Un des premiers mots qui vienne à l’esprit quand on parle de Suisse, c’est souvent "neutre". Ainsi, pour me faire un bon Suisse, je vais me plier à la tradition lâche de ne pas prendre part à un débat qui tend vers une véhémence, somme toute disproportionnée ; véhémence, le mot est fort, mais les Suisses n’aiment pas beaucoup être secoués.
En fait, ce n’est pas tout à fait vrai, ce texte de Pierre Hillard, je brûlais d’envie de lui écrire une réponse, et j’ai été doublé. Mais cette réponse de Félix Niesche, elle ne m’a pas convaincu. Ou plutôt, elle m’a fait trop mal, pour en revenir à cette fichue tradition helvétique ! Or, quand on nous enlève les mots de la bouche comme ça et qu’en plus, on vous montre leur portée, on vous rend plus sage, on éveille même en vous des talents oubliés.
En Suisse (puisqu’on a commencé par là) tout est politisé ; on est tout le temps amenés à voter ; alors on développe un certain sens de la stratégie, on lit les règlements, on se projette dans les différents cas de figure, et si l’on est passé par l’école E&R, on pense même à s’assurer de ne pas devenir l’idiot utile de quelqu’un.
Cependant, avant de vous dire ce que ce talent retrouvé vous a concocté comme recette d’électeur, j’aimerais faire un bref rappel en quelques points.
En premier et Alain Soral le disait depuis plus d’un an, DSK était programmé pour écraser au deuxième tour la candidate du FN au nom de la résistance à la menace d’une montée du fascisme. Or, les cartes ont été brouillées et Hollande, le candidat par défaut a accepté qu’on les redistribue, du haut de sa lâcheté transparente. A ce moment-là, Sarkozy, décidé à tirer son épingle du jeu, s’est finalement déclaré candidat et le premier tour s’annonce désormais très serré, depuis sa résurrection.
Ensuite, Pierre Hillard y a vu sans surprise la partie inférieure de la mâchoire. Très conscient des mécanismes de domination, il sait que sans opposant, le système peine à nous mastiquer. Voyant les concessions de MLP pour accéder aux médias dominants, et voyant comme elle a été aidée à se profiler dans ce rôle, c’est tout naturellement qu’il nous dit qu’elle participe au système. Il a raison.
Toutefois, autant il ne sait pas si De Gaulle était tout à fait conscient des choses, ni ne sait-il si Chavez se rend compte de son rôle dans le nouvel ordre mondial version socialiste ; il ne saurait pas non plus placer Marine Le Pen dans le camp des manipulateurs, du moins non sans hésitation.
Et de quatre enfin, pour essayer de se forger une opinion, il reprend alors l’histoire du marché transatlantique ou celle de "l’union paneuropéenne Paris-Berlin-Moscou". Le marché transatlantique, on l’a démontré, je l’ai démontré aussi, lorsque j’ai commenté ici l’article de Bruno Gollnish (1), c’est une fausse alerte. De même, cette alliance trilatérale qu’elle propose est à mettre en contraste avec des ouvrages qu’elle a certainement lus - comme "Comprendre l’Empire" - qui mentionnent que De Gaulle avait sagement vu qu’une Europe sans l’Angleterre était plus profitable à la France dans un monde avec une Russie forte ; cette idée est aussi à mettre en contraste avec son colloque sur l’Europe, où elle parle clairement de relation "inter-nationales" entre nations souveraines, et sans autorité suprême qui surplomberait celles-ci ; cette suggestion est finalement à mettre en contraste avec le fait que Marine Le Pen se prononce clairement en faveur de la Nation et des frontières, et qu’elle est la cible des médias et des organes de domination israélites. Elle reste la candidate désignée par le système, mais la candidate désignée pour perdre, et celui-ci s’en mordrait sûrement les doigts s’il n’en était pas ainsi.
Oui, oui, oui, mille fois oui, elle a une utilité d’asservissement et elle n’aborde pas certains sujets qui sont des bombes potentielles, mais elle me parait sincère et elle ne fait pas que se soumettre. Oui, mille fois oui, elle reprend des termes suspects et elle fait des concessions qui peuvent choquer les milieux anti-mondialistes, mais elle me parait sincère et les mondialistes n’ont pas le monopole du vocabulaire. Oui, hélas oui, elle n’est pas assez subversive et elle n’engendrera pas une révolution par les urnes, ce qui reviendrait à voir le monde à l’envers, mais elle me parait sincère et - à choisir - elle est sûrement une meilleure incarnation du vote résistant qu’un autre pantin, que le système désignerait alors pour prendre sa place.
