Après le succès populaire de la primaire de la droite et du centre des 20 et 27 novembre 2016, qui a vu le succès imprévu de François Fillon, la gauche enfile son bleu de travail (expression anachronique) pour se lancer dans sa propre sélection démocratique.
En fait de démocratie, deux candidats ont déjà été éliminés d’office, faute de signatures suffisantes, et ils ne sont pas contents : Gérard Filoche, déjà pas mal en colère en temps normal, et Fabien Verdier. Ils arguent que les candidats socialistes n’ont pas eu besoin, eux, de signatures !
Au-dessus d’eux, les admissibles sont quatre socialistes, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Manuel Valls, et trois non socialistes, les écologistes Jean-Luc Bennahmias et François de Rugy, ainsi que la radicale Sylvia Pinel. Qui n’a de radicale que le nom, évidemment. Depuis la primaire de gauche en 2011 (victoire de Hollande d’une courte tête sur Aubry), on sait tous que la primaire sert à constituer une force pour prendre un maroquin, une fois le gagnant devenu président.
Les deux tours auront lieu les 22 et 29 janvier 2017, et les optimistes attendent de de 1,5 à 2 millions d’électeurs. On ne connaît pas encore le tarif du vote (2€ à droite). C’est à la Mutualité, salle historique de la gauche, que le PS a officialisé son choix « démocratique » sans Filoche, sa part sociale dérangeante. La Belle Alliance Populaire, elle repassera. Une expression comique pour un parti et une gauche en capilotade.
Les candidats sérieux, ceux qui feront un score à deux chiffres, n’ont pas voulu passer par cette mascarade, sachant qu’ils auraient été éliminés par le candidat du Système, soit Manuel Valls. Les primaires servent avant tout à dégager les emmerdeurs, pour parler plus franchement. C’est une machine à lisser les extrêmes. Mélenchon et Macron (les députés PS qui le soutiennent perdront leur investiture) ne participeront pas, ce qui retire pas mal de voix et de légitimité aux votes de janvier.
Un mois de janvier où auront lieu les trois débats télévisés (sans Elkabbach on l’espère) qui désigneront Manuel Valls. Le manque absolu de suspense – quoique, on sait jamais ! – fatigue les observateurs à l’avance. Seul Montebourg pourrait passer devant Valls, un Montebourg soigné par le PS pour ne pas trop se faire tailler de croupières par Mélenchon. Qui lui, va complètement se lâcher, et tirer à boulets rouges sur la primaire du Système.
L’objectif de tout ce dispositif étant bien évidemment, pour l’oligarchie en place, de réduire au maximum les chances de Marine Le Pen au premier tour de la vraie présidentielle. C’est pour cela que Mélenchon prend un tour très gauche du travail (socialiste et national) et que Fillon s’occupe de la droite des valeurs (malheureusement mâtinée de libéralisme européiste). Il reste que ces deux candidats sont quand même moins cons que les bouffons en poste, quant à la politique internationale.
De ce côté-ci, il faudra remettre la France sur des rails de l’indépendance (dans la mesure du possible) et de la cohérence. Les prises de positions catastrophiques du couple Hollande-Fabius en politique étrangère frisant la dinguerie pure. Ou alors l’alignement trop voyant sur l’axe américano-israélo-saoudien. Le petit point positif à retenir, c’est que les trois ou quatre candidats sérieux à cette présidentielle, d’après leurs déclarations et leurs programmes, prônent une ouverture nouvelle à la Russie, à la Chine, voire à l’Iran, c’est-à-dire les alliés historiques non-alignés de la France.