Le 16 avril 1917, à Berry-au-Bac, sur le Chemin des Dames, des chars d’assaut français de type Schneider CA1 furent engagés au combat en direction de Juvincourt. Il s’agissait alors d’une première pour l’armée française, qui suivait ainsi l’exemple britannique, grâce notamment au général Jean-Baptiste Éstienne, le « père » de ce que l’on appelait à l’époque « l’artillerie d’assaut ».
Mis en oeuvre par un équipage de 6 hommes (1 conducteur et 5 servants), les Schneider CA1 étaient armés par un canon court de 75 mm et de 2 mitrailleurs Hotchkiss (une sur chaque flanc). Chenillés, d’une masse de 13,6 tonnes au combat, ils avaient une autonomie de 48 km. Cependant, leur blindage n’étant, à l’origine, pas très performant, ces chars étaient vulnérables.
Aussi, leur premier engagement, jugé prématuré par le général Estienne, n’eut pas les effets espérés par le général Nivelle. Sur les 132 Schneider CA1 mobilisés, 35 furent détruits, 17 fixés par l’artillerie allemande et 18 subirent des pannes.
Pour rendre hommage aux équipages tombés au combat ce jour-là et aussi pour marquer la première apparition des chars français, un mémorial national a été érigé à Berry-au-Bac, dans l’Aisne, puis inauguré le 2 juillet 1922 en présence du général Éstienne, mais aussi de celles des maréchaux Foch et Pétain.
Alors que l’on commémore, cette année, le centenaire du début de la Première Guerre Mondiale, des individus sans foi ni loi n’ont rien trouvé de mieux que d’aller piller ce Monument des chars d’assaut. Le désastre a été découvert par un automobiliste, qui a ensuite averti la mairie de Berry-au-Bac.
« Sur le coup, je me suis dit : Ils n’ont pas fait ça. Et puis quand je suis allée sur place, j’ai dû me rendre à l’évidence. J’étais atterrée, comme beaucoup de gens d’ailleurs. Cela me fait froid dans le dos. Comment peut-on s’en prendre à un tel monument ? Des gens sont morts pour nous et c’est leur mémoire qu’on salit », a dénoncé avec vigueur, dans les colonnes du quotidien L’Union/L’Ardennais, Marie-Christine Hallier, Mme le maire de la commune, qui a déposé une plainte auprès de la gendarmerie.
Visiblement, les voyous ont été rapides pour faire leur sale besogne puisque le site est très fréquenté. Ainsi, ils ont eu le temps de voler, entre autre, un bas-relief en bronze, un portrait, dans le même alliage, du général Éstienne ainsi qu’une dalle en marbre commémorative à la mémoire de ce dernier, attaquée au burin.