Depuis six ans, le gouvernement fédéral [allemand, ndlr] et son armée ont secrètement mis en place dans la région de l’Almark un projet intitulé Schnöggersburg, ayant coûté cent millions d’euros. C’est au parlement de la région Sachsen-Anhalt qu’il a été finalisé. On vit après tout dans une démocratie parlementaire.
Lorsque l’affaire fut rendue publique, les médias étatiques et industriels se sont rapidement emparés de l’affaire. Comme toujours, des emplois ont été pourvus. Le peuple doit bien comprendre l’intérêt d’avoir un terrain de 6,5 km² sur lequel gît un centre d’exercice de neutralisation voué à réprimer avec des moyens militaires les manifestations populaires.
Ce qui s’est passé à Leipzig en 1989 ne doit pas se reproduire [manifestations contre la politique de l’ex-République démocratique allemande, ndlr]. Le gouvernement ne prévoit pas d’agir aussi pacifiquement que l’ancien gouvernement de la RDA quand viendra le jour où de nouveau retentira : « Nous sommes un peuple ! »
Au cas où, et afin de conserver le pouvoir, le peuple doit donc pouvoir être combattu et tiré par balle. Dans ce but, une ville factice, et tout ce qui va avec, a été construite dans la région de l’Altmark. Tout ce qui est nécessaire pour s’exercer à réprimer les émeutes a été mis à disposition : stations de métro, fermes, maisons, rues, places etc.
Le gouvernement Merkel a confirmé qu’il ne s’agit pas d’une rumeur pessimiste lancée par des réactionnaires, complotistes, ennemis de notre démocratie. À une question du parti Linksfraktion [équivalent du parti de gauche en Allemagne, ndlr] posée par la députée Inge Höger, pourquoi des exercices de guerre, qui ne correspondent pas aux risques de l’époque, ont lieu dans une ville moderne, le gouvernement répond qu’il s’agit d’une préparation à des opérations intérieures.
D’après le gouvernement, les thèmes du programme Schnöggersburg sont : « exercices de défense sur le sol allemand », « aides d’urgence en cas de catastrophe naturelle pour protéger les infrastructures stratégiques » et « interventions en cas d’état d’urgence ».
Le gouvernement indique que les opérations intérieures de l’armée fédérale ainsi que la formation et les exercices pratiqués à Schnöggersburg sont conformes à ses devoirs légaux. En août dernier, la Cour constitutionnelle allemande a donné sa bénédiction à ces opérations militaires sur sol allemand. À partir de 2014, Schnöggersburg et ses terrains militaires seront selon le gouvernement repris par une entreprise privée : Rheinmetall, la plus grosse entreprise européenne de production d’armes. A priori, il a été attribué à cette entreprise du complexe militaro-industriel 267 millions d’euros depuis 2000.
Le peuple paie pour des mesures servant à sa propre soumission. Ce nouveau centre militaire est pour l’État ce que l’Inquisition a été pour l’Église, un moyen de protection qui va échouer.