C’est maintenant officiel : la Ligue de défense juive, un groupe ultranationaliste, aura une antenne à Montréal.
Le directeur de la section canadienne, Meir Weinstein, l’a confirmé au lendemain d’une réunion qui s’est tenue dimanche, dans une synagogue de la métropole.
Même si aucun porte-parole n’a encore été désigné pour le chapitre montréalais, une manifestation a déjà été annoncée pour le mois d’août, tout comme la tenue de séances d’entraînement en autodéfense.
Un programme qui fait déjà sourciller l’inspecteur de la GRC à la retraite, Jean Brisebois.
« Pourquoi une organisation qui est à la défense d’un groupe se sent l’obligation de donner des cours d’autodéfense si on ne s’attend pas à ce qu’il y ait de la violence ? », se questionne-t-il.
Le directeur national Meir Weinstein nie que le groupe soit une organisation violente.
« Non, nous ne prévoyons pas faire quelque chose de radical. Tout se fera dans le calme et dans les limites de la loi canadienne. »
— Meir Weinstein, directeur de la section canadienne
Il affirme que les membres de la communauté juive veulent tout simplement « se défendre eux-mêmes », combattre l’antisémitisme et surveiller des organisations extrémistes musulmanes.
Le vice-président du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, Luciano Del Negro, voit plutôt la Ligue comme un groupuscule « en marge de la communauté juive ».
« Cette organisation a déjà existé à Montréal durant les années 1960. Elle est tombée tout simplement en disgrâce. Personne n’y a adhéré », rappelle-t-il.
Plus de surveillance ?
Avec des effectifs au Québec qui s’ajoutent à celles déjà bien implantées de Toronto, la Ligue de défense juive risque de voir sa cote de surveillance policière augmentée, estime l’expert en affaires policières, Stéphane Berthomet.
« On comprend très bien que c’est une organisation qui rentre dans les champs des actes de violence. Les autorités européennes la surveillent », souligne-t-il.
En France, le ministre de l’Intérieur menace de dissoudre le groupe, après des affrontements en marge d’une manifestation à Paris, le mois dernier.
Une menace qui ne tiendrait pas la route au Canada, intervient Jean Brisebois.
L’ancien policier de la GRC mentionne que « tant et aussi longtemps qu’un groupe qui veut s’installer ne vient pas en contradiction avec les lois canadiennes, ou ne prône pas la violence ou la haine », peu de moyens s’offrent aux politiciens pour le dissoudre.
Aux États-Unis, le FBI a déjà qualifié l’organisation de « terroriste, violente et d’extrême droite ».
D’autres antennes pourraient éventuellement voir le jour à Ottawa, Vancouver et Calgary.