L’économie allemande a marqué un net ralentissement en 2012 sur fond de récession en zone euro, enregistrant même un recul sensible au quatrième trimestre, et ne devrait pas faire mieux en 2013.
Le Produit intérieur brut (PIB) du pays a progressé de 0,7% en données ajustées des variations calendaires, selon des chiffres provisoires annoncés mardi par l’office fédéral des statistiques Destatis lors d’une conférence de presse à Wiesbaden (ouest). C’est bien moins qu’en 2011 (+3%) et 2010 (+4,2%) et moins aussi que la dernière prévision du gouvernement allemand qui attendait +0,8%.
L’économie allemande a été graduellement rattrapée par la crise de la zone euro qui frappe durement certains de ses partenaires comme l’Italie et l’Espagne. Au premier trimestre, elle avait enregistré une croissance de 0,5%, puis de 0,3% au deuxième et de 0,2% au troisième.
Au quatrième trimestre, le PIB s’est sans surprise contracté, de 0,5% par rapport au troisième trimestre.
"Si l’on exclut l’annus horribilis de 2009 (où le PIB allemand avait chuté de 5,1%, ndlr), 2012 a été l’année la plus faible depuis 2005" pour la première économie européenne, a souligné Andreas Rees, économiste chez UniCredit.
Toutefois, vu le contexte actuel de récession en zone euro et la faiblesse du quatrième trimestre, "la performance de l’économie allemande l’an dernier a été remarquable", a-t-il ajouté.
C’est aussi l’avis du directeur de Destatis Roderich Egeler, qui a estimé que l’économie allemande s’était montrée "résistante en 2012, en dépit d’un environnement difficile", même si la conjoncture dans le pays s’est "nettement rafraîchie" au deuxième semestre.
Les exportations, fer de lance de l’économie allemande, ont progressé de 4,1% l’an passé, davantage que les importations (+2,3%), selon Destatis, qui note que "le recul des exportations vers les pays de l’Union européenne a été plus que compensé par la hausse des exportations hors d’Europe".
Le commerce extérieur a été le principal contributeur à la croissance, apportant 1,1 point de pourcentage au PIB.
Le tableau s’avère plus contrasté du côté de la demande intérieure. La consommation privée, soutenue notamment par la bonne santé du marché de l’emploi, a augmenté de 0,8% l’an dernier, mais devant la montée des incertitudes les investissements ont fortement reculé, en particulier dans les biens d’équipement (-4,4%).
Bonne nouvelle pour la chancelière allemande Angela Merkel, chantre de l’assainissement des finances publiques en zone euro : pour la première fois depuis 2007, l’Allemagne a dégagé l’an dernier un excédent public de 2,2 milliards d’euros, soit 0,1% du PIB contre un déficit de 0,8% en 2011 et de 4,1% en 2010, selon Destatis.
La dette publique du pays a en revanche augmenté, atteignant 81,7% du PIB contre 80,5% en 2011, soit bien au-delà de la limite de 60% voulue par le Traité de Maastricht.
Pour 2013, à l’instar de ses confrères, l’économiste de Natixis Christian Ott prédit à l’économie allemande une "reprise graduelle" dans le courant de l’année et une "croissance poussive" au final.
Heinrich Bayer de Postbank ne s’attend pas à ce que Berlin réédite l’exploit d’un excédent public car "avec une croissance encore plus faible qu’en 2012 les rentrées d’impôts ne devraient plus être aussi abondantes qu’avant".
Le gouvernement allemand prévoit lui aussi que le ralentissement de l’économie observé l’an dernier se poursuive en 2013, comme l’ont laissé entendre plusieurs de ses membres.
Selon le quotidien économique Handelsblatt, le ministère de l’Economie devrait annoncer une prévision de croissance du PIB de 0,5% pour l’année en cours dans son rapport attendu mercredi.
Du côté du marché du travail, qui a montré des signes de dégradation depuis la fin de l’été, Berlin table sur une stabilisation en 2013, toujours selon le quotidien. En 2012, le taux de chômage en Allemagne s’est élevé à 6,8% de la population active.