Si l’on en croit les informations de l’Associated Press (AP) publiées dans le National Post (canadien) du 15 novembre 2015, le renseignement irakien (le pays existe encore) a averti la France et l’Occident de l’imminence d’attaques à Paris, un jour avant les événements tragiques.
Le correspondant à Bagdad de l’AP souligne qu’un haut responsable du renseignement irakien a donc averti des membres de la coalition qui combat l’État islamique de l’imminence d’attaques, 24 heures avant les tueries de Paris.
Le renseignement irakien a envoyé une note selon laquelle le leader du groupe islamique, Abu Bakr al-Baghdadi, avait ordonné d’attaquer les pays de la coalition qui luttaient contre lui en Syrie et en Irak, ainsi que l’Iran et la Russie, à travers des explosions et autres méthodes les jours suivants.
La note dit que les Irakiens n’ont pas plus de détails sur quand et où les attaques auront lieu, et un haut gradé du renseignement français a révélé à l’AP que ses services recevaient ce genre d’alertes « tout le temps » et « chaque jour ».
Sans commenter spécifiquement l’avertissement irakien, un haut responsable des services secrets américain a confirmé qu’il n’était au courant d’aucune menace envoyée aux gouvernements occidentaux qui aurait été suffisamment précise pur pouvoir contrecarrer les attaques parisiennes. Les responsables politiques des États-Unis, de la France et d’autres gouvernements de l’Ouest expriment depuis des mois leur inquiétude à propos d’attaques inspirées par l’EI de la part de militants qui ont combattu en Syrie, admettent les officiels. Dans les dernières semaines, le niveau d’alerte avait augmenté considérablement.
Six hauts responsables irakiens ont confirmé l‘information dans la note, dont l’AP a pu obtenir une copie, et quatre de ces responsables ont dit qu’il avaient justement averti précisément la France d’attaques potentielles. Deux d’entre eux ont encore confirmé que la France était prévenue à l’avance de certains détails que les autorités françaises doivent encore rendre publics.
« Nous avons remonté des information de la part de nos sources directes placées dans l’organisation terroriste de l’EI, d’ordres de Baghdadi demandant à tous les membres de l’organisation de mettre en œuvre une attaque au niveau international contre tous les pays de la coalition, plus l’Iran et la Russie, par le moyen explosions et d’assassinat d’otages dans les jours suivants. Nous n’avons aucune information supplémentaire sur le lieu et l’heure de ces opérations terroristes pour le moment », ajoute la note.
Parmi les autres avertissements cités par les Irakiens : que les attaques de Paris ont été planifiées à Raqqa (Syrie), le fief de l’État islamique, où des militants ont été entraînés spécialement pour ces opérations dans le but de les envoyer en France.
Ces mêmes responsables irakiens ont dit qu’une cellule dormante en France ferait ensuite le lien avec les attaquants après leur entraînement, et les aideraient à mettre leur plan à exécution.
24 individus ont été concernés par l’opération, soit 19 attaquants et cinq autres en charge de la logistique et de la planification.
Tous ces responsables ont parlé anonymement car ils ne sont pas autorisés à évoquer ce sujet publiquement.
Le Groupe État islamique a revendiqué samedi la responsabilité des attaques à la bombe et au fusil d’assaut contre un stade, une salle de concert et des cafés parisiens [qui ont fait 129 morts, NDLR], qui ont en outre blessé 350 personnes dont 99 sérieusement. Sept de ces tueurs se sont fait exploser. La police a recherché activement des complices éventuels.
Le ministre des Affaires étrangère sirakien Ibrahim al-Jaafari a ainsi révélé à Vienne ce dimanche que les agences de renseignement irakiennes avaient obtenu l’information selon laquelle certains pays étaient visés, incluant la France, les États-Unis et l’Iran, information qu’ils ont partagée avec les pays en question. Aucun commentaire officiel du côté de l’Élysée, et les responsables américains n’ont fait aucun commentaire lorsqu’ils ont été contactés par l’AP.
Les responsables français de la sécurité intérieure se couchaient chaque soir en se demandant « pourquoi pas aujourd’hui ? », a avoué son représentant.
