Les tragiques événements de Paris qui ont vu la mort de 17 personnes (sans compter celle des terroristes) ont abouti à une unanimité, qui est largement illusoire, dans l’affirmation de « valeurs européennes ».
Ces valeurs, quelles sont-elles ? Essentiellement la démocratie, l’affirmation d’un certain individualisme et la paix. Or, nous voyons que ces valeurs sont largement bafouées dans de nombreux pays de l’Union européenne, et – ce qui est bien plus grave – dans le fonctionnement des institutions européennes. Cette discordance entre le discours affiché et la réalité des comportements constitue un acide très puissant qui corrode la légitimité des acteurs publics dans l’Union européenne.
Le double discours européen.
Cette discordance sur les trois principes fondamentaux de l’idéologie européenne confine désormais à l’existence d’un « double discours » : faites ce que je dis, et non ce que je faits. Il faut imaginer l’impact très négatif de cette situation. La paix est constamment contestée, essentiellement à la périphérie de l’Union européenne (dans les années 1990 dans l’ex-Yougoslavie, aujourd’hui en Ukraine) mais aussi au sein même de l’Union. Le degré de conflictualité entre les pays membres a fortement augmenté depuis la dernière décennie ; on voit des conflits naître au sein même des pays (comme le cas d’une hypothétique indépendance de la Catalogne en Espagne) et le risque de guerre civile est aujourd’hui réel.
En ce qui concerne l’individualisme, conçu comme ensemble des droits de l’individu, on voit des remises en cause importante dans divers pays. Dernièrement, on a vu des médias britanniques censurer des caricatures publiées par Charlie Hebdo. Quoi que l’on puisse penser de ces caricatures, qu’on les aime ou pas, ces médias avaient un devoir d’information vis-à-vis de leurs lecteurs, outre bien entendu le devoir de solidarité vis-à-vis d’un journal tragiquement agressé par des terroristes. Désormais, on se préoccupe bien trop de ce que pense « l’autre » au lieu d’appliquer le principe fondamental de toute société libérale : « vivre et laisser vivre ».
Enfin, sur la question de la démocratie, celle-ci n’est respectée que lorsque ses procédures (élections, référendum) vont dans le sens de politiques qui ont été décidées par avance. De fait, ce que l’on appelle désormais la « démocratie » est en train de se réduire à un processus de légitimation de politiques décidées par des instances irresponsables (dans le sens précis qu’elles ne sont pas responsables devant un ensemble politique donné). C’est une évolution d’une extrême gravité. Les principes de démocratie, de respect des libertés individuelles, et de paix sont des principes universels. Le fait qu’ils soient instrumentalisés de cette manière par une politique immorale et cynique est un signe manifeste de la crise morale que nous connaissons dans l’Union européenne, et dans chaque de ces pays.
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