Le gouvernement de Tony Abbott envisage de modifier la loi sur la discrimination raciale, au grand dam des groupes de pressions communautaires.
En Australie, ceux qui se jugent offensés par des propos peuvent porter plainte auprès de la Commission australienne des droits de l’homme pour être indemnisés par la personne ayant prononcé les propos en questions. Le tout sous prétexte de lutte contre les discriminations, bien entendu. Face aux abus (notamment les persécutions dont un éditorialiste local, Andrew Bolt, a été victime depuis une dizaine d’année) le gouvernement conservateur de Tony Abbott entend apporter des modifications à la loi sur la discrimination raciale en enlevant les mots « insulte », « offense » et « humiliation ». Le but ? Accroître la liberté d’expression.
Partisan de la monarchie constitutionnelle, ancien séminariste, boxeur et pompier bénévole, Tony Abbot occupe le poste de Premier ministre depuis septembre 2013. « Le misogyne Tony Abbott aux commandes de l’Australie », avait titré Libération (8 septembre 2013) lors de sa prise de fonction. De sensibilité conservatrice, Tony Abbott a toujours porté une attention particulière aux Australiens aborigènes : « L’Australie est un pays béni… sauf que nous n’avons jamais fini de faire la paix avec les premiers Australiens. C’est la tache sur notre âme… » (discours du 13 février 2013).
C’est le sénateur George Brandis, proche de Tony Abbot, qui pilote le projet de modification de loi. Il déclarait le 25 mars dernier : « Ce n’est pas le rôle de l’État d’interdire des propos simplement parce qu’ils pourraient blesser la sensibilité des autres », précisant que les lois conçues pour interdire la diffamation raciale ne pouvaient plus être utilisées comme un moyen d’attaquer la légitime liberté d’expression.
Peter Wertheim, directeur exécutif de l’Executive Council of Australian Jewery (l’équivalent local du CRIF), au nom « des communautés minoritaires, des universitaires et des défenseurs des droits de l’homme », a exprimé « la consternation uniforme et la désapprobation du projet de modification de loi en l’état actuel des choses ». Le Conseil islamique s’est aussi dit « préoccupé ». Les deux organisations se laissent la possibilité de faire des observations officielles au Premier ministre.
George Brandis a précisé que « la liberté d’expression et la nécessité de protéger les gens contre les diffamations raciales ne sont pas des objectifs contradictoires ».