L’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a entamé dimanche une visite officielle en Iran, un déplacement qualifié d’historique et qui doit contribuer à la sécurité et la stabilité dans la région du Golfe.
Les relations entre l’Iran chiite et ses voisins sunnites se sont récemment dégelées en dépit des divergences sur la Syrie, Téhéran soutenant le régime de Bachar al-Assad alors que la majorité des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Arabie saoudite en tête, appuient les rebelles.
Les monarchies du Golfe s’inquiètent aussi des ingérences prêtées à Téhéran en Irak et à Bahreïn. Elles scrutent également le rapprochement entre l’Iran et les grandes puissances, qui doivent reprendre à Vienne le 16 juin leurs négociations en vue d’aboutir à un accord définitif sur le programme nucléaire controversé iranien.
Cette visite sera un tournant décisif dans l’approfondissement des relations entre les deux pays, a affirmé le président Hassan Rohani en recevant cheikh Sabah en fin d’après-midi.
L’Iran et le Koweït ont des vues proches sur les questions politiques, régionales et internationales, a ajouté M. Rohani, dans un communiqué publié sur le site internet de la présidence, soulignant que son pays était prêt à étendre ses liens avec tous les Etats-membres du CCG.
L’émir a pour sa part estimé que son voyage profiterait aux deux pays, selon le communiqué.
Nous avons des intérêts mutuels et historiques avec le Koweït et le terrain est préparé pour étendre ces liens, avait auparavant affirmé le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, cité par l’agence officielle Irna.
Les relations bilatérales se sont améliorées depuis l’élection du président Rohani en juin 2013, après plusieurs années de tensions.
L’émir, qui effectue sa première visite en Iran en tant que chef d’État, est accompagné d’une importante délégation comprenant les ministres des Affaires étrangères, du Pétrole, des Finances et du Commerce et de l’Industrie.
Au cours de sa visite de deux jours, il doit également rencontrer le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.
Dans un entretien vendredi au quotidien panarabe Al-Hayat, le sous-secrétaire des Affaires étrangères koweïtien Khaled al-Jarallah a affirmé que son pays était aussi prêt à jouer le rôle de médiateur entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
"Un rapprochement entre ces deux puissances régionales pourrait avoir une grande influence dans la résolution de nombreux problèmes régionaux", a-t-il expliqué.
Selon M. Jarallah, cette visite historique pourrait entraîner une coopération iranienne plus positive et réaliste sur les affaires concernant le Golfe et en retour aurait un effet positif sur l’avenir, la sécurité et la stabilité des pays du CCG.
L’Arabie saoudite avait jusqu’alors ignoré les appels du pied de Téhéran en vue d’un réchauffement des relations. Mais le 13 mai, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, avait annoncé que son pays était prêt à négocier avec son voisin iranien pour améliorer les relations bilatérales, et Ryad a invité le chef de la diplomatie iranienne dans le cadre d’une réunion de l’Organisation de coopération islamique (OCI) prévu à Jeddah les 18 et 19 juin.
M. Zarif a toutefois décliné dimanche l’invitation, en raison des négociations nucléaires avec les grandes puissances qui se dérouleront au même moment.
"La date des négociations (nucléaires) avait été décidée avant (l’invitation) et il n’est pas possible de la changer", a indiqué le ministre iranien, qui chapeaute les négociations, cité par Irna.