Le vénérable quotidien français « Le Monde », s’est planté en beauté sur la Tunisie. C’est par un article signé par sa célèbre chroniqueuse, Caroline Fourest, que le scandale est arrivé. Habituée des plateaux télé, spécialiste autoproclamée des questions de « l’extrémisme », Mme Fourest s’est fendue d’une chronique intitulée « La Tunisie des Lumières se bat », publiée le vendredi 6 avril.
Le problème ? Elle affirme d’entrée, des les premières lignes de son papier, que le parti de Marzouki, le président de la République tunisienne, c’est Ennahdha. Voici la phrase incriminée : « Sous Zine El-Abidine Ben Ali, on risquait gros si l’on critiquait le pouvoir temporel. Sous Moncef Marzouki et son parti, Ennahda, on risque gros si l’on critique la religion et si l’on tient tête à l’obscurantisme ». Un couac tonitruant pour un journal qui prétend donner des leçons. Le parti présidentiel tunisien étant évidemment le Congrès pour la République. Or en l’occurrence, l’article en question multipliera les approximations.
Un peu plus loin, sur la même page, Caroline Fourest enfourchera ses grands chevaux pour affirmer : « Une jeune syndicaliste tunisienne est même devenue une icône nationale en décrochant le drapeau des salafistes pour restaurer celui de la Tunisie. Elle s’est fait copieusement tabasser par les intégristes ». La journaliste-star de la presse française fait ici allusion à Khaoula Rachidi. Le problème ? La jeune fille citée en exemple, n’est pas syndicaliste et affirme n’avoir aucune affiliation politique. Et si l’une de ses collègues aura effectivement été agressée, Khaoula sortira indemne de la confrontation, puisqu’elle aura eu le réflexe de quitter les lieux illico presto.
Toujours dans le même article, on apprendra que ce sont des « juges obscurantistes » qui seraient derrière les condamnations que Caroline Fourest considère comme étant liberticides. Ainsi, il n’est plus question des plaintes des avocats, pas même de la pression sociale et politique. Les Tunisiens découvriront grâce à cet article, le rôle obscur « des juges obscurantistes ».
Soyons sérieux. Une analyse digne de ce nom doit être basée sur des faits et non des approximations, encore moins des élucubrations. A notre (modeste) connaissance, les journalistes français travaillent dans des conditions pas trop mauvaises. Ils n’ont en tous cas certainement pas les contraintes « kilométriques », auxquelles nous autres, tâcherons tunisiens de la plume sommes astreints.
Rien ne justifie donc ce dérapage journalistique, cette faute professionnelle de notre collègue française. Caroline Fourest est chroniqueuse dans le quotidien « Le Monde ». A priori, une distinction, un gage de sérieux. Mais on pourrait s’interroger sur le rôle des chefs de service, et autre directeurs de la rédaction. Enfin : Y a t-il quelqu’un pour relire la prose de Fourest avant publication ? A moins que dans son journal, on puisse se permettre de traiter aussi légèrement des affaires tunisiennes. Ce qui finira peut-être par inciter nos lecteurs, à ne plus prendre les articles publiés dans la presse française pour parole d’Evangile. Et encore moins pour du Coran.