Le sénateur américain John McCain a illégalement traversé la frontière syrienne pour s’entretenir avec les chefs de l’opposition, écrit le quotidien Kommersant du 29 mai 2013.
Son geste renforcera certainement la pression des républicains sur l’administration américaine, qui veulent la pousser à apporter un soutien militaire significatif à l’opposition syrienne. John McCain est coutumier du fait : il était déjà entré illégalement sur le territoire libyen en 2011.
Le bureau du sénateur à Washington a confirmé que John McCain s’était effectivement rendu en Syrie mais refuse d’entrer dans les détails. "Je peux seulement dire qu’il n’a passé que quelques heures dans ce pays", a déclaré son porte-parole Brian Rogers.
Le week-end dernier, le sénateur avait participé au Forum économique mondial en Jordanie. Toutefois les questions concernant le développement financier de la région ne semblaient pas vraiment l’intéresser et dimanche, il s’est rendu en Turquie. Selon les communiqués officiels, le sénateur a visité l’une des bases militaires américaines et a passé quelques heures dans l’unité des missiles sol-air Patriot déployée à moins de 80 km de la frontière syrienne, près de Gaziantep.
Selon d’autres informations, le sénateur a en fait traversé la frontière turco-syrienne près de la ville de Kilis lundi matin. Il était accompagné par le chef du Conseil militaire suprême de l’Armée syrienne libre, le général Salem Idris et de nombreux gardes du corps. Des chefs d’unités rebelles de diverses régions du pays ont pris part aux pourparlers.
"C’était une visite très importante et extrêmement cruciale, a déclaré le général Idris.
Nous sommes dans une situation critique et nous voulons que le gouvernement américain décide d’aider la révolution syrienne. "D’après lui, les combats se sont intensifiés ces dernières semaines avec l’entrée en guerre du Hezbollah libanais aux côtés des troupes gouvernementales, près de Damas et d’El Quseir.
"Nous avons besoin de munitions et d’armes, de missiles antichars et antiaériens, a précisé le général. Évidemment, nous voulons que l’espace aérien syrien soit fermé et demandons de bombarder les bases du Hezbollah au Liban et en Syrie."
La commission des affaires étrangères du sénat américain a approuvé la semaine dernière le projet de loi autorisant l’administration à fournir des armes aux rebelles syriens – le matériel et l’armement pourraient être transmis uniquement aux groupes répondant à "certains critères en termes de droits de l’homme et de lutte contre le terrorisme". Le projet de loi prévoit également l’adoption de sanctions contre les organisations et les individus qui vendraient des armes au régime de Bachar al-Assad.
La chambre basse du congrès n’a pas encore soutenu l’initiative des sénateurs et la Maison blanche insiste sur la recherche de solutions pacifiques au conflit. La Russie et les États-Unis ont convenu début mai d’organiser une conférence internationale sur la Syrie mais l’opposition syrienne n’a pas encore pris de décision concernant sa participation au forum de Genève.
"Nous sommes prêts à étudier les solutions pour sortir de la crise à condition qu’al-Assad renonce à son poste, quitte le pays, et que les représentants du commandement militaire suprême qui protégeaient le régime soient traduits en justice", explique Salem Idris.
Le général a confirmé qu’à la veille de son escapade en Syrie John McCain s’était entretenu avec des représentants de l’opposition en Turquie. Les chefs militaires étaient venus de Homs, d’El Quseir, d’Idlib, de Damas et d’Alep à Gaziantep pour le rencontrer.
Les détails des négociations restent inconnus mais, selon les experts, le sénateur utilisera forcément les informations obtenues auprès des rebelles pour mener une nouvelle attaque contre la Maison blanche.