Avant de participer au sommet sur la sécurité de l’Organisation de coopération de Shanghai, à Pékin, le président russe, Vladimir Poutine a fait part de l’intention, le 5 juin, de son pays d’accroître ses relations militaires avec la Chine.
« Récemment ont eu lieu des manoeuvres navales conjointes en mer Jaune, les premières de ce genre entre nous. Nous sommes convenus, le président Hu et moi-même, de poursuivre ce type de coopération », a ainsi indiqué le chef du Kremlin, à l’issue d’une rencontre avec son homologue chinois, en faisant référence à un exercice ayant eu lieu en avril dernier.
Ce dernier a fait entrer la coopération militaire sino-russe dans une ère nouvelle dans la mesure où, pour la première fois, les manoeuvres ont porté sur des aspects opérationnels concernant la guerre navale, notamment en matière de missions anti-sous-marines (ASM) et anti-aériennes. Et il a ainsi permis aux deux forces d’échanger des informatins tant techniques que tactiques.
Plus largement, Vladimir Poutine, qui a récemment fait l’impasse sur les sommets du G8 et de l’Otan, a parlé de l’intention commune à la Russie et à la Chine de « renforcer » leur « coopération dans le cadre des grandes organisation internationales (ONU, G-20 BRICS, OCS). « La coopération stratégique sino-russe est en train de franchir un nouveau palier. Continuons à travailler ensemble pour approfondir nos relations » a-t-il ajouté, en expliquant que les » intérêts de nos deux pays coïncident dans de nombreux domaines importants ».
Sur le plan économique, les deux pays ont signé plusieurs accords de coopération, dont portant sur la création d’un fonds d’investissement sino-russe doté de 4 milliards de dollars. Il est aussi question d’une association pour développer conjointement des avions long-courriers, ce qui, au vu de l’expertise russe en matière aéronautique, serait de nature à doper les capacités de l’industrie chinoise en la matière (et l’on pense aux éventuels progrès dans le domaine militaire).
Enfin, comme la Chine est l’un des premiers consommateurs mondiaux d’énergie et que la Russie est l’un des principaux producteurs d’hydrocarbures, il y aurait là aussi matière à s’entendre. Mais, visiblement, ce ne sera pas pour cette fois, même si un accord portant sur la livraison annuelle de 70 milliards de m3 de gaz pendant 30 ans est en cours de négociation depuis 2009. Le vice-Premier ministre russe Arkadi Dvorkovitch a en effet récemment estimé peu probable qu’un accord soit trouvé à l’occasion du déplacement de Vladimir Poutine à Pékin.
De leur côté, les Etats-Unis cherchent à renforcer leurs relations avec l’Inde, qui n’est pas franchement amie avec la Chine. Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, en visite au même moment à New Delhi, a expliqué que la nouvelle stratégie de son pays vise « étendre (ses) partenariats militaires et (sa) présence dans l’arc s’étendant du Pacifique occidental et l’Asie de l’est à la région de l’océan Indien et l’Asie du sud ».
Du coup, a-t-il conclu, « la coopération dans la défense avec l’Inde est un pivot dans cette stratégie ». Et d’en appeler à un renforcement des liens militaires entre Washington et New Delhi, notamment avec la planification de davantage d’exercices conjoints et davantage d’efforts en matière de recherche.