Et puis, l’observateur suisse à une autre chose à préciser, une information de taille : chez nous, l’abstention varie entre 60% et 70% et cela n’empêche pas les organes gouvernementaux d’appliquer leur politique en toute quiétude. En plus, le vote blanc est autorisé et il n’y en a guère qu’une poignée par urne pleine. Et en disant aux électeurs enthousiastes de ne pas voter Marine, on peut toujours rêver pour qu’ils nous suivent. On serait plus cocus que les enthousiastes qui viennent encore apporter leur bulletin vierge dans les boites à fente d’Helvétie.
Donc, voici la stratégie que je préconise tant que porteur de neutralité, et j’espère même naïvement qu’elle convainque Adrien Abauzit et Pierre Hillard : aller voter pour MLP au premier tour et au premier tour seulement. Je m’explique ; une abstention suffisamment et historiquement forte, je n’y crois pas ; un deuxième tour Hollande-Sarkozy, ça serait selon moi un échec de taille pour la résistance au mondialisme, même si le spectre de ce scénario pèse par une ombre de plus en plus perceptible ; faire acte de refus de choisir dans un système qui ne prend même pas en compte le vote blanc, dois-je me répéter ? De toute façon on pourra alors évaluer le rapport de force réel en additionnant abstention, vote NDA et vote MLP (2). Et si Marine Le Pen passe au second tour, si elle s’y profile en perdante sans sortir de son cadre, sans élever le niveau du débat, sans faire preuve d’un esprit stratégique digne d’un Suisse (3), alors ne pas voter au deuxième tour, donner lieu à un taux d’abstention incroyablement haut, incrémenté du nombre d’électeurs de droite ou bien de gauche (puisqu’ils se définissent ainsi) qui n’iront pas voter par dépit ; avec tous ces facteurs, le principe défendu sur Mécanopolis (celui de refuser le système) deviendrait une illusion en passe de se matérialiser. Imaginez donc une abstention de force au deuxième tour, par rapport à une forte participation au premier, cela mettrait obligatoirement les deux scores en contraste, cela ferait entrer dans le débat une abstention comme acte politique. Oui, je sais, je vais loin et cela reste cette illusion qui ne sera pas, mais c’est la seule manière, la seule stratégie qui pourrait donner à l’abstention de la force. Cela dit, les principes sont parfois plus forts et je ne force personne à se pervertir, je reconnais même user du vote vierge de temps à autre, mais imaginez un instant la vague qui pourrait suivre ou précéder une défaite encore plus sèche de Marine Le Pen au second tour, imaginez le phénomène, la prise de conscience qui pourrait en découler. Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ?
(1) J’écrivais : Je ne suis pas allé vérifier les informations par manque de temps, mais j’aimerais apporter cette précision : un amendement est une modification d’un texte. Elle peut l’améliorer, elle peut être moins mauvaise que le texte original Ce n’est pas parce qu’on approuve la modification d’un texte, qu’on l’accepte ensuite, ou qu’on l’a accepté au préalable. En politique on est parfois réduit à ramasser les miettes, à moins peut-être d’être JMLP, et même lui… Aussi mes questions sont : est-ce que l’amendement améliorait le texte dans l’intérêt subjectif de la France ? Sinon, est-ce que le vote était serré ? Le FN, en admettant qu’il soit dans la manipulation, n’aurait pas pris ce risque pour rien. En plus, le fait que le FN soit parfois dans l’erreur n’a rien de nouveau. Et les passeports biométriques, si Marine Le Pen doit jouer son rôle de "valider le conflit de civilisations" pour avoir accès aux médias dominants, le fichage s’inscrit dans cette ligne. Ce qui est inquiétant, par contre, c’est que MLP et d’autres au FN semblent approuver un tel fliquage, avec une exception sur les automobilistes. Serait-ce un clin d’oeil ? Impossible à vérifier, mais ça entretient néanmoins une lueur d’espoir et montre qu’elle ne défend pas un ratissage intégral. Elle est également pour un état avec des fonctionnaires au service de la France, et non d’autres intérêts, ce qui rend tout de suite la biométrie moins intrusive, même si elle n’est pas acceptable. En fait, on est plus face à des contradictions, des peurs et un niveau de discours volontairement assez bas pour conserver son droit aux médias dominants. Donc, il n’y a pas possibilité de rectifier certains amalgames, ni d’engager un vrai débat, pendant la période de campagne du moins. On est plus confronté à cet inconvénient, que face à un complot, une manipulation vicieuse à laquelle le FN prendrait pleinement part, cela ne me semble pas plausible et une réponse aux questions que j’ai énoncées avant devrait nous guider quant à la pertinence de la piste. On sait aussi qu’à moins d’un peu de réussite au premier tour et d’une stratégie miraculeuse au deuxième tour, MLP ne sera pas élue. L’idée n’est pas de s’acharner sur ceux qui ne veulent pas voter, mais de compter les voix MLP, NDA et les abstentions pour jauger le rapport de forces entre système et opposants. Seulement ensuite, on pourrai débattre d’une stratégie commune. Si elle était élue, et comme je la crois sincère, il y aurait débat et le niveau s’élèverait rapidement.
