Le président de la République, M. François Hollande, et son gouvernement se réjouissent bruyamment de ce qu’ils appellent la « baisse » du chômage. Mais, les chiffres sont cruels, même s’ils sont manipulables. Ce que nous connaissons aujourd’hui est – au mieux – un mouvement de stabilisation de la hausse du chômage. Et il ne peut en être autrement, avec la croissance atone (sans doute 1,2 % pour 2016, voire un peu moins) que nous connaissons.
Il faut ici, quitte à lasser, répéter un certain nombre de réalités statistiques. Les données qui sont présentées en France tous les mois ne sont pas celles du « chômage » mais uniquement celles des « demandeurs d’emploi ». Il faut, de plus, considérer ces données comme un indicateur du chômage « à minima » mais non comme une réalité. Ces données sont, on l’a souvent dit, réparties en diverses catégories. On peut en faire une liste rapide :
Catégorie A : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi ;
Catégorie B : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (i.e. de 78 heures ou moins au cours du mois) ;
Catégorie C : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue (i.e. de plus de 78 heures au cours du mois) ;
Catégorie D : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi (en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie, d’un congé maternité,…), sans emploi ;
Catégorie E : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, en emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats aidés).
C’est donc très abusivement que le gouvernement ne retient que la catégorie « A » comme indicateur du chômage. En effet le chômage réel, tel que l’on peut l’estimer à partir du nombre des demandeurs d’emploi couvre en réalité les catégories A + B + D. La somme des catégories C et E représentent, elle, les personnes ayant un emploi, mais soumise à un temps partiel contraint (cat. C) ou n’exerçant cet emploi que du fait des subventions directes versées par l’État à l’employeur (contrats aidés). On appellera ces deux catégories le « quasi-chômage ».
Si l’on regarde les courbes depuis 2008, on constate, bien sûr, que la montée du chômage ne date pas de l’arrivée au pouvoir de François Hollande. Il y a eu, tout d’abord, l’effet de la crise financière, de l’été 2008 à la fin de 2010. Le chômage s’était, alors stabilisé. Puis, il a commencé à s’accroître à nouveau en raison de la politique économique de François Fillon, alors Premier ministre. La politique de François Hollande, président « socialiste » a, pour sa part, continué cette tendance et engendré un accroissement de 600 000 personnes dans ces catégories représentatives du chômage.
Graphique 1
Chiffres de la DARES pour les catégories A+B+D et les catégories C+E
Données pour la France Métropolitaine, et milliers.
Données corrigées des variations saisonnières ;
Nous sommes donc toujours au-dessus de la ligne représentant les 4,5 millions de demandeurs d’emploi en novembre 2016 pour la catégorie A + B + D. L’accroissement notable de la catégorie « D » indique l’ouverture de stages, qui pompent une partie des effectifs de la catégorie A.
Mais, si nous regardons comment évolue la courbe de ce que nous avons appelé le « quasi-chômage », nous constatons qu’elle a augmenté sou François Hollande de plus de 800 000 personnes. En fait, le total des demandeurs d’emplois toutes catégories confondues, s’établit aujourd’hui à 6,249 millions de personnes, ce qui représente un triste record historique. La montée du « quasi-chômage » en proportion du « chômage » correspond par ailleurs à la tendance actuelle à la fragilisation générale de l’emploi.
Graphique 2
Catégories (C+E) en pourcentage de la catégorie (A+B+D)
France Métropolitaine
Données corrigées des variations saisonnières
Ces chiffres, et ces courbes, illustrent tout l’échec des politiques économiques qui ont été menées depuis 2011, que ce soit sous des gouvernement de « droite », comme celui de François Fillon et Nicolas Sarkozy, ou sous des gouvernement de « gauche », comme sous la direction de François Hollande. Au total, depuis la mise en œuvre de la politique de François Fillon, c’est 1,5 millions de demandeurs d’emplois en plus que comptabilise la DARES.
Ces chiffres devraient couvrir de honte ceux qui nous gouvernent, ou qui aspirent à nous gouverner.