Le gouvernement irakien a partagé ses informations secrètes avec les différentes nations qui composent la coalition, depuis que ces dernières ont lancé leur campagne de bombardements aériens contre l’État islamique l’année dernière. En septembre, le gouvernement irakien a ainsi annoncé qu’il avait établi un pool de partage de renseignements avec la Russie, l’Iran et la Syrie afin d’empêcher l’EI d’augmenter plus encore ses gains de territoires.
Un tiers de l’Irak et de la Syrie fait désormais partie du califat proclamé par le Groupe État islamique l’année dernière. Une coalition menée par les États-Unis opérant en Irak et en Syrie fournit un support aérien aux forces terrestres des deux pays, en outre ils arment et entraînent les forces irakiennes. Les États-Unis ont ainsi envoyé environ 50 soldats des Forces spéciales au nord de la Syrie.
La Russie, qui mène une campagne de bombardements aériens en Syrie, a vécu récemment une tragédie quand un de ses avions a vraisemblablement explosé en plein vol au-dessus de l’Égypte le mois dernier, tuant les 224 passagers à bord. Le Groupe État islamique a revendiqué l’attaque.
Le Républicain américain Adam Schiff, haut responsable du comité de direction des services secrets, a révélé dimanche que cette attaque avait été probablement dirigée et préparée de la Syrie.
La France est sur le qui-vive depuis janvier, quand les extrémistes de l’EI ont attaqué le journal satirique Charlie Hebdo, qui a publié des caricatures du Prophète Mahomet, et un supermarché cacher. 20 personnes ont perdu la vie, en incluant les trois terroristes. Les tueurs de Charlie Hebdo ont revendiqué leurs liens avec des extrémistes au Yémen, pendant que le tueur de l’épicerie cacher revendiquait lui un lien avec le groupe État islamique.
Au moment des faits, le Premier ministre français a reconnu des « failles » dans le renseignement qui ont conduit à ces trois jours d’horreur, entre autres critiques celle que les attaques auraient pu être évitées si les fonctionnaires en question avaient eu une conscience plus aiguë du péril mortel constitué par des suspects déjà mis sous surveillance auparavant.
Des experts ont noté que plusieurs facteurs ont pu être à l’origine des errances de janvier : les services de sécurité sont noyés sous les informations, écrasés par la quantité de personnes et d’emails qu’ils sont censés tracer, et fondamentalement dans l’incapacité d’assumer des interpellations préventives en pays démocratique. Les critiques se sont concentrées sur l’échec du suivi serré des deux frères qui ont attaqué le journal Charlie Hebdo. L’un a été reconnu coupable d’activités terroristes tandis que l’autre a été en relations avec des forces d’al-Qaïda au Yémen.
« Ces derniers mois nous avons neutralisé un certain nombre d’attaques sur notre sol. Mais cela ne signifie pas que nous serons capables tout le temps d’empêcher de telles attaques »
Bernard Bajolet, le numéro un des services de renseignement français, a évoqué pendant une apparition publique à l’université George Washington il y a deux semaines la double menace que devait affronter la France, de la part de ses propres extrémistes et « d’actions terroristes planifiées et ordonnées de l’extérieur ou simplement au moyen de combattants revenant dans notre pays ». Les avertissements sur des attaques potentielles de la part du renseignement irakien ou d’autres services du Proche-Orient ne sont pas rares, a ajouté le responsable. Les Français étaient déjà à un niveau d’alerte élevé. « Ces derniers mois nous avons neutralisé un certain nombre d’attaques sur notre sol. Mais cela ne signifie pas que nous serons capables tout le temps d’empêcher de telles attaques. »
Obtenir des renseignements fiables sur le groupe État islamique s’avère difficile au regard des difficultés d’approche sur le terrain, tenu par les radicaux sunnites. Les agences irakiennes partagent généralement le matériel fourni par leurs informateurs infiltrés dans l’État islamique, mais ce n’est pas toujours infaillible. L’année dernière, des rapports des services de renseignement officiels et du gouvernement irakien selon lesquels al-Baghdadi était blessé ont été déniés ou contredits un peu plus tard.
(Texte traduit par la rédaction d’E&R)