40 millions de dollars pour la construction d’une prison inachevée à Bagdad, 300 millions de dollars pour une centrale électrique à Kaboul, dont les Afghans ne sont pas en mesure de faire fonctionner… Voici deux exemples qui illustrent la tendance à la gabegie du Pentagone lors des guerre en Irak et en Afghanistan.
« Des dizaines de milliards de dollars du contribuable ont été gaspillés en raison d’un manque de planification, de demandes imprécises et fluctuantes, de mises en concurrence inadaptées, de critères insuffisants de contrôle et de surveillance » ont résumé, dans les colonnes du Washington Post, Christopher Shays et Michael Thibault, les deux co-présidents d’une commission du Congrès américain sur les contrats en temps de guerre.
Les deux parlementaires estiment que ces erreurs de gestion ont entâché l’image des Etats-Unis et encouragé la corruption dans les deux pays concernés. Cette gabegie est également due à la négligence des employés du gouvernement et aux « contractors », ainsi qu’à la bureaucratie, cause d’un manque de coordination entre les agences fédérales américaines.
Par ailleurs, les deux élus ont aussi épinglé la propension du Pentagone à faire appel aux « contractors », et en particulier aux sociétés militaires privées. Les effectifs de ces dernières ont dépassé les 260.000 employés en Irak et en Afghanistan et ont par été parfois supérieurs à ceux déployés par l’armée américaine. Et comme ils le constatent, cette dernière n’est pas en mesure de soutenir de grandes opérations prolongées à l’extérieur de ses frontières sans cet apport.
Lors d’une intervention devant les auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN), en avril 2010, l’ancien commandant des troupes de l’Otan en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, avait fait le même constat en estimant que le Pentagone gaspillait de l’argent en ayant trop souvent recours aux « contractors » pour des tâches qui pourraient être faites par des militaires.
« Nous avons créé nous-même une dépendance par rapport aux ‘contractors’ plus importante qu’elle ne devrait l’être » avait-il ainsi déclaré . »Je pense que nous avons été trop loin. Je pense que le recours aux contractors a été fait avec de bonnes intentions afin de limiter le nombres de militaires déployés. Je pense que dans certains cas, nous espérions que cela ferait économiser de l’argent. Et je pense que cela n’en économise pas » avait-il ajouté.
Quoi qu’il en soit, toujours selon Christopher Shays et Michael Thibault, il se pourrait bien que 30 autres milliards de dollars soient aussi gaspillés à l’avenir, si les autorités afghanes et irakiennes « ne sont pas capables ou ne veulent pas soutenir les projets financés par des fonds américains après la fin de nos interventions ».
« Nous sommes bien conscients de certaines carences » a répondu le porte-parole du Pentagone, le colonel Dave Lapan. « Nous avons travaillé dur ces dernières années pour corriger ces problèmes quand nous les rencontrions » a-t-il fait valoir.
Seulement, pour les deux élus, les mauvaises pratiques qui engendrent ce gaspillage n’ont pas cessé d’augmenter depuis l’élection du président Obama, qui avait pourtout promis de limiter l’apport des contractors et d’ouvrir davantage d’appels d’offres…