Quand Benyamin Netanyahou annonce devant un parterre de journalistes « Le Hamas n’a obtenu aucune de ses revendications », et ce moins de 24 heures après l’entrée en vigueur effective du cessez-le-feu, il n’y a que deux interprétations possibles.
Ou bien il refuse de voir la réalité en face et ment aux colons en les berçant avec ce qu’ils aiment entendre, chose qui lui a d’ailleurs bien réussi durant les vingt dernières années. Ou encore, il a déjà prévu de ne pas appliquer les accords du Caire, ce qui n’est pas impossible et ne serait pas une première pour Israël. Mais dans ce cas, le problème sera avec l’Égypte, initiateur des négociations et garant aux yeux des palestiniens.
Si l’on croit le premier ministre israélien sur parole, nous sommes en droit de lui demander si, lui, a atteint les objectifs fixés pour sa campagne génocidaire à Gaza. A-t-il détruit les sites de lancement de missiles ? A-t-il réellement détruit les tunnels, et comment a-t-il procédé sachant l’échec cuisant de l’offensive terrestre ? Et par-dessus tout, a-t-il réussi à désarmer la résistance comme il n’a cessé de l’exiger tout au long des vingt jours de négociations ?
Les missiles existent toujours ainsi que les sites de lancement ; les tunnels existent encore et le peu qui a été détruit sera reconstruit ou remplacé en quelques semaines ; et les cadres de la résistance ont fêté la victoire dans les rues parmi le peuple sans procédure de sécurité drastique.
En dépit de l’ampleur du drame humain à Gaza, les manifestations de joie n’ont été vues que dans ce qui reste de ses rues, tandis qu’’en Israël, les visages étaient fermés traduisant un mécontentement général vis-à-vis des dirigeants. La presse écrite et audiovisuelle, quant à elle, ne se prive pas de parler clairement de défaite d’Israël face au Hamas.
Netanyahou et son cabinet ne s’attendaient clairement pas à affronter une telle résistance des factions armées en plus de la résilience du peuple palestinien. Durant les cinquante jours de campagne contre Gaza, Tsahal échoue dans son offensive terrestre, les colons deviennent des habitués des abris anti-missiles et le sommeil quitte les habitants de Tel-Aviv, Haïfa, Akka (Acre), Ashdod et Jérusalem à cause des sirènes.
Même les menaces du ministre de la défense, Moshe Yaalon, sonnent creux : « Nous frapperons encore plus fort si le Hamas nous attaque ». Que peuvent-ils faire de plus ? Tuer plus de civils innocents ? Détruire plus de monuments historiques (des mosquées de plusieurs siècles d’âge) ? Détruire plus d’écoles et d’hôpitaux ? ..
Israël a perdu la guerre ne serait-ce que parce qu’il a unifié la résistance palestinienne. Même si Israël a semé la destruction et la mort à Gaza, il a perdu moralement et politiquement, et dans les conférences de presse, on évite soigneusement la question : « Pourquoi Hamas attaque-t-il les soldats du Tsahal, alors que ces derniers attaquent aveuglément les civils ? »
Malgré tous les moyens mis en œuvre pour cacher la vérité au monde, Israël semble de plus en plus isolé. Espérons que les institutions internationales prouveront leur indépendance et traiteront Israël comme tout pays qui viole les traités internationaux, et que les soldats rendus coupables de crimes de guerre devront répondre de leurs actes devant la Cour Pénale Internationale (CPI).
Enfin nous serons attentifs à la réponse de l’Égypte aux déclarations de premier ministre israélien qui remettent clairement en cause son statut de garant du respect des accords signés au Caire.