Selon le quotidien The Guardian, l’armée britannique prépare actuellement des plans pour une éventuelle opération contre le programme nucléaire iranien.
Pour l’instant, et même si le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a le doigt sur la gâchette malgré les réticences des responsables militaires, il n’est pas question, pour les Etats-Unis, d’aller bombarder l’Iran. Du moins jusqu’à la prochaine élection présidentielle, prévue en novembre 2012.
Mais au ministère britannique de la Défense (MoD), l’on estime que Washington pourrait changer ses vues rapidement, et cela, pour plusieurs raisons. La première sera liée au rapport que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit rendre au sujet du programme nucléaire iranien. Et d’après quelques fuites publiées par la presse, il y aurait des preuves de sa vocation militaire.
Ensuite, l’effet du virus Stuxnet, qui a paralysé le fonctionnement des centrifugeuses servant à produire de l’uranium enrichi potentiellement utilisable pour des armes nucléaires, s’est estompé. Par ailleurs, ces équipements sont en passe d’être transférés de Natanz vers le complexe fortifié de Fordow, près de Qom. Ce sera donc plus compliqué de les détruire.
Autrement dit, l’Iran aura toute la latitude nécessaire pour mener à bien un programme nucléaire militaire en toute discrétion, ses installations pour le faire étant très bien protégée, d’autant plus que, selon des responsables britanniques cités par le quotidien, Téhéran fait preuve d’une étonnante capacité de résilience face aux sanctions décidées par la communauté internationale.
Enfin, dernier point, les agences de renseignement s’inquiètent de l’agressivité dont fait preuve l’Iran. Outre les menaces verbales dont on s’habitue, il est fait référence à des attentats, ou à des tentatives d’attentats, dont le récent et mystèrieux complot découvert aux Etats-Unis et visant à assassiner un diplomate saoudien à Washington.
Aussi, les choses pourraient s’accélérer d’ici au printemps prochain. D’où la planification par le MoD d’une action militaire, qui se ferait en soutien de l’armée américaine, qui, par ailleurs, étudie plusieurs options pour renforcer sa présence dans le Golfe persique.
Si une opération militaire doit avoir lieu, elle devrait essentiellement prendre la forme d’actions aériennes et navales. Ainsi, l’état-major britannique planche sur un déploiement de bâtiments de surface et de sous-marins équipés de missiles Tomahawk. La RAF serait également sollicitée pour ses capacités de ravitaillement en vol et de surveillance. Et il n’est pas question d’envoyer des troupes au sol, si ce n’est des forces spéciales.
La participation de Londres à une éventuelle opération militaire devrait être limitée. En fait, les responsables britanniques estiment que les Etats-Unis ont les moyens d’y aller seuls mais, pour des raisons diplomatiques, ils préféreront mettre sur pied une coalition. Mais pour le moment, et officiellement, il ne s’agit pas pour le Royaume-Uni de préparer une offensive sur l’Iran, mais de se tenir prêt si jamais il est appelé à y participer.
Un porte-parole du MoD a toutefois rappelé que la position de Londres au sujet du nucléaire iranien consiste toujours à accorder la priorité à une solution négociée. Mais « toutes les options doivent être sur la table » a-t-il souligné. « Le gouvernement britannique pense que la stratégie duale pression/engagement est la meilleure pour éviter un conflit militaire dans la région » a-t-il encore ajouté.