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La véritable "ingérence" : celle de Goldman Sachs en Russie

Les accusations d’ingérences portées par le président des États-Unis, M. Barack Obama à l’encontre de la Russie, à a suite du piratage des courriels de la direction du Parti Démocrate (le DNC), ont tourné à la crise diplomatique. Le président Obama a ainsi décidé d’expulser 35 diplomates russes. Dans cette crise, Vladimir Poutine a eu le beau rôle, et son geste de ne pas répondre à la provocation de M. Obama n’a pu que raffermir sa stature de dirigeant international.

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Le « système » des libéraux russes

Le désastre économique de la première phase de la transition en Russie (1992-1998) sert de révélateur au comportement des conseillers occidentaux, mais aussi de certains gouvernements, et en particulier de celui des États-Unis. L’engagement des économistes venus d’outre-Atlantique en faveur de pouvoirs exécutifs forts et même dictatoriaux, et au détriment de la construction de réelles institutions démocratiques, est à l’époque indéniable. Il a trouvé son apogée dans les semaines qui ont précédé et suivi la dissolution du Parlement russe en 1993. Ces économistes ont appelé à cris stridents à une solution de force qui prit la forme du « coup d’État » de Boris Eltsine en octobre 1993. Mais, les économistes, les « experts », ne furent pas seuls en cause. Dans les milieux diplomatiques, que ce soit en France (en particulier au CAP) ou que ce fut aux États-Unis, en particulier au State Department, on tenait des propos tous aussi incendiaires. Les économistes libéraux russes ne furent cependant pas en reste. Rappelons comment Yegor Gaïdar lui-même se fit l’avocat des mesures les plus extrêmes et de la dictature la plus brutale, si cela pouvait conduire à une amélioration de la situation économique. Chez les uns comme chez les autres domine l’illusion de connaître l’avenir, de détenir la clé du futur. Ce sentiment tire ses racines de la croyance en des « lois » économiques fonctionnant à l’instar des lois de la nature, de manière indépendante et séparée de l’action humaine. Les économistes en position de conseillers (Jeffrey Sachs, Anders Äslund ou Stanley Fisher) comme ceux en position de gouvernants (Yegor Gaïdar, Boris Fyodorov et plus tardivement Anatoly Tchoubaïs) ont eu une responsabilité, au moins morale, déterminante dans le conflit d’octobre 1993 entre le Président et le Parlement, conflit qui conduisit la Russie à deux doigts de la guerre civile.

Cela conduisit à une situation où dominait, de 1993 à 1998, un pouvoir à la légitimité faible et contestée s’appuyant sans cesse sur des puissances financières dont il a facilité l’émergence, et qui usent et abusent de sa situation de faiblesse pour lui extorquer de nouvelles concessions. Dans un système bancaire structurellement vulnérable, certaines banques, celles qui étaient détenues par les « oligarques », étaient en mesure de peser sur les règles du jeu. Fortement imbriqués dans ce système politique eltsinien qu’ils finançaient de concert avec des pays étrangers (on le vit pour les élections de 1996 quand ces oligarques tout comme l’Allemagne s’arrangèrent pour que l’État russe puisse payer ses fonctionnaires dans les mois précédant le scrutin) ces oligarques vivaient dans un sentiment d’impunité complète.

Ces banquiers, tellement courtisés par les occidentaux en 1996 et 1997, ont été les grands bénéficiaires de l’opération « loans for share » (une privatisation à bon compte des grandes entreprises exportatrices contre des prêts au gouvernement) en 1995. Ils avaient obtenu, tels des fermiers généraux de l’Ancien Régime, la gestion directe des finances publiques. Ceci était possible en l’absence de l’équivalent russe d’un système analogue au Trésor en France et ce par la grâce d’Anatoli Tchoubaïs et Boris Nemtsov qui s’étaient opposés à l’introduction d’un tel système. Tchoubaïs reçut, d’une maison d’éditions liées à un des bénéficiaires de ces opérations, 100 000 dollars d’avance sur droits d’auteurs. Boris Nemtsov, alors ministre, fréquentait assidûment les fêtes, qui souvent tournaient à l’orgie crapuleuse, données par ce même oligarque. On comprend que ces grandes banques se soient crues durablement protégées contre les effets de leurs imprudences. Elles ne l’étaient pas, et pratiquement toutes en sont mortes…

Lire l’intégralité de l’article sur russeurope.hypotheses.org

Sur l’Empire et le pouvoir bancaire, lire chez Kontre Kulture :

Jacques Sapir, sur E&R :

 
 






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