Paypal dit non à l’initiative « Sauvez l’or suisse » ! Le compte Paypal des initiants est bloqué sans autre explication depuis la fin octobre – et les fonds qui s’y trouvaient sont gelés.
On peut comprendre que cette initiative dérange – ce ne sera ni la première ni la dernière fois. Mais qu’un organisme privé – et étranger – se permette de censurer un droit constitutionnel, voilà qui est exceptionnel. Cela mérite d’accorder encore un peu plus d’attention au contenu de ce texte soumis au vote du peuple, qui mobilise l’attention du monde de la finance et fait trembler l’Union européenne…
La dissolution du patrimoine national
Contrairement à d’autres objets de votes actuels, l’énoncé de ce texte a l’avantage d’être clair et facile à comprendre avec peu de risques de malentendus. Il modifie la Constitution elle-même sur laquelle s’appuie – en principe – la loi sur la BNS de 2003. Il se décline en 3 volets. Voici comment nous pouvons les interpréter :
1. « Les réserves d’or de la Banque nationale suisse sont inaliénables »
Il est donc demandé d’emblée de rendre inaliénable le stock d’or. Pourquoi ? Parce que dans la pratique bancaire, les actifs pourraient être « loués » à d’autres partenaires moyennant rémunération.
Les banques ont la faculté de « titriser » certains actifs qui sont en leur possession. En clair, elles ont la possibilité de transformer des actifs physiques en titres financiers échangés sur le marché des capitaux (telles les hypothèques américaines lors de la crise des subprimes).
Cela évite toute tentation à la BNS de mettre son stock d’or à la disposition des marchés financiers.
Bref, les initiants réclament donc un investissement à long terme tangible et stable.
2. Elles doivent être stockées en Suisse
Les rumeurs les plus folles courent au sujet de l’existence ou pas des stocks d’or physique des différents pays européens (dont la Suisse). Il est vrai que l’épisode allemand n’a pas aidé à rassurer l’opinion publique.
Plus concrètement, ce point empêche la BNS d’acheter des fonds de placement en or –soumis à la spéculation et aux aléas du système bancaire- en lieu et place de l’or physique.
Les initiants préfèrent avoir l’or du pays sous les yeux plutôt que des promesses écrites par une banque.
3. La Banque nationale suisse doit détenir une part importante de ses actifs en or
La part de l’or ne doit pas être inférieure à 20 %. Souvent jugé excessif, ce chiffre de 20% est pourtant inférieur à celui qui prévalait encore en 2007. Le bilan affichait alors pour 34.7 milliards de francs en or sur un total d’actifs de 126 milliards, soit un ratio de 26.9% ! Actuellement, la part de l’or ne représente plus que 7% des actifs de la BNS (septembre 2014)…
Pour augmenter ce ratio, la BNS pourrait également réduire la taille de son bilan, notamment très exposé à la dette européenne.
Dans tous les cas, l’initiative mettrait un frein à l’expansion spéculative du bilan de la BNS, qui a explosé ces dernières années.
Lire la suite de l’article sur lilianeheldkhawam.wordpress.com