Les Libyens, notamment les habitants de Benghazi, retiennent leur souffle. Et pour cause, le général Khalifa Haftar s’apprête à lancer une seconde offensive contre les positions des milices islamistes.
Ces dernières ont fait savoir qu’elles aussi se préparent à riposter. Ainsi le groupe djihadiste Ançar el charia, basé à Benghazi et classé organisation « terroriste » par les États-Unis, a averti qu’il riposterait à toute attaque du général Haftar. « La confrontation est désormais inévitable pour défendre notre ville et notre terre », a-t-il averti dans un communiqué.
D’autres milices de même obédience et loyales au Congrès général national (CGN) à majorité islamiste, à l’image de la Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye, ont aussi déclaré leur hostilité à Haftar.
De son côté, le nouvel homme fort de « l’armée » libyenne, le général Haftar pourra compter sur de nouveaux soutiens dans son offensive contre les milices islamistes qu’il a qualifiés de « terroristes ». Cette peur au ventre que vivent les Libyens intervient alors que le CGN, la plus haute instance politique du pays, devait se réunir hier pour adopter le budget 2014 et voter sa confiance au Premier ministre, Ahmed Mitidj.
Composé en majorité de partis islamistes, ce Parlement, dont le mandat a été prolongé illégalement jusqu’à décembre prochain, a été invité à partir en « congé » par le gouvernement qui, lui, est soutenu par les milices armées de Haftar et celles de Zentane. Une proposition qui a aussitôt été rejetée par le Parti pour la justice et la construction (PJC), issu des Frères musulmans, dont l’influence est de plus en plus grandissante au Congrès aux côtés de son allié, le bloc Wafa, plus radical.
Accusé par les autorités de « tentative de coup d’État », le général Khalifa Haftar a lancé, vendredi, une offensive contre les groupes radicaux à Benghazi (est) qu’il accuse de « terrorisme », les combats ont fait des dizaines de morts.
L’offensive a été suspendue le temps de réorganiser les troupes, selon lui. Il a reçu l’appui des Forces spéciales, une unité d’élite de l’armée régulière, des officiers de la base aérienne de Tobrouk (est) et de la puissante tribu de l’est libyen, Al Barassa. « Nous nous joignons à la bataille de la dignité menée par l’Armée nationale libyenne avec tous nos hommes et armes », a lancé lundi soir le chef des Forces spéciales à Benghazi, le colonel Wanis Boukhamada en référence à l’opération Haftar.
Le CGN a été, jusque-là, dans l’incapacité de contenir les puissantes milices armées formées de rebelles qui ont participé à la révolte en 2011 contre le régime d’El Gueddafi, n’ayant pas pu mettre en place une police ou une armée disciplinées.
Pendant ce temps, des chancelleries étrangères et des firmes internationales quittent le territoire libyen face à la tension qui a atteint son paroxysme. Même la compagnie nationale Sonatrach a annoncé sa décision de rapatrier ses employés comme mesure préventive, comme ce fut le cas pour l’ambassade et le consulat d’Algérie fermés depuis samedi.