La situation économique et sociale de la France a atteint aujourd’hui un point critique. Non seulement la désindustrialisation y fait des ravages, mais le chômage de masse menace de faire basculer notre pays socialement dans un retour au XIXe siècle (ce qui est même théorisé par certains) et politiquement dans l’anomie.
Seule une forte croissance peut permettre au pays de surmonter les problèmes politiques auxquels il est confronté et d’affronter les défis des prochaines décennies. Car, ces défis sont multiples. Il s’agit à la fois de mettre fin au chômage de masse [1], de préserver notre modèle social hérité de la Libération de 1945 (et qui est attaqué tant par François Fillon que par Emmanuel Macron ou Manuel Valls), mais aussi de réaliser des avancées nécessaires et urgentes dans le domaine écologique. Il faut une croissance forte, mais une croissance qui profite à tous !
Le travail d’un économiste n’est pas celui d’un homme (ou d’une femme) politique. Il consiste à indiquer ce qui est souhaitable en restant dans le cadre de ce qui est possible. C’est en particulier le cas en année électorale. C’est donc le but des lignes qui suivent.
I. La nécessité d’un impératif de cohérence en matière de politique économique
Cet objectif impose à tous ceux qui y souscrivent un effort de cohérence. Aujourd’hui, la question du coût comparé du travail et de la protection sociale entre la France et d’autres pays est une question centrale. Soit, comme M. François Fillon (mais aussi François Hollande et Manuel Valls), on opte pour un retour vers le XIXe siècle [2], avec une baisse des salaires et un démantèlement du droit du travail (la fameuse loi El Khomri) et de la protection sociale, soit on rompt avec le système de contraintes qui aujourd’hui emprisonne l’économie française.
Ces contraintes sont connues. Elles sont, pour partie, le produit des orientations de la politique de l’Union européenne, ce que l’on appelle les GOPE. Elles sont, pour une autre partie, le produit soit direct, soit indirect, de la monnaie unique. Un exemple le montre bien : l’évasion (et la fraude) fiscale des entreprises équivaut à peu près aujourd’hui au déficit budgétaire. Or, il n’est pas possible de lutter contre cette fraude dans une situation de libre circulation des capitaux. Aujourd’hui, le gouvernement dépense, en matière budgétaire, plus que le déficit pour soutenir les entreprises. Mais, ce soutien n’est nécessaires, dans sa forme actuelle, qu’en raison de l’écart de compétitivité que nous impose l’Euro, qui pénalise la France de plus de 20% [3] par rapport à l’Allemagne, par exemple.