C’est une alliance qui, de prime abord, peut paraître surprenante, voire déroutante. D’un côté, Israël, Etat juif, puissance économique et militaire incontournable du Moyen-Orient ; de l’autre, l’Azerbaïdjan, Etat postsoviétique à majorité musulmane (70 % de chiites) richement doté en hydrocarbures, mais sans réelle aura géopolitique. Difficile, a priori, d’imaginer une quelconque proximité entre ces deux nations que tout semble opposer, encore moins une convergence d’intérêts, fût-elle de circonstance.
Ces derniers mois, pourtant, les deux pays, engagés dans un délicat pas de deux depuis avril 1992, au lendemain de la chute de l’URSS, n’ont cessé de consolider leur union. Avec la même discrétion coutumière qui, en 2009 déjà, faisait dire au président Ilham Aliyev, à propos de cette relation si singulière : "Comme un iceberg, neuf dixièmes se situent sous la surface." Une métaphore plus qu’explicite...
Ce raffermissement des liens bilatéraux n’est pas sans rapport avec les ambitions exacerbées de l’Iran dans un contexte régional en pleine mutation. Confronté aux pressions occidentales en raison de son programme nucléaire controversé, et déstabilisé par la montée en puissance de l’islam sunnite consécutive aux révolutions arabes, Téhéran aspire plus que tout à rassembler derrière son oriflamme l’ensemble du monde chiite.
Or, l’Azerbaïdjan a, jusqu’ici, toujours regimbé à cette perspective. Et cela en dépit de liens culturels étroits, la communauté azérie d’Iran - à laquelle appartient le Guide suprême Ali Khamenei - représentant entre 14 et 17 millions de personnes, soit plus de 20 % de la population du pays. Une résistance farouche qui peut se lire à l’aune du fantasme, particulièrement prégnant dans les années 1990, d’un "Grand Azerbaïdjan" unifié.
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