Les États-Unis et la Russie surenchérissent pour l’Ukraine, mais chacun à sa manière. La Russie, sans réelle surprise, s’apprête à proposer, non pas une entrée dans l’Union douanière, mais une série d’accords bilatéraux qui devrait permettre au gouvernement ukrainien de continuer à fonctionner par l’octroi d’une ligne de crédit. Ce crédit devrait être accompagné d’une réduction du prix du gaz qui constituera un choc de compétitivité pour l’industrie ukrainienne.
Du côté américain, les moyens ne sont pas les mêmes biens entendus. Avec 46 millions de leurs concitoyens vivant de bons d’alimentation, soit plus que la totalité de la population ukrainienne, il ne reste plus grand-chose à envoyer à Kiev. En faisant les fonds de tiroirs, les États-Unis ont trouvé quelques gâteaux, quelques menaces, un vieux sénateur et une actrice pornographique, qui incarnent parfaitement bien le projet américain pour l’Ukraine.
Quel mépris ! Comme la « creativny class » de Moscou, la foule de Maidan représente la partie politiquement immature de l’Ukraine. On peut, bien sûr, comprendre l’impatience d’une partie de l’Ukraine, Yanoukovitch n’est pas Poutine. Son bilan est cependant bien meilleur que celui de son prédécesseur et il s’est efforcé de réconcilier les Ukrainiens.
Ceux qui manifestent encore aujourd’hui sont des rêveurs ignorants, prêts à tout pour obtenir un visa et aller grossir les bataillons des chômeurs d’Europe de l’Ouest. On y trouve aussi « Svoboda », parti ouvertement raciste – les Russes sont des asiatiques à chasser d’Ukraine – qui serait depuis longtemps interdit en France et ses dirigeants lourdement condamnés. C’est avec ces « ultras » que Klischko, qui apparaît de plus en plus comme un grand niais manipulé, veut faire campagne. Comme la « creativny class », les « européistes » ont besoin de ces fanatiques entraînés à la guerre civile. Sans eux, ils perdent leurs bataillons de choc et leur seule légitimité, qui est d’avoir érigé des barricades dans la rue et d’avoir pris d’assaut les bâtiments officiels. Que l’on s’imagine seulement le sort qui aurait été réservé aux manifestants de la Manif pour tous s’ils s’étaient emparés de l’Hôtel de Ville.
La population ukrainienne se doit désormais de réagir lors des prochaines élections et montrer que l’Ukraine n’est pas une république bananière à échanger contre de la verroterie occidentale.
Élie Martin