que ne le croit l’ennemi, et nous n’avons utilisé que 10% de notre puissance militaire. »
Le commandant de terrain d’Al-Qassam, Abu Jihad, a dit à Al-Monitor :
« Les allégations d’Israël comme quoi les tunnels ont tous été détruits sont inexactes et ont pour but de rassurer les Israéliens en leur faisant croire que l’agression contre Gaza progresse de manière satisfaisante. S’ils veulent savoir ce qu’il en est vraiment, ils n’ont qu’à lancer une grande offensive au sol à Gaza, nous avons préparé tout un réseau de tunnels de 5 à 25 m de profondeur, qui permettra à nos combattants d’évoluer sur le champ de bataille sans être repérés. C’est vrai qu’Israël en a détruit, mais ceux qui avaient une importance stratégique sont toujours intacts et opérationnels, c’est à dire qu’ils contiennent des stocks d’eau, de nourriture et d’armes, et que l’électricité et les systèmes de ventilation fonctionnent. »
Il faut noter que pendant cette guerre, à la différence de celles de 2008 et de 2012, les Brigades al-Qassam n’ont divulgué ni les noms ni le nombre de leurs morts. En fait ils n’en ont pas parlé du tout, sauf de manière officieuse à travers des posts ou des photos de militants sur Facebook. On sait pourtant qu’ils se comptent par dizaines. Des médecins de Gaza ont confirmé à Al-Monitor que des corps portant des uniformes avaient été amenés dans les hôpitaux.
Al-Monitor a aussi appris de sources sécuritaires que les sauveteurs retrouvaient encore des corps de combattants tués dans diverses circonstances dont les bombardements ciblé de leur maison dans différents endroits de Gaza. La plupart des combattants, toutefois, se sont tenus éloignés de leurs domiciles car il était évident qu’ils y seraient assassinés, et ils ne sont toujours pas rentrés chez eux.
Le nombre approximatif des martyrs n’est pas encore connu mais les Palestiniens comptent, selon eux, de 20 000 à 30 000 combattants actifs dans leurs rangs, qui se répartissent en bataillons, unités et brigades comme dans les armées régulières.
Le Hamas possède un second atout dans cette guerre : les roquettes qui on réussi à atteindre Haïfa, au nord d’Israël. Abu Ali, un oficiel du Hamas official a dit à Al-Monitor :
« Les Brigades al-Qassam ont repris cette guerre à l’endroit exact où ils avaient laissé la précédente. Bombarder seulement Sderot, Ashkelon et Ashdod appartient au passé ; cette fois-ci, les brigades ont atteint Tel Aviv, Jérusalem et Haïfa, ce qui signifie qu’elles possèdent des roquettes d’une portée à laquelle Israël ne s’attendait pas. Malgré le Dôme de Fer, Israël n’a pas réussi à empêcher la paralysie et le chaos de se répandre sur la moitié de son territoire et sur ses 5 millions d’habitants. »
Abu Ali a reconnu toutefois que du fait du siège et de la destruction des tunnels à la frontière égyptienne, la production de nouvelles roquettes représentait un défi pour le Hamas :
« Le problème des Brigades al-Qassam, c’est que les matériaux qui servent à fabriquer les roquettes sont interdits d’entrer dans la bande de Gaza dont Israël continue à exiger le désarmement complet. Le danger était qu’Israël réussisse à gagner la guerre en la faisant durer jusqu’à ce que les combattants n’aient plus de roquettes. Mais les Brigades al-Qassam ont paré à cette éventualité en réduisant le nombre de roquettes tirées quotidiennement, tout en continuant de menacer Israël. »
Mais la vraie nouveauté de cette guerre a été l’infiltration d’al-Qassam derrière les lignes israéliennes et son attaque de commando sur les positions de l’armée israélienne dans la ville portuaire d’Ashkelon à un kilomètre au nord de Gaza. Ces opérations sans précédents prouvent que les troupes du Hamas sont parfaitement entraînées et renseignées et qu’elles savent prendre les Israéliens par surprise.
Israël a pris des mesures pour contrecarrer ces opérations. Selon Abu Ali :
« La destruction des tunnels de la frontière, le déploiement de navires de guerre israéliens le long de la côte de Gaza et la surveillance aérienne accrue pourraient gêner de telles opérations dans l’avenir si un cessez-le-feu n’intervient pas. »
Mais, toujours selon Abu Ali, le Hamas n’a pas épuisé toutes ses cartouches :
« Les brigades ont réussi à garder secrète l’étendue de leur capacités militaires et de leur armement ; on en a découvert une partie au fur et à mesure des combats. Si le conflit se prolonge on découvrira d’autres systèmes d’armement. Les Brigades al-Qassam ont fait prendre conscience à Israël que d’autres surprises les attendaient s’il n’était pas mis fin à la guerre. »