La Chine a annoncé des visites de son Premier ministre Li Keqiang en Allemagne et en Italie tout en avertissant l’Europe de l’absence des perspectives de nouvelles tentatives pour brouiller la Chine avec la Russie.
« Pékin est prêt à profiter de toute occasion qui se présente au business sur le marché de Russie suite à la détérioration des rapports entre elle et l’UE ». C’est ce qu’a déclaré l’ambassadeur de Chine en Allemagne Shi Mingde à une semaine de la rencontre de Li Keqiang avec la chancelière allemande Angela Merkel.
La déclaration a été faite le 2 octobre, le jour où le Ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine a annoncé la tournée du Premier ministre chinois en Allemagne, en Russie et en Italie. Ce n’est pas là une pure coïncidence, mais une démarche préventive. Un appel à cesser d’inciter la Chine à élever une « grande muraille de Chine » entre elle et la Russie. « Nous souhaitons de très étroits rapports économiques avec la Russie », a relevé l’ambassadeur. « Nous voulons une amélioration entre la Russie et l’UE. Mais lorsque des opportunités se présentent de promouvoir la coopération avec la Russie, pourquoi ne pas les saisir ? C’est évident. Ce ne sont pas nous qui avons commencé ce conflit », a fait remarquer avec ironie et franchise l’ambassadeur. Une telle manière de s’exprimer n’est pas, d’ailleurs, propre aux diplomates chinois.
De cette façon, de l’Allemagne la Chine a envoyé un signal à l’Europe – elle occupera les niches européennes sur le marché russe qui se vident suite aux sanctions imposées à la Russie. Ce ne sera pas facile, prévient Vladislav Biélov, expert pour l’Allemagne à l’Institut russe de l’Europe :
« En dépit de toutes les difficultés, pour le moment les sociétés allemandes sont disposées à poursuivre leurs activités. Elles sont opposées aux sanctions, critiquent énergiquement une telle politique, le business se dit prêt à être un partenaire d’affaires de la Russie. Et il le fait dans une mesure non moindre que la Chine. Au niveau des entreprises et des sociétés concrètes. Pour cette raison les partenaires chinois auront à s’appliquer et déjà dans les conditions d’une concurrence honnête à s’efforcer d’occuper les niches où opère le business allemand. Je crois que ce sera assez difficile. »
L’Europe reste partenaire de la Russie, a déclaré le président russe Vladimir Poutine au forum international d’investissements « Russie appelle », tenu le 2 octobre à Moscou. Mais la Chine est la grande priorité. Après l’intervention du représentant de Chine au forum, le chef de l’État russe a noté qu’elle était devenue une priorité non pas parce que l’Europe réduit sa coopération avec la Russie :
« Je suis persuadé que lorsque le délégué chinois parlait des possibilités des fonds d’investissements, cela a impressionné tous. Tous. Quand tu entends tous ces chiffres – et ils sont réels – cela fait réfléchir à la façon d’utiliser la présence croissante de la Chine dans l’économie d’autres pays. Et la Russie y pense aussi. C’est la raison de l’institution de l’Organisation de la coopération de Shanghai et du BRICS. Il s’agit là de notre choix délibéré, fait il y a déjà bien des années. »
Dans les années qui viennent la Russie est disposée à développer ses liens d’affaires avec les partenaires du BRICS, a confirmé Vladimir Poutine. Ce n’est pas une décision de conjoncture ni d’autant une réponse forcée aux sanctions antirusses de l’Occident. C’est une stratégie, que la Russie a élaboré avec la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud dans l’intérêt d’un essor commun.