Les effrayantes dévastations causées par le tsunami du siècle dans le nord du Japon sont un aspect du malheur – ce qui nous interpelle le plus ce sont les craintes causées par les fissures des réacteurs nucléaires. On est pris de doutes – renforcés par les médias par souci de sensation ou pour des raisons politiques.
La peur menace la raison
Le sentiment d’insécurité venant de Fukushima, met en danger notre raison. La peur peut enfler comme un torrent qu’on ne maîtrise plus et qui cause des dégâts sur son passage. Dès lors qu’on reprend ses esprits on reconnaît les relations déplacées. Nous devons découvrir le pourquoi de cette catastrophe. En fait, à l’origine de la catastrophe ne se trouvaient pas des déficiences techniques, mais des forces naturelles débridées et le fait que les réacteurs nucléaires de Fukushima se trouvaient à un endroit particulièrement inadapté.
S’enfuir sans réfléchir n’est pas une solution pour maîtriser les difficultés qui se présentent. Nous ne pouvons nous cacher la réalité ni l’ignorer. Nous devons l’affronter.
Affronter la réalité
L’avertissement de Fukushima doit nous rappeler en première ligne que nous vivons dans l’ère nucléaire depuis plus d’un demi-siècle. En 1945, les bombes d’Hiroshima ont marqué le début d’une époque qui se trouve sous l’épée de Damoclès, exposée à d’énormes forces destructives.
Pratiquement, nous avons conclu un pacte avec ces forces d’une part en les supportant et de l’autre part en en profitant pour assouvir nos besoins en énergie. Il semble bien qu’il n’est pas possible d’avoir l’un sans l’autre.
Peut-on revenir en arrière ?
Fukushima est un avertissement. L’époque du nucléaire est pleine de risques, on n’y échappe pas. Dans les mains de terroristes ou de politiques irresponsables à la recherche du pouvoir, les bombes atomiques sont un risque énorme. Maintenant nous savons que des accidents dans des centrales nucléaires peuvent avoir les mêmes effets. Mais peut-on revenir en arrière ? Peut-on espérer faire disparaître complètement ces bombes destructrices ? Pouvons-nous par exemple remplacer dans notre pays au cours des dix à vingt ans à venir la production de 40% de notre besoin en électricité par des sources d’énergie durables ?
Les rapports d’experts à l’épreuve
On préconise les énergies solaire et éolienne pour assurer la grande partie de la fourniture d’électricité à l’avenir. Est-ce crédible ? Outre le fait que ni le vent ni le soleil ne sont accessibles à tout moment, les efforts et les coûts qui seraient nécessaire sont énormes. Des études minutieuses ont démontré que le remplacement de la centrale de Mühleberg exigerait ce qui suit :
Remplacement par des éoliennes :
Une éolienne de 98m de haut, avec des pales de 82 mètres de diamètre fournit 5 millions de kWh par an. Pour produire les 2950 millions kWh de la centrale de Mühleberg, il faudrait 590 de ces éoliennes. Leur coût total s’élèverait à 5,6 milliards de francs.
Remplacement par des panneaux solaires :
20 millions de m2 (coût total 25 milliards de francs)
L’énergie, quelle que soit sa forme, est le moteur de notre économie et de notre civilisation. Il est évident que les besoins en énergie croissent parallèlement à la population mondiale. Chaque type d’énergie a ses avantages et ses inconvénients. Le type d’énergie idéale, qui pourrait être produite en quantité suffisante, n’existe pas encore. On continue les recherches.