Le sympathique Simon Lambert me précisait : Tous les amendements étaient neutres comme vous pouvez le vérifier ici : http://ilikeyourstyle.net/2010/12/1... Et non le vote n’était pas serré
Et en le remerciant, je concluais que mon hypothèse d’une Marine qui jouait son rôle malgré elle était la bonne.
(2) Un autre commentaire que j’avais fait sur le sujet en réponse à un certain "qq de bien" qui suggérait à E&R l’Article d’Adrien Abauzit : A mon avis, et j’ai lu cet article il y a longtemps ainsi que "Né en 1984", si on pousse l’analyse - le FN a effectivement ce rôle objectif mais inconscient d’empêcher un regroupement des patriotes - plus loin encore, la diabolisation du patriotisme vient du national socialisme et non du FN. Il suffit de regarder tous les partis nationalistes d’Europe et le masque d’épouvante dont on les affuble pour voir que cette diabolisation n’est pas le fait du parti lepéniste. Par ailleurs, je pense que ce bon Adrien Abauzit, bien qu’il ne manque pas de talent, surestime le FN, qui reste un parti politique et qui commet des erreurs, qui tente de séduire et qui est aussi dans la stratégie, tant il pense qu’une certaine révotion de papier (par les urnes) est possible. Je pense que le parti nationaliste est dans l’erreur, mais qu’il a gardé une certaine distance au regard des "extrêmes droites" d’Europe, elles-mêmes complètement acquises au sionisme. Il a une présidente qui a aussi lu "Comprendre l’Empire" et qui est dans un réalisme - il est vrai - parfois cynique, mais qui proposait tout de même, il y a un an environ, de façon plus ou moins informelle à Jean-Luc Mélanchon une alliance pour le deuxième tour. En conclusion, je pense que Marine Le Pen, avec ses défauts, est une candidate restée fidèle à la nation, à l’opposé de M. Mélanchon qui est soit agité de toutes parts comme un pantin qui serait contrôlé par des marionnettistes multiples, soit profondément malhonnête et vicieux ; ce pour quoi je ne penche personnellement pas, étant donné qu’il devrait être un comédien hors pair et je me permets d’en douter. Toutefois, il est vrai qu’il a, par certains côtés, une ambiguité qui rappelle celle d’un Hitler ou d’un Napoléon, tantôt soumis, tantôt imprévisible et qui s’il vous échappe peut le meilleur comme le pire, sans stabilité et sans frontière entre les deux. Cela dit, son rôle objectif actuel et voulu par le système, duquel il ne sort - et c’est important - absolument pas, puisqu’il ne fait pas l’objet d’attaques médiatiques et des instances subversives, contrairement à Marine Le Pen, son utilité pour l’oligarchie, c’est d’empêcher le rassemblement entre la classe ouvrière, si tant est que le terme convienne encore, et la gauche bobo ; l’alliance tant redoutée du prolétariat et de la bourgeoisie. Patriotes ouvriers et bourgeois socialistes, appelés à revers : gauche du travail et droite des valeurs. Vive E&R !
(3) En guise de post-scriptum anecdotique, je me permets d’ajouter qu’en Suisse, la tactique de noyautage a fait parler d’elle par le passé, ici et là, dans les localités. Elle consiste à se présenter sous une fausse étiquette, ou à infiltrer un parti et à faire comme les gardes suisses après l’élection : retourner sa veste. C’’est tout à fait légal ! Et si Marine noyautait le système ? C’est là-dessus qu’il faut compter ! Sinon, ma stratégie le propose, il faudra espérer qu’on le noyaute, par le Cheval de Troie, Marine Le Pen.