Chauprade a donné l’indicateur mais ne l’a pas développé en se perdant sur les sujets mineurs que sont les Sorosseries et autres. Cela existe mais c’est du second ordre.
L’Ukraine accueille un des plus gros pipeline de Gazprom vers l’Europe. C’est celui qui alimente l’Europe centrale et la France. C’est un point de collecte pour certains voyous locaux et une des raisons pour lesquelles l’Ukraine a un gaz "bon marché" qui lui permet de survivre.
En 2015 sera mis en route le formidable pipeline "south stream" dont l’unique but est de contourner l’Ukraine. A ce moment là, l’Ukraine va s’enfoncer dans une terrible crise économique. C’est inévitable. Cela dit, South Stream ne fonctionnera pas à plein rendement dès 2015. La "dépendance" de Gazprom vis à vis du territoire ukrainien va durer un peu plus longtemps.
En échange, et ça Chauprade l’oublie, une grande partie des exportations vers la Russie concerne des équipements stratégiques et militaires pour lesquels les Kombinats ukrainiens ont su conserver un savoir-faire et les patentes que la Russie n’a pas.
C’est donc autour de ce jeu de dupe que s’est construit ce faux accord avec l’UE que je suis convaincu l’Ukraine n’aurait jamais signé. Yanukovich a fait mine d’une union avec l’Europe tout en conservant son cap pro-russe.
Ne vous y trompez pas : bien que les Ukrainiens passent pour des idéalistes (un peu comme tous ces personnages larmoyants de Dostoïevski) ; ils sont très pragmatiques quand il s’agit d’argent. Les Ukrainiens croient aujourd’hui que l’argent et la puissance sont à Moscou et voient d’un meilleur œil une alliance avec eux. De plus, une partie significative de la population, souvent dans les zones industrielles, sont "ethniquement" russes. Ce sont les descendants de familles déplacées par l’URSS pour occuper ces zones stratégiques (souvent désertées après la famine et les purges) et ne pas les laisser aux mains des Zaporogues à moustaches.
Là où Chauprade a raison également c’est sur le sujet des visas. Le visa Schengen est un sésame vraiment recherché et symbole de liberté. Mais cela concerne exclusivement les classes supérieures ; celles capables de se payer un billet pour l’Europe à 500 € (soit 1.5 fois le salaire moyen). Ce sont les visas que demandent les gens dans la rue ; pas un travail en Europe. Ceux qui étaient prêts à s’exporter sont déjà partis ; il ne reste ici que les voyous et le lumpenproletariat et une petite masse de gens bien.
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