« Nous sommes témoins d’attaques sans précédent contre le système bancaire du pays. Le but est de déstabiliser l’État » a déclaré Ivan Iskrov, le gouverneur de la Banque nationale de Bulgarie (BNB), le 27 juin dernier.
En effet, la 3ème et la 4ème banque du pays ont été la cible de messages anonymes malveillants et de rumeurs qui ont provoqué un début de panique bancaire.
La semaine dernière, la banque centrale avait mis sous tutelle la 3ème banque du pays, la Banque Commerciale Corporative (KTB). Les médias avaient rapporté que la banque était impliquée dans des opérations suspectes, et ces informations avaient suscité un début de ruée bancaire, bien que la banque ait nié les allégations de la presse. La contagion n’avait pas pu être évitée, et dès le vendredi, les clients faisaient la queue aux guichets de la Fibank, la 4ème banque du pays, tandis que le cours de ses actions s’effondrait de 24%.
Des messages circulant sur les réseaux sociaux ont allégué la faillite imminente de la Fibank, ce qui a poussé les clients de la banque à retirer en masse leurs avoirs auprès des agences et aux distributeurs de billets. Rien que sur la journée du 27 juin, les retraits sur les comptes de cette banque se sont montés à l’équivalent de 400 millions d’euros. Entretemps, des messages menaçants concernant 3 autres banques avaient également commencé à être diffusés sur les réseaux sociaux.
Le ministre de l’Intérieur Tsvetlin Iovtchev a convoqué une réunion de crise avec le procureur général Sotir Tsatsarov et le responsable des services de renseignements. A la suite de cette réunion, 8 personnes suspectées d’être à l’origine de la publication de messages ont été arrêtées. Deux d’entre elles ont été mises en examen.
Rosen Plevneliev, le président bulgare, est intervenu dimanche pour indiquer qu’il n’y avait pas de crise bancaire, et que les inquiétudes n’étaient pas fondées. Il a annoncé qu’il allait dissoudre le parlement le 6 août prochain, et que des élections législatives seraient organisées cet automne. Dans l’intervalle, il désignera un chef de gouvernement provisoire. Le gouvernement socialiste du Premier ministre Plamen Oresharski a indiqué qu’il acceptait de donner sa démission.
Ce lundi, les choses semblent rentrer peu à peu dans l’ordre depuis que l’UE a consenti une ligne de prêt de 1,7 milliard d’euros à la banque centrale bulgare.
La Bulgarie a pourtant été félicitée par le Fonds Monétaire International pour la stabilité de son système bancaire et ses finances publiques saines. Le pays se targue de l’un des taux d’endettement les plus faibles de l’UE.
La monnaie locale, le lev, est liée à la parité de l’euro, et ses banques sont bien capitalisées. En outre, environ deux tiers des banques du pays sont étrangères, ce qui signifient qu’elles pourraient faire appel à leur maison-mère en cas de besoin.